NICOMÈDE. Tragédie en cinq actes et en vers de Pierre Corneille (analyse détaillée)

NICOMÈDE. Tragédie en cinq actes et en vers de Pierre Corneille (1606-1684), créée vraisemblablement à Paris au théâtre de l'hôtel de Bourgogne en février 1651, et publiée à Rouen chez Maurry et à Paris chez Sercy la même année.

Cette pièce, l'une des préférées de Corneille, fait partie avec Don Sanche d'Aragon (1650) et Pertharite (1652) de la « trilogie de la Fronde ». De fait, sans qu'il faille nécessairement reconnaître Condé dans le personnage éponyme, Nicomède, en reprenant une problématique déjà présente dans des œuvres antérieures de l'auteur, rencontre les préoccupations les plus contemporaines, notamment la place du héros dans l'État. D'un ton très particulier, tout entière fondée sur l'admiration, la pièce (qu'on rapprochera d'autres textes contemporains, en particulier du Cosroès de Rotrou), connut un succès éclatant.

Général victorieux, Nicomède, fils aîné de Pru-sias, le roi de Bithynie, a rejoint la cour pour faire échec aux menées d’Arsinoé, seconde épouse du roi : elle veut que le trône revienne à son fils Attale, de retour en Bithynie après avoir été otage des Romains. En outre, Nicomède craint qu’on oblige Laodice, la jeune reine d’Arménie confiée par son père à Prusias, à épouser Attale alors qu’elle lui était promise et qu'ils s’aiment (Acte I). Face à Flaminius, l’ambassadeur romain, Nicomède incite son père, inféodé à Rome, à se conduire en roi. Prusias rassure Flaminius : Laodice épousera Attale comme Rome le souhaite (Acte II). Mais elle refuse, et réaffirme sa confiance en Nicomède (Acte III). Persuadé par Arsinoé des noirs desseins de son fils aîné, Prusias le livre à Rome comme otage et fait d’Attale son successeur. Celui-ci croit pouvoir désormais épouser Laodice ; Flaminius le détrompe : Rome ne permettra pas qu’il puisse ainsi réunir la Bithynie et l’Arménie. Attale comprend alors tout le