MOYEN COURT ET TRÈS FACILE DE FAIRE ORAISON de La Mothe - résumé, analyse

 C’est par ce traité,

paru en 1689 et qui contient l’essentiel de sa pensée, que Mme Guyon (Jeanne-Marie Bouvier de La Mothe, 1648-1717) répandit dans la bonne société du temps sa doctrine. Elle y reprenait, en le modifiant, le système du prêtre espagnol Molinos condamné à Rome en 1687. Molinos, qui se rattachait lui-même à un courant de pensée très ancien puisqu’il remontait aux néo-platoniciens, Plotin, Jamblique et Porphyre, - courant qui avait reparu au cours des siècles sous divers avatars : Gnostiques du IIe s., Béguards du xive, Illuminés du commencement du xviie, avait exposé sa pensée dans le Guide spirituel. -Son système pouvait se résumer ainsi : la perfection chrétienne consiste dans un acte continuel

de contemplation et d’amour qui, une fois produit, subsiste toujours, tant qu’il n’a pas été expressément révoqué. Dans cet état, l’âme doit s’anéantir, s’abandonner à Dieu avec une quiétude parfaite. Les bonnes œuvres sont inutiles et même nuisibles, puisqu’elles tirent l’âme de sa quiétude. Peu importe alors les tentations et les chutes ; l’âme dans cet état est irresponsable et ne peut être affectée. Une doctrine aussi visiblement hérétique ne pouvait pénétrer en France sans être modifiée. Madame Guyon, dont la droiture et la pureté de mœurs n’ont jamais été mises en question, même au cours de son procès, n’admettait pas qu’il fut inutile de résistér aux tentations, ni que l’âme ne fut pas responsable des dérèglements du corps.