Monsieur Ouine : Fiche de lecture (Bernanos)

« au Brésil, en 1943, dans un texte très fautif que reprendra Plon en 1946.

Ce n'est qu'en 1955 que le livre paraîtra, grâce à Albert Béguin, dans une édition intelligible qui déconcertera moins la critique.

Ce livre particulièrement désespéré (l'auteur avait d'abord songé au titre la Paroisse morte) est d'ailleurs, pour A.

Béguin, « le chef­ d'œuvre de Georges Bernanos, celui de ses livres où il est allé le plus loin dans 1' exploration de son monde intérieur et où il s'est risqué à inventer les formes d'ex­ pression et de composition les plus aptes à traduire sa vision personnelle».

Mais c'est aussi le livre le plus proche de Dostoïevski, comme se plaît à le remarquer Pierre de Boisdeffre, le plus « onirique >> et, en un sens, le plus hétérogène, le plus désordonné de l'œuvre de Bernanos.

Certaines pages sont admirables (les appari­ tions fantastiques de Jambe-de-Laine, l'enterrement du petit vacher, l'agonie de M.

Quine), mais le problème qui s'est posé à Bernanos était insoluble : comment représenter avec art l'aridité de l'esprit, l'ennui, la haine, le désespoir qui déferlent sur 1' ensemble du récit? 11 est impossible, pour le chrétien, de donner une âme au diable.. »