ODES FUNAMBULESQUES, Théodore de Banville (résumé)
Publié le 15/11/2018
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ODES FUNAMBULESQUES Théodore de Banville. Poèmes, 1857.
Prenant appui sur le genre de l’ode, dont Sainte-Beuve avait montré tout le parti qu’en avaient tiré les poètes de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance, et s’inspirant des grandes modèles de la Pléiade, le poète fait dans ce recueil une démonstration de virtuosité verbale, où s’assouplissent les structures traditionnelles du vers français. Mais ce n’est pas seulement à ces prouesses techniques que le recueil doit son titre : l’œuvre tout entière constitue en effet une sorte de portrait du poète en funambule ; celui-ci devient le symbole
«
de
l'évasion hors du quotidie n banal,
de l'aspiration vers un idéal de beauté
et de pureté.
Emblème d'une poésie
ludique.
qui se déleste de tous les ori
peaux du sentimentalisme roman
tique.
le clown banvillien fait de la jon
glerie verbale un art de vivre, et de son
esthétique une morale.
• Le plus célèbre des recueils de Ban
ville (1823-1891) n'est sans doute pas le
plus intéressant d'une œuvre beaucoup
plus consistante et diverse qu'on ne le
croit généralement: on peut préférer
l'authenticité des Exilés U867J.
où la sen
sibilité du poète se révèle dans sa véri
table profondeur.
• Quoi qu'il en soit, c'est avec ce recueil
que Banville, après Les Cariatkies < 1842),
poèmes encore empreints d'une certaine
gaucherie, et Les Stalactites (1846),
acquiert la place qui est la sienne dans
l'histoire de la poésie française: celle de
fondateur, avec Théophile Gautier et
Leconte de Usle, de la poésie parnas
sienne.
Ces odes sont en effet une des
plus claires illustrations de la réaction
formaliste engagée par ces poètes contre
la poésie romantique: nulle part la
recherche de la prouesse technique ne
sera menée aussi loin que dans ce
recueil, qui rappelle les •fatrasies•
savantes des rhétoriqueurs médiévaux
et annonce par certains côtés les jeux
langagiers de l'OuLiPo.
• Le pivot de l'art de Banville est la rime,
autour de laquelle le poème semble
construit tout entier, ce qui ne va pas
toujours sans quelque gratuité.
Mais le
mérite de Banville est précisément
d'avoir fait de cette contrainte poussée
jusqu'aux limites de l'absurdité une
forme de perfection héroïque, dont le
personnage de Gringoire, dans la pièce
du même nom ( 1866).
est le porte-parole.
• Après Baudelaire.
qui admirait en
Banville •la certitude dans l'expression
lyrique •.
Verlaine et Mallarmé continue
ront à faire figurer Banville parmi les
grands maîtres de l'expression poétique,
et puiseront dans son œuvre des idées ou
des thèmes; toute une génération de
poètes, entra la tin du XIX' siècle et le
début du XX", d'Henri de Régnier à
Edmond Rostand, continueront à se
réclamer de l'esthétique définie par Ban
ville, et feront leur apprentissage poé
tique dans son Petit Traité de poésie fran
çaise (1872), véritable art poétique de
l'école parnassienne, dont les analyses et
les réflexions sur le vers français ont une
valeur toujours actuelle.
ÉomON• BanviUe.
Odes llmambulesques, dans
(Eu.vres complètes, Slatkine, 5 vol., 1972.
É"NI)E • Jean Charpentier, Théodore de Barwtlw,
l'homme et son œuvre, Perrin, 1925..
»
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