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MURIEL OU LE TEMPS DU RETOUR de Jean Cayrol (résumé & analyse)

Publié le 14/11/2018

Extrait du document

temps

MURIEL OU LE TEMPS DU RETOUR Jean Cayrol. Scénario, 1963.

 

Dans une ville du bord de mer relevée de ses ruines au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, trop neuve et comme indifférente, une femme, Hélène, a rappelé auprès d’elle Alphonse, qu’elle a jadis aimé. Incapable de tracer une frontière entre le passé, le présent et l’avenir, elle fait de cette passion, qui fut totale, un projet de réhabilitation, capable de redonner un sens à sa vie. D’Alphonse, on sait peu de chose, sinon que c’est un hâbleur et un instable, au passé incertain, qui sans cesse joue sa vie. Tous les personnages qui entrent en scène ici semblent évoluer et se croiser dans une réalité impalpable, étant eux-mêmes impalpables, comme abasourdis, suspendus entre deux souvenirs, mal remis d’un sentiment d’exil qui les tient éloignés d’un passé qui fut, à leurs yeux, fertile et qui les rend presque indifférents à une réalité qu’ils vident de toute signification. Ces êtres, jouets d’une mémoire qui, transfuge, les déserte ou, au contraire, obsédante, les retient prisonniers, hésitent, balbutient et

temps

« mènent une vie approximative.

Ber­ nard.

le beau-fils d'Hélène.

qui depuis son retour d'Algérie vit en marge, secret, piégé par Je souvenir de la guerre, passe à côté d'un présent qui n'attend que lui pour vivre.

Quant à Hélène, qui est antiquaire et dont l'au­ teur nous dit qu'elle a •l'âge le plus frêle de la femme• et qu'elle •peut passer en quelque sorte d'un visage de vingt ans peu abûné à un visage de qu aran te-cinq ans sur lequel la fatigue et les soucis posent leurs griJJes •.

elle fait, symboliquement.

trafic du passé.

SeuJe Françoise, la fausse jeune nièce qu'Alphonse a amenée avec lui, et Marie-Do, la maîtresse de Bernard, semblent incarner dans cet univers un peu flou le bonheur de vivre, sans détour, dans le moment présent.

• Jean Cayrol !né en 1911l s'est livré ici à un travail de scénariste, en collaboration avec Alain Resnais.

Les thèmes qui l'ins­ pirent dans Muriel sont les mêmes que ceux qui nourrissent r œuvre roma­ nesque: l'homme moderne est, selon Cayrol, désespérément •debout.

sans répit L.l.

irréfléchi et bousculé •.

soumis à un temps et à un rythme qui l'éparpill ent et le corrompent.

Les héros de Cayrol !Les Corps étrangers•) tentent.

de toutes leurs forces, de retrouver ou d'inventer la mémoire qui leur rendra leur cohé­ rence perdue.

• •Comment arriver à l'amour, sans réminiscence.

librement? • Comment, en 1003, dans un monde •Où tout va.

se bousc ule, se résume difficilement •.

accorde r nos actes avec nos rêves les plus spontanés et les plus imprévisibles? Comment être soi.

quand à chaque ins­ tant.

aux prises avec notre mémoire ou notre imaginaire, nous nous empêtrons dans nos actes et nos bredouillements? Tout n'est plus que ruse et manquement.

dans un monde où les rapports entre les êtres se réduisent à un simple jeu de séduction et •où le mensonge devient une forme humaine de la tolérance •.

Ce filin est donc.

selon les mots mêmes de l 'au teur .

• une tentative de toutes nos forces pour reprendre le monde à l'en­ droit précis où l'actualité.

la politique.

la vie sociale l'abandonnent ou la laisse nt à l'abandon LI.

oui.

c'est un essai de réha­ bilitation de l'homme au cœur de ses épreuves.

afin que tout espoir soit enfin sauvegardé •.. »

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