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Note de lecture : Norbert Elias, La civilisation des Moeurs

Publié le 18/08/2012

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Malgré tout Elias, en citant Erasme, montre que ces règles ont connu des changements au cours du temps. « Des choses autrefois en usage sont maintenant abandonnées «  Pour lui, « le code social ne se fixe que modérément dans les habitudes permanentes des hommes « et les bouleversements sociaux entraînent des changements.  Ainsi « des choses naguère permises sont aujourd’hui interdites « . Les règles, ustensiles se modifient, selon Elias, au cours des siècles, en fonction des modes et évolution de la société. De plus, aujourd’hui encore les différentes classes sociales continuent de s’observer entre elles et cherchent sans cesse à se différencier ( classe dominante) ou à se civiliser ( classe inférieure). Les règles de conduites sont en perpétuel changement, face à la volonté des classes dominantes de se différencier du reste de la société, et au désir des populations inférieures d’intégrer leurs valeurs dans leur habitus pour se civiliser à la manière de la haute société, représentant un modèle.        Ainsi la civilisation est un processus. Elias nous montre que ce sont les classes dominantes, qui en se dotant de nouvelles règles pour se différencier de la société, va les qualifier de civilisées, et va les diffuser dans les classes inférieures qui vont, à leur tour, se civiliser.  Les comportements de table nous renseignent beaucoup sur les pratiques, jugées civilisées, de la Renaissance, et ont une grande importance.

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« définition de civilisation en France Elias cherche tout d'abord à définir le concept de civilisation en France.

Mirabeau est le premier à utiliser le terme de civilisation et selon lui, la plupart des individusdéfinit ce concept par « la civilisation d'un peuple est l'adoucissement de ses mœurs, l'urbanité, la politesse ».D'après Kant et Mirabeau, la notion de civilisation est liée aux caractéristiques spécifiques de la couche dominante, c'est à dire à cette époque à la bourgeoisie et àl'aristocratie, représentantes de la société de cour.On entend ainsi par homme civilisé, un idéal de la société de cour, appelé « honnête homme ».

Civilisé est comparé à cultivé, poli, aimable ,…, notions utilisées parla noblesse pour se différencier du reste de la société et affirmer leur supériorité. Elias explique ainsi aux lecteurs, que c'est au Moyen-âge, autour du 14éme siècle, que la couche supérieure, dominante, qu'est la société de cour, va se doter d'unlangage spécifique, de gestes spécifiques, comportements, pratiques, …, pour « bien marquer ce qui, pour leur sensibilité, les distingue des autres ».

Ils ont pourobjectif de marquer une distinction entre la haute société et la basse société et d'établir des pratiques spécifiques leur permettant de se reconnaître entre eux.Elias s'appuie sur le texte De institutione novitarium de Hugo Saint-Victor et The Boke of Nurture de John Russel, et donne des exemples de règles de conduites dela société de cour : « Deux hommes de noble extraction ne doivent se servir de la même cuillère »« Se racler la gorge en se mettant à table ou se moucher dans la nappe sont choses peu convenables.

»« Qui fait du bruit avec la bouche risque fort de passer pour un mal élevé »….La cour va également se mettre à utiliser de nouveaux ustensiles de luxe en or pour montrer leur richesses et domination.

La fourchette va apparaître et les bourgeoiset aristocrates vont commencer à utiliser un couteau.

Se considérant supérieurs au reste de la société, ils vont considérer ces habitudes comme de bonnes habitudes. Processus de civilisation En France, Elias nous informe que le processus de civilisation s'est fait par l'élite sociale.

La société de cour va se doter de pratiques qui vont peu à peu se diffuserdans les classes inférieures qui vont imiter ces comportements et les instaurer dans leurs habitus ( Bourdieu définit l'habitus comme un « système de dispositionsdurables et transposables, structures structurées disposées à fonctionner comme structures structurantes, c'est-à-dire en tant que principes générateurs et organisateursde pratiques et de représentations qui peuvent être objectivement adaptées à leur but sans supposer la visée consciente de fins et la maîtrise expresse des opérationsnécessaires pour les atteindre»).

L'auteur va s'appuyer sur le texte De civilitate morum puerilium d'Erasme de Rotterdam. Au Moyen-âge, l'aristocratie va ainsi mettre en place des règles de langage, de comportements la caractérisant, et les considérer comme convenables.

Ses pratiquesétaient définies par « courtoisie » et « se réfèrent sans exception au savoir vivre pratiqué à la cour ».Mais ce sont les bourgeois qui vont permettre la civilisation de la société.

