ORIGINES DU TOTALITARISME (LES), Hannah Arendt - résumé de l'oeuvre

ORIGINES DU TOTALITARISME (LES),

Hannah Arendt, 1906-1975.

Il est faux de penser «que c’est par accident que l’idéologie nazie s’est cristallisée autour de l’antisémitisme». Aussi, pour Arendt, tenter de comprendre l’horreur qu’a été l’organisation de la «solution finale», c’est en premier lieu s’interroger sur les liens entre l’idéologie nazie et l’origine de l’antisémitisme. Pour autant, il ne s’agit pas de croire que le totalitarisme se fonde sur le racisme ou l’antisémitisme : «La seule conséquence directe et sans mélange des mouvements antisémites du xixe siècle n’est pas le nazisme mais le sionisme.» En revanche, il est possible de déceler au sein des premières manifestations antisémites les raisons politiques qui, cinquante ans plus tard, entraîneront la prise de pouvoir d’Hitler. En effet, par une minutieuse analyse de la place des juifs dans l’histoire moderne, Arendt établit quatre phases de développement des relations entre l’ordre politique et les juifs, phases qui conduisent finalement au rejet antisémite.

Si, aux xviie et xvme siècles, les «Juifs de Cour» sont influents auprès de la monarchie, grâce à leurs apports financiers, les

«Etats-Nations» qui surgissent après la Révolution française ont encore plus besoin de capitaux; en échange de leurs prêts, on étend les droits des juifs. Pourtant à la fin du xixe siècle, avec la naissance de l’impérialisme, il est demandé aux financiers de s’impliquer politiquement; les juifs, qui ne participent pas aux colonisations, voient leur influence décroître. Enfin, au xxe siècle, tant la communauté juive que l’État-Nation se désintègrent et les juifs deviennent objets de haine. Mais il faut, là encore, se méfier des préjugés: ce n’est pas la société qui écarte progressivement les juifs ; eux-mêmes, dès la fin du xvie siècle, se détachent des groupes sociaux et refusent l’intégration au nom d’une élection supérieure (et mythique) du peuple juif.