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Mort À CRÉDIT de Louis-Ferdinand Céline (analyse détaillée)

Publié le 21/10/2018

Extrait du document

Mort À CRÉDIT. Roman de Louis-Ferdinand Céline, pseudonyme de Louis Ferdinand Destouches (18941961), publié à Paris chez Denoël et Steele en 1936.

 

Si Voyage au bout de la nuit avait divisé la critique et obtenu un véritable

succès de scandale, Mort à crédit fut quasi unanimement éreinté lors de sa parution, même parmi les défenseurs du précédent roman, qui, dans le meilleur des cas, gardèrent le silence. L'ouvrage apparaissait en effet doublement scandaleux : par son obscénité (on parla de « vocabulaire d'égout », de « florilège de vespasienne ») et par la dégradation « volontaire » de l'image de l'homme à laquelle il était accusé de se livrer. «Nous avions manqué le Goncourt, nous ne raterons pas la correctionnelle », écrivit à l'époque Robert Denoël. Ne voulant pas prendre ce risque, l'éditeur recommanda à Céline de récrire les passages les plus audacieux. Celui-ci refusa : « Voilà quatre ans que je travaille tous les jours à ce bouquin [...]. Je n'y changerai pas une virgule. »

 

L'édition commercialisée parut donc finalement amputée de larges passages qui y figurent « en blanc, sans aucun autre signe ». Seuls les exemplaires hors commerce, au nombre de cent dix-sept, eurent droit au texte intégral. Ces coupures ne suffirent pas cependant à atténuer une polémique qui devint si violente que Denoël en fut réduit à prendre lui-même, dans une Apologie de « Mort à crédit », la défense du livre qu’il avait publié. De cette époque, et malgré le succès commercial (qui finira par venir à la longue), semble dater la naissance chez Céline d'un profond ressentiment qui trouvera bientôt sa plus vive expression dans les pamphlets antisémites.

 

Ferdinand, médecin de banlieue, travaille à la Fondation Linuty. Parallèlement, il écrit un conte Scandinave (la Légende du roi Krogold) dont sa secrétaire. Mme Vrtruve, a malencontreusement égaré le manuscrit. A la suite d’une émeute consécutive à des brutalités de Ferdinand envers la nièce de Mme Vrtruve (qui devait reprendre le travail sur la Légende), celui-ci se retrouve cloué au lit. Une visite de sa mère, larmoyante et vindicative, qu’il finit par chasser, fait remonter à sa mémoire tous ses souvenirs oubliés.

Son enfance d’abord, au « passage des Bérési-nas ». Le père, Auguste, modeste employé d'assurances à la faconde intarissable, souffre de se voir soumis aux humiliations quotidiennes de son chef de bureau. La mère, Clémence, souffrant d’une jambe atrophiée, incarne le devoir, mais aussi une exigence morale quelque peu verbeuse. La mort de la grand-mère Caroline ouvre pour la boutique d’antiquités et de dentelles une ère de misère. Ferdinand accompagne sa mère sur les marchés jusqu’à ce qu’il commette un acte de vandalisme symbolique, la destruction d’une horloge, qui interrompt ces. expéditions. Après une excursion familiale en Angleterre placée sous le signe du déluge (nauséeux sur le bateau puis pluvieux après l’accostage), Ferdinand passe tant bien que mal son certificat d’études et entame une longue errance afin de se « placer ». Il est d’abord commis chez Berlope (Rubans, Garnitures), mais il se fait bien vite renvoyer car il raconte des «histoires» (en fait, la Légende) au petit André, son camarade de travail. Après une longue et angoissante recherche, il est cette fois engagé chez Gorloge, un bijoutier désargenté. Mais Ferdinand est violé par la grosse Gorioge qui lui dérobe le Çakya-Mouni, dieu du bonheur chinois commandé par un riche amateur. À la suite du drame provoqué par cette disparition, l’oncle Édouard propose d’envoyer Ferdinand en Angleterre.

 

À Rochester, Ferdinand, arrivé en retard, erre toute la nuit avant d'arriver au Meanwell Collège, établissement d’enseignement en pleine déconfiture. M. Merrywin, le directeur, impuissant et dépassé devant le mutisme de Ferdinand et surtout face à la concurrence d'un autre établissement, la Hopeful Academy, sombre dans la prostration. Sa femme, la belle Nora, prend soin d’un idiot, Jonkind, et tente vainement de faire parler Ferdinand qui refuse de dire un seul mot d'anglais. Le jour où il doit rentrer en France, elle se donne fougueusement à lui avant de se suicider en se jetant dans la Medway.

 

De retour en France, Ferdinand doit faire face à la déchéance de ses parents, encore appauvris, qui lui reprochent son ingratitude et son égoïsme. L’état de la jambe de Clémence s'aggrave. Ils doivent prendre une femme de ménage. Un jour, Ferdinand, qui s’exténue à la recherche d’un nouvel emploi, est chargé de faire les courses. Il perd tout aux Tuileries dans le déchaînement d’une foule en délire. Auguste est furieux. Ferdinand tente de le tuer en l’assommant avec sa machine à écrire. L’oncle Édouard vient le chercher, et le

présente à Courtial des Pereires, fondateur de la revue des inventeurs le Génitron, et lui-même inventeur universel. Ferdinand fait les livraisons et répare jusqu’à sa pitoyable fin le Zélé, ballon à air chaud dont Courtial se sert pour ses ascensions. Il reçoit également les inventeurs mécontents. Pour renflouer des finances déficientes, Courtial lance un « concours du Mouvement perpétuel » qui lui vaut quelques démêlés avec la justice ; puis, après l’apparition d’un commanditaire providentiel, le chanoine Fleury - qui se révélera bientôt être un fou - un « concours de la cloche à plongeurs pour la récupération des trésors engloutis ». Les inventeurs, furieux de l’annulation du concours, anéantissent le Génitron. Courtial vend le pavillon de banlieue de sa femme Irène à Montretout et décide de se consacrer entièrement à son projet d’agriculture radio-tellurique.

