NARCISSE (résumé & analyse)

NARCISSE (seconde moitié du XIIe siècle). Lai antiquisant. Le mythe médiéval de Narcisse est surtout connu à travers le Roman de la Rose. Mais, avant Guillaume de Lorris, un poète anonyme traduit et adapte la légende ovidienne (Métamorphoses, III, v. 339-512), dont la faveur littéraire est attestée par ailleurs dans de nombreuses allusions (Cligès, Roman de Troie, Roman d'Alexandre, Florimont, etc.). Le récit des métamorphoses d’Écho et de Narcisse est détourné dans un sens courtois et traité selon le code de la fin’amor. Le prologue moralisateur de 40 vers en infléchit la lecture (plaidoyer contre la démesure et la dureté en amour). Narcisse est le précurseur masculin de la Belle Dame sans Merci [voir Alain Chartier] et représente, à l’aube de cette littérature amoureuse, l’image d'une perversion qui guette le désir perdu dans la contemplation de soi, fondement du chant lyrique. Lejeune homme, fils d’une dame de Thèbes, ne connaît qu'un seul « déduit », la chasse.