PARTAGE DE MIDI de Paul Claudel

« CLAUDEL: Partage de midi (Fiche de lecture) 1868-1955 Paul Claudel est né en 1868 dans un petit village de l'Aisne où il ne demeurera que deux années.

Une grandecomplicité le lie à sa sœur aînée Camille, qui deviendra un sculpteur célèbre.

Pour favoriser cette vocation, lafamille Claudel, dont le père est fonctionnaire, s'installe à Paris, et Paul poursuit ses études au lycée Louis-le-Grand, puis à la faculté de droit.

En marge de l'enseignement, qu'il juge étouffant et trop matérialiste, ildécouvre la poésie de Rimbaud, qu'il lit avec passion.

Mais rien ne satisfait en lui une soif d'absolu qui letourmente durant toute sa jeunesse, et que, seule, sa conversion à la foi catholique, à vingt-deux ans, le jourde Noël 1886 à Notre-Dame, va combler : «J'eus la révélation, en écoutant le Magnificat, d'un Dieu qui metendait les bras.» Cette conversion va orienter l'ensemble de son œuvre et de sa vie.

Mais cela ne va pas sans luttes intérieures; il vivra dix-neuf années d'interrogations et de conflits.

En 1890, il estreçu au concours des Affaires étrangères et publie sans nom d'auteur son premier drame, Tête d'or; il est présenté au poète Mallarmé, qu'il admire.

Il écrit en 1890 et 1891: La Ville et la première version de La jeune Fille Violaine. Mais il veut entrer dans les ordres ; or l'Église lui impose un délai de réflexion.

C'est alors qu'il part pour la Chine, oùl'attend son poste de diplomate.

Il voulait être un saint et va connaître le péché: sur le bateau, en 1900, ilrencontre une femme mariée, Rose Vetch ; leur liaison durera quatre ans ; elle le quittera, enceinte, en 1904, pourne pas le tenir éloigné de Dieu.

C'est cet épisode du «midi» de sa vie que Claudel évoque dans Partage de midi, en 1905, faisant revivre Rose sous les traits d'Ysé de Ciz. Il change alors de vie, se marie avec une autre femme, en 1906, et repart en Chine où il mène avec rigueur sa vieprofessionnelle; il conduit ainsi une carrière diplomatique prestigieuse et une immense oeuvre littéraire. Son œuvre théâtrale se développe de 1905 à 1929, en trois séries successives appelées par Claudel lui-même «sériede l'Arbre», «série du Fruit» et «série du Feu».

L'Arbre, ce sont les pièces de jeunesse que Claudel reprendra dansdes versions simplifiées, Tête d'or (1890), L'Échange (1894), La jeune fille Violaine (1893) qui, réécrite, deviendra en 1910 L'Annonce faite à Marie, et Le Repos du septième jour, en 1896.

Le Fruit, consacré «aux rapports de l'homme et de la femme, et à la génération de l'enfant», comprend les oeuvres de la maturité, Partage de midi (1905) et la trilogie historique : L'Otage (191 I), Le Pain dur (1918) et Le Père humilié (1920).

Quant au Feu, dont Claudel voulait qu'il soit son «bûcher funèbre», c'est le long drame Le Soulier de satin qui clôt son o euvre profane en 1920 ; Doria Prouhèze reprend le personnage d'Ysé, car le thème de la pièce est le renoncement amoureux par lequel Claudeltrouve enfin l'apaisement. En 1935, Claudel se retire dans sa propriété de Brangues, en Dauphiné, et se consacre à la rédaction d'articles et aucommentaire des textes sacrés.

il meurt en 1955, au milieu des siens.

Ce n'est qu'après sa mort que furent créées àla scène Tête d'or, La Ville et la version intégrale du Soulier de satin. « 'd 9 1 .

UN DRAME MYSTIQUE Pièce en trois actes composée en 1905, Partage de midi sera connue du public en 1948 seulement. Acte I.

Sur un paquebot voguant vers la Chine sont réunis quatre personnages: un couple désuni, Ysé et son mari de Ciz, l'aventurier Amalric, et Mesa (Claudel) qui a voulu être prêtre mais est mortifié par un refus des autoritéscatholiques.

Ysé voit en Mesa un homme fort, rempli de Dieu, éloigné des compromissions sociales, et capable de luiapporter le salut qu'elle désire en secret.

Elle tremble de s'apercevoir qu'il est faible, que c'est un homme comme lesautres. «Qu'y aura-t-il que je respecte Et que j'aime, si vous m'aimez ? Non, Mesa, il ne faut point m'aimer !» Acte II.

La scène se passe à Hong-Kong, au cimetière européen où Mesa a rendez-vous avec Ysé.

Il cède à son amour, exprimant sa défaite et sa joie dans un cantique de passion : «Ô je n'en puis plus, et c'en est trop, et il ne fallait pas que je te rencontre, et tu m'aimes donc, et tu es à moi et mon pauvre coeur cède et crève !» Ysé pressent sa souffrance et le malheur futur; l'homme exceptionnel est tombé, le drame intérieur débute.

Ysé lesait: «Je suis celle qui est interdite». Acte III.

Nous sommes au sud de la Chine, dans une maison de style colonial.

Après s'être donnée à Mesa, Ysé a. »