ODES (les) de Pierre de Ronsard (analyse et critique)

ODES (les). Recueil poétique de Pierre de Ronsard (1524-1585), publié sous le titre de Quatre Premiers Livres des Odes de Pierre de Ronsard vandomois à Paris chez Guillaume Cavellat en 1550. Deux ans plus tard, un Cinquiesme Livre fut accolé à la première édition des Amours, publié à Paris chez la Veuve Maurice de La Porte. En 1560, la première édition collective des Œuvres du poète (à Paris chez Gabriel Buon) opéra un reclassement : le premier volume fut consacré aux Amours, et le second rassembla les cinq livres des Odes. L'\"Ode de la Paix\", d'abord publiée en plaquette séparée en 1550, devint la pièce liminaire du livre I.

Le bruyant avis Au lecteur de 1550, supprimé par la suite, proclame d'emblée les visées conquérantes de l'auteur : plutôt que de suivre les « poëtastres » et les « rimeurs », il entend « galoper librement » et « tracer un sentier inconnu pour aller à l'immortalité ». Condamnant la vogue du « petit sonnet pétrarquizé » et de la « mignardise d'amour », Ronsard se place dans le sillage des odes pindariques, assignant à la poésie une tâche de glorification : « C'est le vrai but d'un poète

Aucune évaluation critique des Odes ne peut faire l'économie d'une réflexion sur l'événement considérable de leur publication. Car l'événement, en l'occurrence, n'appartient pas seulement à l'extériorité de l'œuvre : il est inscrit dans sa trame, selon une perspective auto-glorificatrice qui met en scène et radicalise l'effet de rupture créé par le recueil. Ronsard ne recule pas à cet égard devant les affabulations autobiographiques - « Des mon enfance, / Le premier de France / J'ai pindarizé » (II, ii) - et n'hésite pas, suivant l'exemple de Du Bellay, à frapper d'excommunication plusieurs décennies de lyrisme national : « Ne voiant en nos Poètes françois chose qui fust suffisante d'imiter, j'allai voir les étrangers » (Au lecteur). Enthousiasme aveuglément candide ou sens retors de la publicité ?