Paludes d'André Gide

Paludes

Livre étrange et fascinant, revendiqué aujourd’hui par Nathalie Sarraute, Alain Robbe-Grillet, Roland Bar-thes... comme précurseur de la modernité littéraire, Paludes, « cette satire de quoi?... » (dédicace), ne se résume pas. A travers l’histoire — tour à tour mélancolique et drôle — du triste héros qui écrit (ou plutôt n’écrit guère) Paludes, « l’histoire d’un homme qui, possédant le champ de Tityre, ne s’efforce pas d’en sortir, mais au contraire s’en contente », puis Polders..., le livre fait bien la satire des littérateurs symbolistes stériles et vainement agités, des cénacles parisiens (le salon d’Angèle), de la vie d’ici (la « vraie vie » étant ailleurs). Mais Gide y fait aussi la satire de soi-même, de ce qu’il a été, de ce qu’il est encore et dont il veut se purifier. Satire ambiguë, où un étrange humour incarne dans des fantoches des attitudes, des pensées incontestablement positives aux yeux de l’auteur : ainsi le discours du « grand Valentin Knox », son apologie de la maladie et son refus exaspéré de l’« homme normal »; ainsi l’esquisse, par Alexandre le philosophe, de l'acte gratuit...