OEUVRES de Vincent Voiture (résumé)
Publié le 16/11/2018
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OEUVRES
Vincent Voiture. Correspondance, Poésie, posthume, 1650.
L’œuvre de Vincent Voiture (1597-1648) est, peut-être plus que nulle autre, indissociable des circonstances et du milieu qui présidèrent à sa composition. Principal animateur du cercle précieux de l’Hôtel de Rambouillet à partir de 1625, il cultive les petits genres: ses énigmes, bouts-rimés, épigrammes et madrigaux alimentaient les divertissements mondains. Ses lettres, qui passèrent pour des modèles d’élégance, supplantèrent celles de Guez de Balzac, dont elles n’imitèrent ni l’éloquence ni la noblesse des sujets traités: Voiture se fait le chroniqueur des petits événements de la vie de ses protecteurs,
«
Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)VOITURE: Sa vie.
Le familier des grands.
Il est d'usage de rapprocher Balzac de Voiture : c'est un rapprochement par contraste.
Tandis que Balzac se confine dans la monotoniede son existence solitaire et d-e ses procédés oratoires, Voiture, alerte et sémillant, vit à Paris, au milieu de la société élégante dont ilfait les délices, et n'a d'autre prétention que d'être le plus agréable diseur de riens.
Au plaisir de la vie mondaine et aux satisfactionsd'une gloire de salon il a tout sacrifié, jusqu'aux qualités sérieuses qui étaient en lui, et jusqu'à la réputation plus solide et de meilleuraloi, où il aurait pu prétendre.
Vincent Voiture est né eh 1598, à Amiens, d'un père marchand de vins.
On prétend, sans preuves, qu'il rougit plus tard de son origine :en agissant ainsi, Voiture aurait méconnu son plus réel titre de gloire, qui est d'avoir su, par le seul mérite de son esprit, suppléer à lanaissance et à la fortune et s'introduire auprès des grands : il a fait à la valeur intellectuelle sa place dans la haute société.
Plus tard,les écrivains, maîtres de l'opinion, exerceront une sorte de royauté littéraire : Voiture en a rendu l'avènement possible.
Seulement, il ne faut pas se méprendre sur le rôle que joue Voiture dans la société de son temps.
Il fonde la dignité de l'homme delettres : c'est dire que cette dignité en est à ses débuts, et qu'il lui arrivera de se compromettre en plus d'une aventure fâcheuse.
QueVoiture ait ou n'ait pas été berné, parce qu'un jour il n'avait pas su amuser Mlle de Bourbon, il reste toujours que Voiture faisaitpersonnage d'amuseur.
C'est à ce titre qu'on l'accueillait : « Savez-vous, disait un des hôtes de Mme de Rambouillet, que ce Voiture abien de l'esprit ?— Mais, monsieur, pensiez-vous que c'était pour sa noblesse ou pour sa belle taille qu'on le recevait partout ? » Onl'invitait pour qu'il eût de l'esprit devant le monde.
Si l'on veut y regarder de près, on verra qu'il entre beaucoup de dédain dansl'estime qu'on fait de lui.
On a pour lui des indulgences qui sont insultantes.
« Si Voiture était de notre condition, disait M.
le prince, iln'y aurait pas moyen de le souffrir.
» Voiture se venge en usant à l'excès de ces libertés qu'on lui passe.
On cite de lui toutes sortesd'impertinences.
« Et ma foi, ajoute Tallemant qui nous les rapporte, c'est le vrai moyen de se faire estimer des grands seigneurs quede les traiter ainsi.
» Toujours est-il qu'il faut marquer avec précision cette nuance : on ne traite pas Voiture ni l'homme de lettres enégal.
Ce n'est pas encore l'amitié, ce n'est que la familiarité.
Voiture vint à Paris fort jeune : des vers qu'il adressa à Gaston d'Orléans lui valurent une charge de contrôleur chez ce prince.
Sesrapports avec Gaston tiennent une grande place dans sa vie : il suit son maître dans ses aventures et lui rend d'importants services.Gaston s'étant révolté en 1632, Voiture traverse la France en partisan ; il passe à l'étranger et reste un an à Madrid chargé d'unemission auprès du comte d'Olivarès.
