NOUVELLES PIÈCES NOIRES. Jean Anouilh (Résumé et analyse)

NOUVELLES PIÈCES NOIRES. C’est sous ce titre générique que le dramaturge français Jean Anouilh (né en 1910) a regroupé, en 1946, quatre de ses pièces. Jezabel fut écrite en 1932. Il s’agit donc de l’une des toutes premières pièces de l’auteur, la troisième très exactement. Comme dans l'Hermine (voir Pièces noires), comme dans la Sauvage (voir Pièces noires), c’est le pauvre qui est le personnage essentiel du drame. Comme Frantz, qui ne peut épouser la riche héritière, tue la tante de celle-ci, Marc, le héros de Jezabel, refuse la jeune fille qu’il aime pour partager le sort de sa mère Jezabel. Notons cependant la progression qui mène l’auteur de l’Hermine à la Sauvage. C’est le pur déterminisme qui guidait Frantz vers son acte criminel. C’est encore le déterminisme qui conduit Marc : déterminisme de l’influence maternelle et de l’hérédité sexuelle; mais déjà il possède quelque chose de la lucidité de la Thérèse de la Sauvage, une sorte de prise de conscience. Cette pièce ne fut jamais représentée. Sans doute ne signifiait-elle pour son auteur qu’un premier échelon, une sorte d’esquisse que l’achèvement de la Sauvage rendit caduque. Ceci explique aussi sans doute pourquoi cette pièce ne figure pas dans le premier volume des Pièces noires, publié en 1942.

Antigone, écrite en 1942, fut créée en 1944 par André Barsacq. Rien de plus simple en son intense sobriété, que cette tragédie courant implacablement à son terme, étroitement menée par le Destin. Les deux fils d’Œdipe, Étéocle et Polynice, se sont entre-tués sous les murs de Thèbes. Le roi Créon a ordonné des funérailles somptueuses pour Étéocle, défenseur de la ville, refusant une sépulture au traître Polynice. Qui osera lui rendre les devoirs funèbres sera puni de mort. Et voilà. Le ressort est bandé. La mort, la trahison, le désespoir sont là, tout prêts, et les éclats, et les orages et les silences. Antigone, passant outre les ordres de Créon, rendra ses derniers devoirs à son frère mort. Créon