Nicolas Vassilievitch GOGOL : La Perspective Nevski Le Portrait

« Photo Haut 1 Sipa -lc ono La Perspective Nevski ( 18 35 ) et Le Portrait ( 1842) disent que l' appar e n ce ne peut être capturée par le peintr e.

Pis­ kari ov et Tc hartkov sont v ic tim es d e l'illusion des sens qu 'est cet enchante­ m ent du mou vement offert par la ville c omme spectacle.

La flânerie sur /'avenue de la Néva devient fuit e devant le démon d étruisant l' ordon­ nan cement harmo­ nieux de /'espa ce .

Le diable ôte au peintre la maîtrise d e son arr , lequel ne s' épa­ n o uir que dans la quête du divin.

Ses âmes mort es, Gogol le s rendit à la vie par la reli gion .

Le livre Une mystique de l'art D es cinq nouvelles mettant en scène Saint-Pétersbourg , La Perspective Nevski et Le Portrait traitent du pro­ blème de 1 'art.

Dans La Perspective Nevski figurent deux personnages mus par leur désir; le peintre Piskariov ne voit d'autre issue que la folie pour fuir sa vie : il n'a pu en effet convertir à la pureté une jeune prostituée dont il s'est épris.

L'artiste du Portrait a autrefois peint avec une hallucinante illusion de la vie un usurier au regard diabolique ; il dit à son fils d'ôter ce tableau de la vente car sa possession mène ses propriétaires à la mort .

Le portrait, figure du diable, ne sera jamais retrouvé.

Un peintre , Tchartkov, subit l 'influence de l'usurier représenté.

fi le voit en rêve s'animer et le tenter avec de l'or.

Perverti par cet or, bel et bien caché dans le cadre du tableau , Tchartkov laisse s'éteindre ses dons.

Il s'adonne à une peinture de commande dont seule une folie iconoclaste le déli­ vrera .

L'artiste entre l'opinion et la folie D eux peintres, deux vocations trahies.

Piskariov se laisse prendre au piège des apparences de la perspective Nevski , qu 'incarne une jeune et trop belle prostituée.

Il voit en rêve cette inspiratri ce possible prête à lui révéler le secret de l ' art.

Une brillante assistance l 'ôte à sa vue: ce rêve traduit l'impuissance de Piskariov à peindre l'idéal poursuivi.

L'as­ sistance est le symbole de l'opinion qui oblige l'artiste à se renoncer comme tel pour ne tendre au public soumi s aux pon­ cifs de l'art qu'un miroir flatteur de lui-m ême .

L'incertitude de Tchartkov à savoir s'il a rêvé que le portrait le regardait réellement, dénonce Je pouvoir démoniaque de 1 'usu­ rier qui prive 1 'artiste de sa capacité à voir du monde autre chose que son apparence trompeuse.

L 'ascèse que suppose 1 'art comme religion leur aurait épargné la folie.

Seul J'artiste , entre opinion reçue et folie stérile, est à même de saisir l'harmonie essentie lle de la nature, accomplit le geste prométhéen du véritable créateur.. »