Il y a en Voiture un diplomate et un bon intendant, et il faut regretter qu'on ne nous ait conservéque ses lettres frivoles, et point sa correspondance sérieuse.
De Madrid Voilure passe à Londres, à Bruxelles.
En 11634 seulement, ilrentre en France.
Vers 1635, il fait sa paix avec Richelieu.
C'est alors qu'il écrit sa Lettre sur la prise de Corbie, si différente de toutesles autres lettres du recueil.
Il y fait preuve de raison, de sagesse, de clairvoyance.
Au cœur des événements, alors que la politique deRichelieu n'avait pas encore porté tous ses fruits, il la juge avec un coup d'œil d'une sûreté parfaite.
Voiture mourut (1648) alors que la société de l'hôtel de Rambouillet commençait à se disperser.
On a dit que ç'avait été son plus grandtrait d'esprit de mourir à temps.
C'est à l'hôtel de Rambouillet qu'il faut chercher Voiture : il en est l'hôte assidu.
Il est la plus exacte expression de cette société :il a créé le ton et le genre qui lui convenaient.
Les lettres qu'on trouve dans l'Astrée sont d'une langue et d'un style qu'on croirait déjàde Voiture.
Mais, il y a une différence capitale : Voiture, et c'est son charme, ne prend pas au sérieux ce qu'il écrit.
Il plaisante, et saplaisanterie est élégante.
Il pratique l'ironie, et cette ironie n'est pas méchante : elle a le sourire.
Dans cette fameuse lettre de la Berne, quelle est la part de la réalité ? Où commence l'invention ? Cet art de mêler la fiction et lavérité, c'est justement ce qu'on appelle la fantaisie.
Or, la fantaisie chez Voiture est toujours éveillée, prête à profiter de tous lesincidents et à exécuter sur n'importe quel thème d'ingénieuses variations.
C'est une fête dont il nous donne le récit en y ajoutant toutessortes d'épigrammes et de sous-entendus.
C'est une rencontre de brigands qui lui fournit matière à un tableau plaisamment sombre.
Ilenvoie à Mme de Rambouillet un recueil de Callot, et il le fait précéder d'une lettre sous le nom de ce graveur.
Au duc d'Enghien, aprèsle passage du Rhin, il écrit la lettre de la Carpe à son compère le Brochet.
Aussi, est-ce se placer à un point de vue très défavorable pour juger Voiture, que de lui demander compte de la valeur absolue dechacune de ses lettres.
Ces lettres n'étaient pas faites pour être lues isolément.
Elles ne servent souvent qu'à accompagner undivertissement inventé par Voiture ; le divertissement est le principal, et la lettre n'est que l'accessoire.
Un jour, des hommes déguisésen Suédois remettent à Julie, grande admiratrice de Gustave-Adolphe, une lettre signée de ce prince.
La lettre était de Voiture : ledéguisement était aussi de lui.
Voilà ce qui amusait, et voilà aussi pourquoi nous ne retrouvons pas dans ces lettres l'agrément qui nepouvait exister que pour les contemporains.
Ils admiraient l'homme du monde à l'imagination fertile et divertissante ; nous jugeonsl'écrivain et son esprit.
Or l'esprit, tel qu'il se dépense au jour le jour dans la vie mondaine, cesse bien vite de nous devenir perceptible.
Voiture n'avait pas publié une seule ligne de son vivant.
Il disait : « Vous verrez qu'on aura la sottise de publier mes œuvres.
» Sonneveu, Martin Pinchêne, fit la sottise, en 1649.
Mais Voiture est un homme heureux.
Même après sa mort, sa réputation lui survit :Boileau le mettra encore à côté d'Horace.
Gardons-nous donc de contester le mérite de ses écrits, parce que nous ne sommes plus enétat de le goûter : c'était encore faire accomplir un progrès à la prose que de lui enseigner l'urbanité, le tour galant et ingénieux..
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