NORD Louis-Ferdinand Céline

NORD. Publié en 1960, c’est le dernier roman de l’écrivain français Louis-Ferdinand Céline (pseud. de L.-F. Destouches, 1894-1961). La libération approchant, l’auteur, trop compromis, dut fuir en Allemagne, à Baden-Baden, avec sa femme Lili, son chat Bébert et un ami, l’acteur Le Vigan. Après l’attentat manqué contre Hitler, on les expédia à Berlin. Ils y trouvèrent assez facilement un hôtel, mais quel hôtel ! Un fantôme déglingué, branlant, incertain, dont les couloirs débouchent sur des gouffres creusés par les bombes, dont les portes ne s’ouvrent plus tandis que les cloisons bâillent. Pas d’autre client qu’eux. Le tenancier est un paysan sibérien qui, Céline se montrant prodigue en billets de cent marks, les gave de café ersatz à l’ersatz de lait et de choux rouges à la crème. Des autres maisons de la rue, il ne reste guère que des pans de murs, des façades et, par-ci par-là, un étage, bizarrement rafistolé et suspendu. Une humble armée de vieillards, de femmes et d’invalides, aux mouvements lents mais à la patience d’insecte, trie les décombres et entasse, devant chaque moignon d’immeuble, les briques, les tuyaux et les tuiles qui lui ont été arrachés. Mais Céline découvre bientôt que le Sibérien est de mèche avec un inquiétant voleur nommé Pretorius. Il se résigne à chercher refuge auprès d’une vieille connaissance, l’Oberarzt Hauboldt. Ce nazi jovial, cultivé et philosophe, vêtu de confortables et criardes robes de chambre, vit, entouré de tout un petit monde de médecins finlandais et de dactylos, dans une confortable et spacieuse installation souterraine, aménagée au milieu d’un parc. Nourriture excellente, divans profonds, l’auteur et ses compagnons y reprennent des forces, sinon des couleurs. Bébert succombe à la tentation de faire l’abri buissonnier. Lili, à sa recherche, viole le couvre-feu.