MYTHOLOGIES de ROLAND BARTHES
Publié le 16/10/2011
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Mythologies s’impose comme un ouvrage fondamental des Cultural Studies qui se proposent d’appréhender la notion de culture populaire et l’univers des pratiques culturelles populaires.
Car Roland Barthes, tout au long des cinquante-quatre petits textes de la première partie du livre se montre l’un des premiers à prendre au sérieux la culture dite « de masse «, en y appliquant des méthodes d’analyse qui étaient auparavant réservées à la culture légitime ; et ce quelques années (les textes ont d’abord été publiés dans différentes revues entre 1954-1957) avant que Richard Hoggart fasse paraître son The uses of Literacy : Aspects of Working Class Life with Special References to Publications and Entertainments que les chercheurs des Cultural Studies reconnaissent comme fondateur de leur courant de recherche, de cette perspective transdisciplinaire qui se présente parfois comme « antidiscipline «.

«
Ce sont ces enveloppes mythiques que Barthes s’intéresse à déballer au fil d’exemples
divers, d’objets anodins ; ces enveloppes sans cesse déposées autour des faits et gestes de
l’actualité qui participent à entretenir un genre de désinformation systématique, une
mystification.
Ce qui était vraiment nouveau, c’est que Barthes promène le projecteur cette
investigation intellectuelle sur le monde de la culture de masse: le cinéma, la publicité, les
magazines pour femmes, le sport, la lutte, la presse à sensation, ce qui fait de lui un premier
commentateur de cette même culture.
Il élargit le champ de la pensée intellectuelle française et
son discours en se préoccupant d’un nombre étonnamment vaste de sujets qui n’avaient jamais
fait l’objet d’une observation aussi minutieuse, les dénonçant comme autant de vecteurs
d’images qui entretiennent ces mythologies, ce système de valeurs s’imposant comme allant de
soi, que l’on finit par ne plus remarquer, mais qui restent des valeurs qui guident de leur
éclairage nos choix et nos comportements vers le triomphe de l’idéologie de ce qu’il nomme « la
petite bourgeoisie ».
Tour à tour littérateur, anthropologue, sociologue, philosophe et parfois même poète, il
décortique le catch, le cirque, les photos-chocs, les concours de beauté, Billy Graham, le
plastique, les jouets.
La variété de ses cibles, la prolifération de ses approches inventives et de
leurs successions d’interprétations en cascades font de la lecture de cette première partie du
livre une expérience jubilatoire.
Dans le chapitre intitulé L’acteur d’Harcourt :
…puis abandonné dévotement à sa course solitaire et royale ; tantôt plongée
maternellement vers la terre qui s’éloigne, tantôt levée extatique, la face de l’acteur semble
rejoindre sa demeure céleste dans une ascension sans hâte et sans muscles, au contraire de
l’humanité spectatrice qui, appartenant à une classe zoologique différente et n’étant apte au
mouvement que par les jambes doit regagner son appartement à pied.
Ibid., p25.
Tout objet, chaque geste connote un sens.
Rien ne peut échapper à cet axiome.
Ceci parait
tout à fait évident dans Iconographie de l’Abbé Pierre , lorsqu’il nous parle des vêtements, de la
coupe de cheveux de l’abbé.
Cet homme, indifférent à la mode devrait être l’incarnation même
du neutre.
Et pourtant de ses vêtements, de ses cheveux, rayonnent de pieux messages.
Sa
canadienne à capuchon du prêtre-ouvrier, sa coupe austère connotent des messages de
simplicité, de dévotion religieuse et de sacrifice de soi.
Ils parlent autant qu’un ensemble Armani
ou un polo Lacoste.
La neutralité finit par fonctionner comme signe de la neutralité,.
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