On ne badine pas avec l’amour d'Alfred de Musset
Publié le 23/10/2018
Extrait du document
Comédie en trois actes publiée en 1834 dans la Revue des Deux Mondes, puis créée le 18 novembre 1861.
LIEU DE L’ACTION
Un village de campagne en France, avec le château du seigneur.
ÉPOQUE DE L'ACTION
Époque monarchique non précisée, sans doute contemporaine de l'auteur.
PERSONNAGES PRINCIPAUX
Perdican ; Camille, orpheline de dix-huit ans, sa cousine ; Rosette, sœur de lait de Camille ; le baron, père de Perdican et oncle de Camille.
RÉSUMÉ DE L’ACTION
• Acte I : après ses études, Perdican rentre au château de son père avec son précepteur Blazius. Camille, élevée au couvent, arrive avec dame Pluche. Le baron envisage de les marier. Mais Camille refuse d'embrasser son cousin et repousse ses avances (sc. 3). Déçu, Perdican courtise Rosette (sc. 5).
• Acte II : Camille veut rentrer dès le lendemain à son couvent. Perdican lui dit adieu (sc. 1) et va retrouver Rosette. Camille lui fixe un rendez-vous. Elle exprime sa crainte des hommes infidèles et de l'amour, en racontant les mésaventures de Louise, sa compagne de cellule ; elle fait l'éloge de la vie religieuse. Perdican dénonce les mensonges des nonnes (sc. 5).
• Acte III : Perdican intercepte une lettre de Camille à Louise où elle se vante de l’avoir désespéré. Pour se venger (sc. 2), il lui donne rendez-vous près d’une fontaine où il déclare son amour à Rosette. Sachant que Camille les voit, il jette la bague qu'elle lui avait donnée (sc. 3). Camille apprend que Perdican a lu sa lettre et comprend qu’il a agi par dépit. Elle explique à Rosette qu’il se moque d'elle. Pour la convaincre, elle la cache et fait venir Perdican, à qui elle rend la bague. Perdican lui déclare son amour. Camille montre Rosette évanouie (sc. 6), conseillant à Perdican de l'épouser. Perdican la prend au mot et sort avec Rosette. Camille admet enfin qu’elle l’aime. Dans un oratoire, ils s’avouent leur amour. Un cri retentit : Rosette, les ayant entendu, est morte. « Adieu Perdican » dit Camille (sc. 8). Passages-clés : le premier rendez-vous entre Camille et Perdican (II, 5), la bague (III, 3), un jeu cruel (III, 6), le dénouement (III, 8).
«
je me suis trompé quelquefOis, mais j'ai aimé.
• (Il, 5).
li s'exprime dans un sty le lyriq ue te inté d'amertume.
• Le jeu est le thème moteur.
Dans l'in certitu de des passions et l'orgueil des
êtres, le jeu, érotique, sert à clarifier les sentiments.
Il se double de cruauté,
cruauté des amoureux, cruauté envers Rosette, traitée en instr ument.
Il est propice à la variété des tons et à l'affrontemen t verba l.
• Le couven t, refuge pou r Camille contre l'in fidélité des hommes, est pour
Perd ican un lie u de mensonges.
Ce thème leur per met donc de s 'affronter,
de conf ronte r leur vision de l'amour, tout en se déclarant le ur flamme.
STYLE
• La variété des tons
- lyr isme
et rhétor ique : Ô mon enfant ! sais - tu les rêves de ces femmes qui te
disent de ne pas rêver ? sais-tu quels noms elles munnurent quand les sang lots qui sortent de leurs lèvres font trembler l'hostie qu'on leur présente ? (II, 5)
- une alternance de scènes graves et grotesques : II, 1 ; II, 2 ; Il, 3 ; Il, 4
-un comique né de l'absu rde: Quelle raison pouvait avoir dame Pluche pour frois- ser un papier plié en quatre en faisant des soubresauts dans une luzerne ? (II, 4)
• !.!affron tement verbal
-un langage à doub le sens : tu m'aimeras mieux, tout docteur que je suis et toute paysanne que tu es, que ces pâles statues fabriquées par les nonnes, qui ont la tête à la place du cœur, et qui sortent des cloîtres pour venir répandre dans la vie l'at mosphère humide de leurs cellules .
(Ill, 4)
-le contraste : PERDI CAN.
Ô Rosette, Rosette! sais -tu ce que c'est que l'amour ? ROSETTE .
Hélas 1 monsieur le docteur, je vous aimerai comme je pourrai .
(III, 4)
-un langage émotif : Tu as retiré cette bague de reau, Camille, au risque de te précipiter ? Est -ce un songe ? La voilà; c'est toi qui me la mets au doigt 1 (III, 6)
SOURCES ET INSPIRATION
Des éléments autobiographiques .
Sa liaison avec Geor ge Sand (1833-
1835) donne à Musset une expérience de la passion et de la jalousie.
ACCUEIL ET INFLUENCE
Réservée à la lectu re, la pièce n'est jouée qu'après la mort de Musset,
expurgée de ses passages antireligieux les plus ha rd is ; c'est un succès.
POINT DE VUE SUR L' ŒUVRE
• Au deme uran t, la pièce est sombre, par la mort de l'innocente Rosette,
mais surtout par l'angoisse morale dans laquelle vivent Camille et
Perdican, par le mal qu'ils
se font, elle ressemble fort à un drame [ ...
].
Pourtant il [Musset ] a voulu l'égayer , et, très adroitement, il a mêlé aux
personnages pathétiques une série de personnages franchement bouf
fons.
,, G .
Lanson, Histoire de la littérature française, Hachette, 1932..
»
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