« Son enfance d'abord, au « passage des Bérési­ nas ».

Le père, Auguste, modeste employé d'as­ surances à la faconde intarissable, souffre de se voir soumis aux humiliations quotidiennes de son chef de bureau.

La mère, Clémence, souffrant d'une jambe atrophiée, incame le devoir, mais aussi une exigence morale quelque peu ver­ beuse.

La mort de la grand-mère Caroline ouvre pour la boutique d'antiquités et de dentelles une ère de misère.

Ferdinand accompagne sa mère sur les marchés jusqu'à ce qu'il commette un acte de vandalisme symbolique, la destruction d'une horloge, qui interrompt ces expéditions.

Après une excursion familiale en Angleterre placée sous le signe du déluge (nauséeux sur le bateau puis pluvieux après l'accostage), Ferdinand passe tant bien que mal son certificat d'études et entame une longue errance afin de se « placer».

Il est d'abord commis chez Berlope (Rubans, Garnitu­ res), mais il se fait bien vite renvoyer car il raconte des «histoires» (en fait, la Légende) au petit André, son camarade de travail.

Après une longue et angoissante recherche, il est cette fois engagé chez Gorloge, un bijoutier désargenté.

Mais Ferdinand est violé par la grosse Gorloge qui lui dérobe le Çakya-Mouni, dieu du bonheur chinois commandé par un riche amateur.

A la suite du drame provoqué par cette disparition, l'oncle Édouard propose d'envoyer Ferdinand en Angleterre.

A Rochester, Ferdinand, arrivé en retard, erre toute la nuit avant d'arriver au Meanwell College, établissement d'enseignement en pleine déconfiture.

M.

Merrywin, le directeur, impuis­ sant et dépassé devant le mutisme de Ferdinand et surtout face à la concurrence d'un autre éta­ blissement, la Hopeful Academy, sombre dans la prostration.

Sa femme, la belle Nora, prend soin d'un idiot, jonkind, et tente vainement de faire parler Ferdinand qui refuse de dire un seul mot d'anglais.

Le jour où il doit rentrer en France, elle se donne fougueusement à lui avant de se suici­ der en se jetant dans la Medway.

De retour en France, Ferdinand doit faire face à la déchéance de ses parents, encore appauvris, qui lui reprochent son ingratitude et son égoïsme.

L'état de la jambe de Clémence s'aggrave.

Ils doi­ vent prendre une femme de ménage.

Un jour, Ferdinand, qui s'exténue à la recherche d'un nou­ vel emploi, est chargé de faire les courses.

Il perd tout aux Tuileries dans le déchaînement d'une foule en délire.

Auguste est furieux.

Ferdinand tente de le tuer en l'assommant avec sa machine à écrire.

L'oncle Édouard vient le chercher, et le présente à Courtial des Pereires, fondateur de la revue des inventeurs le Génitron, et lui-même inventeur universel.

Ferdinand fait les livraisons et répare jusqu'à sa pitoyable fin le Zélé, ballon à air chaud dont Courtial se sert pour ses ascensions.

Il reçoit également les inventeurs mécontents.

Pour renflouer des finances déficientes, Courtial lance un « concours du Mouvement perpétuel » qui lui vaut quelques démêlés avec la justice ; puis, après l'apparition d'un commanditaire provi­ dentiel, le chanoine Fleury- qui se révélera bien­ tôt être un fou - un « concours de la cloche à plongeurs pour la récupération des trésors engloutis».

Les inventeurs, furieux de l'annulation du concours, anéantissent le Génitron.

Courtial vend le pavillon de banlieue de sa femme Irène à Montretout et décide de se consacrer entière­ ment à son projet d'agriculture radio-tellurique.

Dans une ferme délabrée à Blême-le-Petit, Courtial crée un « Familistère de la Race nou­ velle» et se lance dans la culture de la pomme de terre stimulée par l'électricité.

Mais, refusant l'indigence quotidienne, les jeunes pionniers recrutés se mettent à chaparder et se font arrê­ ter les uns après les autres.

Les pommes de terre expérimentales sont bien vite envahies par la ver­ mine.

La misère succède à l'échec.

A la suite d'un ultime festin de rapine, Courtial disparaît.

On le retrouve mort sur la route, il s'est fait sauter la tête d'un coup de fusil.

Le chanoine Fleury, évadé de l'asile, reparaît, dément, et se jette sur le cada­ vre dont il fait de la bouillie.

Le lendemain, Ferdi­ nand et Irène se séparent à la gare.

Ferdinand, malade, revient chez son oncle Édouard et annonce sa décision irrévocable de s'engager dans l'armée.

« Il fallait aller plus loin dans la voie de la simplification calculée et raffi­ née ,,, écrit Céline en comparant ses deux premiers romans.

Et s'il est vrai que Mort à crédit reproduit pour une part la structure d'ensemble du Voyage (un prologue et deux grandes parties), il s'en différencie par bien des aspects.

La prédominance absolue du narratif y est marquée par la disparition des réflexions à caractère général, clausules des paragraphes de Voyage au bout de la nuit.

L'évolution du vocabulaire utilisé, toujours plus argotique, va de pair avec la déconstruction accentuée de la. »

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