Paroles d'un croyant de LAMENNAIS
Publié le 06/04/2013
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« Ce qui m'a décidé à publier ce livre, c'est l'effroyable état de la France et de l'Europe. On me reprochera l'indignation avec laquelle je parle des rois, et leurs intentions que je dénonce, de se servir des ministres du christianisme pour soutenir leur pouvoir. Mais ce sont des faits évidents. Les dire était un devoir. « Lettre de Lamennais à l'archevêque de Paris qui le pressait d'arrêter la publication. Dédié « Au Peuple «, Paroles d'un croyant (1834) obtint un succès foudroyant auprès de toutes les catégories sociales ; on louait le livre à l'heure dans les cabinets de lecture parisiens et il fut bientôt traduit dans l'Europe entière. Trois mois plus tard, le pape Grégoire XVI , dans !'encyclique Singulari nos, condamne le livre « menu par la dimension, mais immense par la perversion «.
«
Lamennais meurt en
1854 sans avoir renoué
avec l'Église ;
il refusa
lassistance
d'un prêtre .
L'archevêque de Paris
demandera au ministre
de l 'Intérieur de
prendre des mesures
afin d'empêcher les
manifestations de
sympathie lors des
obsèques civiles de
Lamennais.
~ ------ - EXTRAITS
Aimez-vous les uns les autres jours en tutelle.
N'est-ce pas à ceux qui ont
des lumières de conduire ceux qui manquent
de lumières ?
Ainsi parlent une foule
d'hypocrites qui veulent faire les affaires du
peuple, afin de
s'engraisser de sa subs
tance ...
·----·-- ·-- ·--
~. ~
~I
Vous qui dites que vous aimez, et beaucoup
de vos frères manquent de pain pour soute
nir leur vie, de vêtements pour couvrir leurs
membres nus, d'un toit
pour s'abriter, d'une
poignée de paille pour dormir dessus, tan
dis que vous avez toutes choses en abon
dance.
Vous dites que vous aimez,
et il y a,
en grand nombre, des malades qui languis
sent,
privés de secours, sur leur pauvre
couche, des malheureux qui pleurent sans
que personne pleure avec eux, des petits en
fants qui
s'en vont, tout transis de froid, de
porte en porte demander aux riches une
miette de leur table,
et qui ne l'obtiennent
pas.
Vous dites que vous aimez vos frères ;
et que feriez-vous donc si vous les haïssiez ?
Et moi je vous le dis, quiconque, le pouvant,
ne soulage pas son frère qui souffre est l'en
nemi de son
frère; et quiconque le pouvant,
ne nourrit pas son frère qui a faim, est son
meurtrier.
Dieu ne vous a pas
faits pour être le trou
peau de quelques
autres hommes.
Il
vous a faits
pour vivre
librement en
société
comme des frères.
Or
un frère n'a rien à
commander à son
frère.
Les frères se
lient entre eux
par des
conventions mutuel
les,
et ces conven
tions, c'est la loi, et la
loi doit être respectée,
et tous doivent
s'unir
pour empêcher qu'on
ne la viole, parce
qu'elle est la sauve
garde de tous, la vo
lonté et l'intérêt de
tous.
Soyez hommes :
nul n'est assez puis
... .....
;;:;_____ _J
« Tout ce qui arrive
dans le monde a son
signe qui le précède.
,.
Apprenez la liberté Refusez
la servitude
Vous n'avez qu'un
père, qui est Dieu, et
qu'un maître, qui est
le Christ.
Quand
donc on vous dira de
ceux qui possèdent
sur la terre une
grande
puissance :
Voilà vos maîtres, ne
le croyez point.
S'ils
sont justes, ce sont
vos serviteurs; s'ils
ne le sont pas, ce
sont vos tyrans.
«Ga rdez soigneusement
en vos âmes la
justice
et la
charité ••• ,.
Le peuple est incapable d'entendre ses in
térêts ; on doit,
pour son bien, le tenir tou-
sant pour vous atteler au joug malgré
vous ; mais vous pouvez passer la tête dans
le collier si vous le voulez.
Il y a des ani
maux stupides qu'on enferme dans des
étables,
qu'on nourrit pour le travail, et
puis, lorsqu 'ils vieillissent, qu'on engraisse
pour manger leur chair.
Il y en a d'autres
qui vivent dans les champs en liberté,
qu'on
ne peut plier à la servitude, qui ne se lais
sent
point séduire par des caresses trom
peuses
ni vaincre par des menaces ou des
mauvais traitements .
Les hommes coura
geux ressemblent à ceux-ci ; les lâches sont
les premiers.
NOTES DE L'ÉDITEUR
« Lamennais, pour ceux qui l'ont le mieux
connu, reste une
énigme; on s'explique
difficilement
qu'une si haute et si puissante
intelligence, à côté de si vives lumières
et de si profondes pénétrations, ait eu de
telles éclipses, de tels aheurtements
presque
absurdes.
» Sainte-Beuve,
Mélanges de critique religieuse, 29 octobre
1860 dans Causeries du Lundi, Garnier
Frères .
«Le plus poignant livre d'amour peut être,
depuis l'Évangile, un des plus grands livres
de confiance en la bonté du Créateur, en sa
puissance, en ses châtiments terribles aussi,
car la face du monde doit être changée ;
toutes les vibrations
de la fibre humaine
accordées
à la voix de Dieu, toute la poésie
des deux Testaments exprimant en soixante
pages la poussée des siècles vers
l'âge
nouveau, l'anxiété d'un enfantement dont
les douleurs nous travaillent encore ; le
bronze de !'Écriture sainte coulé dans le
moule
d'une langue française sans bavures,
l Lam.menais par Paulin-Guérin, musée de Versailles I Roger-Viollet 2, 3, 4, S dessins de C.
Schwabe, éd.
Meunier, Paris, 1908 / rech.
Sipa Icono
voilà les Paroles d' un croyant.» Louis de
Villefosse, Lamennais ou l'occasion
manquée,
Jean Vigneau éditeur, 1945.
« Lamennais dénonce avec une violence
inouïe dans les
Paroles d'un croyant la
tyrannie des dernières monarchies absolues.
Il décrit le lien qui existe entre le
comportement des dirigeants politiques et
le système inventé par les patrons de
l'industrie naissante.
»Georges Hourdin,
Lamennais, Perrin, 1982.
LAMENNAIS 02.
»
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