On ne badine pas avec l'amour
Publié le 30/03/2013
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A la suite de sa rupture temporaire avec George Sand à Venise, Alfred de Musset écrit en 1834 On ne badine pas avec l'amour. Après l'échec de La Nuit vénitienne en 1830, il écrit pour la lecture et non pour la scène. Son théâtre connut deux publications successives (1840 et 1854), sous le titre de Comédies et Proverbes. La première représentation d'On ne badine pas avec l'amour eut lieu le 18 novembre 1861 à la Comédie-Française...

«
EXTRAITS
Camille interroge Perdican sur sa
conception de
l'amour et des femmes
CAMILLE.- Depuis près de dix ans que nous
avons vécu éloignés
l'un de l'autre, vous
avez cQmmencé l'expérience de la vie.
Je
sais quel homme vous êtes, et vous devez
avoir beaucoup appris
en peu de temps avec
un
cœur et un esprit .
comme les vôtres.
Dites-moi, avez-vous
eu des maîtresses ?
PERDICAN.
- Pourquoi cela ?
CAMILLE.
- Répondez-moi, je vous en prie,
sans modestie et sans fatuité.
PERDICAN.
- J'en ai eu.
CAMILLE.
- Les avez-vous aimées ?
PERDICAN.
- De tout mon cœur.
CAMILLE.
- Où sont-elles maintenant ? Le
savez-vous ?
PERDICAN.
- Voilà, en vérité, des questions
singulières.
Que voulez-vous que
je vous
dise ?
le· ne suis ni
leur mari ni leur
r-\~,~.-• frère; elles sont allées
« -Me dem an de -t-il un r e ndez- vous pour y
venir ca u ser avec une
a utr e?,.
où bon leur a semblé.
CAMILLE.
- Il doit né
cessairement y en
avoir une que vous
ayez préférée aux
autres .
Combien de
temps avez-vous aimé
celle que vous avez
aimée le mieux ?
PERDICAN.
- Tu es
une drôle de fille
!
Veux-tu te faire mon
confesseur ?
Acte II, scène 5
Rosette est cachée ; Camille fait avouer
son
amour à Perdican
PERDICAN.
- Tu as retiré cette bague de
l'eau,
Camille, au risque de te précipiter ?
Est-ce un songe ?
La voilà ; c'est toi qui me
la mets au doigt! Ah ! Camille, pourquoi me
le rends-tu, ce triste gage d'un bonheur qui
n'est plus ?( ...
) Pourquoi, d'une heure à
l'autre, changes-tu d'apparence et de cou
leur, comme la pierre de cette bague à
chaque rayon de soleil ?
CAMILLE.
- Connaissez-vous le cœur des
femmes, Perdican ? Etes-vous sûr de leur in
constance, et savez-vous si elles changent
réellement de pensée
en changeant
quelque
fois de langage ?
PERDICAN .
- Je n'en
tends rien à tout cela,
et
je ne mens jamais.
Je t'aime, Camille,
voilà tout ce que
je
sais.
CAMILLE.
- Vous dites
que vous m'aimez, et
vous ne mentez
ja
mais?
PERDICAN.
- Jamais.
CAMILLE.
- En voilà
une qui dit pourtant
que cela vous arrive
quelquefois.
(Elle lève la tapisserie;
Rosette paraît dans le
fond, évanouie sur une
chaise.) Que répon
drez-vous à cette enfant, Perdican,
lorsqu'elle vous demandera compte de vos
paroles? Si vous ne mentez jamais, d'où
vient donc qu'elle s'est évanouie en vous en
tendant me dire que vous m'aimez ? Je vous
laisse avec elle ; tâchez de
la faire revenir.
Acte III, scène 6
« Chère créature,
tu es à moi!,.
NO TES DE L'ÉDITEUR
A l'origine, le proverbe était un
divertissement, une improvisation pour
illustrer un dicton.
Au
XIXe siècle, il
devient le sous-titre
d'une pièce où les
personnages sont en général poussés
jusqu'à la caricature.Musse . ta retenu
quelques caractères du proverbe traditionnel
(l'abbé,
la femme mondaine et frivole) ainsi
que l'élégance du ton pour traiter de sujets
moraux ou philosophiques.
différents;
néanmoins, l'unité de lieu est
respectée.
En effet, ce lieu se multiplie
d'une scène à l'autre, mais il demeure le
même : une pièce du château, le chemin, la
grille du parc, le jardin, le bois, la renouvelle
son intérêt pour l'action
principale qui, pendant les scènes comiques, n'a cessé de progresser.
Dans la pièce, il
y a quinze décors fontaine
...
Tous ces endroits proches les uns
des autres sont parties intégrantes
d'un
même lieu : le château où Camille et
Perdican ont joué autrefois.
La présence des personnages fantoches
s'explique par le désir de Musset de
ménager des pauses dans l'atmosphère
dramatique : le spectateur rit, se détend,
1 Sipa- lcono 2, 3, 4, 5 grav.
de Gaston La Touche/ Imprimerie Nationale, Paris, 1913 /B.
N.
« Après l'aventure de Venise, où lui et Sand
avaient fait
fi des convenances et de la
société, il se rend compte que l'ennemi de
l'amour n'est pas en dehors mais en lui
même: incompréhension née de l'orgueil et
de l'égoïsme, mensonge et coquetterie,
trahison.
» Pierre Gastinel, Le Romantisme
d'Alfred
de Musset, 1933.
MUSSET03.
»
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