NATURE (DE LA), Parménide d’Élée - résumé de l'oeuvre

Ce poème dont nous ne possédons que le début n’a pas grand-chose à voir avec la simplicité du style prosaïque ionien (celui des Milésiens), ni avec les puissantes images d’Héraclite. Le ton de l’œuvre, surtout en son commencement, est résolument ésotérique. Le message se présente comme un rite initiatique, par lequel le poète, conduit sur un char par les filles du Soleil, aborde les portes du jour, gardées par la Justice ; celle-ci, ayant ouvert les portes, délivre au poète le message de vérité.

 

Dans sa forme, ce récit doit probablement beaucoup à la littérature eschatologique de l’orphisme. L’examen du contenu philosophique du poème laisse apparaître beaucoup d’autres influences (pythagoriciennes, entre autres), que les historiens de la philosophie et les philologues ont tenté de démêler, sans parvenir à des résultats absolument indiscutables. Le texte même du poème n’est pas formellement établi, et plusieurs éditions peuvent avoir circulé, y compris dans des versions non versifiées.

Il serait erroné de réduire à sa forme mystico-poétique le message du philosophe d’Elée. En fait, c’est au raisonnement logique le plus implacable qu’est donnée la

priorité, une fois franchies les portes de la Vérité.

 

Parménide se présente comme une espèce d’anti-Héraclite : devenir, naissance, mort, séparation et engendrement réciproque des choses, génération et corruption, voilà ce dont il est interdit de parler. Tout cela, pour Parménide, relève en effet de l’opinion, esclave des apparences sensibles. Pour accéder à la vérité, il faut au contraire raisonner. Telle est sans doute l’originalité fondamentale de Parménide, sa puissance en même temps que sa faiblesse: tout confier au raisonnement, ne rien admettre que la raison n’établisse, même si l’évidence sensible paraît l’imposer avec la plus grande force. Raisonnons, donc. De l’être, que peut-on dire? Que doit-on dire? Ceci, et seulement ceci: qu’il est. Parler de devenir, d’engen-drement à partir d’éléments primitifs (comme le font par exemple les Ioniens), c’est tomber dans l’erreur, pis, dans la faute logique. Car qu’est-ce qu’affirmer: «Ceci devient cela», «Ceci engendre cela»?