Etant proche de l'aristocratie, et intervenant souvent à la cour, cette bourgeoisie va enadopter les règles et les diffuser à l'ensemble de la société.Selon Norbert Elias c'est dans le courant du 14ème -15ème siècle que les bourgeois vont avoir une influence sur les comportements en société.Dans le courant du 16ème siècle, la classe dominante va de moins en moins parler de courtoisie, mais de civilité, pour caractériser ses pratiques.

Plus tard, on parlerade civilisation.Elias nous explique qu Erasme, humaniste et philosophe, va s'intéresser à la société de son époque et va observer les différentes classes de cette société.

Il va critiquerles mœurs « paysannes » comme vulgaires et va dénoncer le caractère exagéré des pratiques aristocratiques.

Beaucoup de penseurs, bourgeois, vont observer lesclasses supérieures et inférieures et émettre des livres de convenances.

Leurs observations vont être facilitées par leurs positions, proches de l'aristocratie.

Face à cesécrits, les individus vont commencer à s'observer eux-mêmes et à observer les autres.

Les mœurs de la société médiévale vont alors peu à peu changer.

Les classesinférieures vont chercher à reprendre et à imiter la bourgeoisie, alors que la société de cour va chercher à s'en distinguer .

La couche dirigeante ( la bourgeoisie) vaexercer « une pression considérable sur ses membres et les soumet à un contrôle social continu » : elle va tenter d'obliger les classes inférieures à adopter de nouveauxcomportements et vont ainsi émettre une pression sur les classes inférieures face à leurs pouvoir et connaissances.

Peu à peu, le reste de la société va se doter desmêmes pratiques, même langage que la société de cour.

Un code de savoir-vivre va se mettre en place, et chacun va attendre des autres qu'ils respectent les règles debonne conduite.

Erasme indique que celles-ci sont basées sur la politesse : « C'est à cette vertu qu'on reconnaît surtout la civilitas, la politesse.

».

Dans Galeteo,Erasme met en avant la pression que les Hommes exercent les uns sur les autres pour maintenir cette civilité et favoriser une instauration durable. C'est cette instauration durable qui va permettre aux règles de bonne conduite de s'inscrire dans les habitus des individus et devenir partie intégrante de leurs mœurs.Elias appelle cette transformation de la société, processus de transition, ou curialisation « processus de curialisation »: les couches inférieures vont adopter les mêmesmanières que les couches supérieures et devenir civilisées.

L'auteur en décrit les étapes :Tout d'abord ce processus ne s'est pas fait à la même vitesse dans tous les endroits de la basse société, mais on peut en distinguer trois phases.• La première, la phase médiévale.

Elle se caractérise par une habitude de manger avec les mains.• La phase rapide, qui s'étend du 16ème siècle au 18ème siècle, et où une contrainte sociale s'exerce sur les convives pour adopter un nouveau savoir-vivre.• Troisième phase :les normes sont acquises., mais les distinctions sociales restent présentes.

Elias montre que même si l'ensemble de la société est devenu « civilisé »,on continue d'observer des différences de comportements.

Les couches inférieures n'ont, en effet, intégré qu'une partie des valeurs de la cour pour se les approprier àleur manière.

« la pénétration du rituel uniforme de la civilisation et de la régulation des pulsions (…) des couches moyennes, du monde ouvrier et paysans varie decas en cas ».

« beaucoup de coutumes, de comportements et de modes de la cour furent introduits dans les couches moyennes supérieures, qu'ils y furent imités aprèsavoir subi quelques légères retouches pour répondre aux besoins d'une autre classe sociale.

» Malgré tout Elias, en citant Erasme, montre que ces règles ont connu des changements au cours du temps.

« Des choses autrefois en usage sont maintenantabandonnées »Pour lui, « le code social ne se fixe que modérément dans les habitudes permanentes des hommes » et les bouleversements sociaux entraînent des changements.

Ainsi« des choses naguère permises sont aujourd'hui interdites » .

Les règles, ustensiles se modifient, selon Elias, au cours des siècles, en fonction des modes et évolutionde la société.

De plus, aujourd'hui encore les différentes classes sociales continuent de s'observer entre elles et cherchent sans cesse à se différencier ( classedominante) ou à se civiliser ( classe inférieure).

Les règles de conduites sont en perpétuel changement, face à la volonté des classes dominantes de se différencier dureste de la société, et au désir des populations inférieures d'intégrer leurs valeurs dans leur habitus pour se civiliser à la manière de la haute société, représentant un. »

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