Monsieur Nicolas ou le Cœur humain dévoilé de Nicolas Edme Rétif, dit Rétif (ou Restif) de La Bretonne
Publié le 24/10/2018
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Monsieur Nicolas ou le Cœur humain dévoilé. Récit autobiographique de Nicolas Edme Rétif, dit Rétif (ou Restif) de La Bretonne
(1734-1806), publié à Paris de 1794 à 1797 (16 vol.).
Rétif commença la rédaction de son autobiographie en novembre 1783. Il l'acheva au cours de l'été 1785, lorsque son récit rejoignit le temps présent de l'écriture. Ce récit était divisé en huit « époques » de longueurs inégales. Rétif était alors prêt à le faire imprimer et à le publier. Mais son censeur retint le manuscrit pendant trois ans, et ne le lui rendit sans doute qu'en exprimant des réserves et en indiquant des coupures : un tel récit, sous l'Ancien Régime, ne manquait en effet ni d'originalité ni d'audace. Rétif accepta toutes les conditions puisqu'il entreprit immédiatement des démarches pour financer l'impression de son ouvrage, d'autant plus onéreuse qu'il prévoyait une centaine de gravures (portraits et « estampes de situation »). Rien n'aboutit avant 1789. Il faut s'en féliciter, car nous lirions aujourd'hui un Monsieur Nicolas affadi par la censure. Lorsque la Révolution lui permit d'installer chez lui une petite imprimerie, Rétif, avec un matériel de fortune, dans une situation misérable, se mit à imprimer lui-même son texte. Il commença en août 1790 et n'acheva que six ans plus tard. Afin de combler l'intervalle entre 1785 et 1796, il écrivit alors, dans le second semestre de 1796 et le premier de 1797, une neuvième époque et l'amorce d'une dixième. À quoi il ajouta une « Reprise de la huitième époque » qui est la reproduction, sous une forme abrégée et à quelques variantes près, de la Dernière Aventure d'un homme de quarante-cinq ans (1783). Mais au récit autobiographique lui-même, Rétif avait joint, entre-temps, des textes annexes : « Mon calendrier », écrit en 1790, récapitulation de toutes les femmes de sa vie, «Mes ouvrages », revue commentée de toute sa production littéraire, « Ma morale », « Ma religion », « Ma politique », trois compléments à la Philosophie de Monsieur Nicolas dont seule la « Physique » avait paru en 1796, au Cercle social de Nicolas de Bonneville (en trois volumes), enfin quelques « juvénales », textes de réflexion critique sur des sujets d'actualité. C'est cet ensemble que Rétif publie dans le dernier trimestre de 1797, sous le titre de Monsieur Nicolas.
Cette publication était l'aboutissement d'un très long parcours. Chez Rétif, en effet, le besoin d'écrire est dès l'origine lié au besoin de se raconter. Il l'affirme lui-même, et on peut d'autant plus le croire que tout dans son œuvre manifeste l'impérieux désir de l'expression autobiographique. Mais au xviiie siècle, l'autobiographie diverge à peine du genre des Mémoires, qui suppose la subordination du récit personnel au récit d'événements publics, dignes, par leur importance, d'intéresser le lecteur. Or Rétif ne peut à aucun titre se recommander à l'attention et à la considération de ses contemporains. Aussi a-t-il pendant très longtemps, du début de sa carrière littéraire en 1767, jusqu'en 1783, satisfait son besoin autobiographique sous le masque de la fiction. Il n'a cessé de se mettre en scène, d'évoquer dans son œuvre les aventures, les péripéties et les personnages de sa vie, au gré de l'imagination. Si en 1783 il franchit enfin le pas de l'autobiographie avouée, c'est parce qu'on a publié l'année précédente les six premiers livres des *Confessions de Rousseau. Il se défend, bien sûr, de n'être qu'un épigone, et il est vrai que son projet autobiographique est fort ancien, mais il est incontestable que Rousseau lui a donné l'audace de se raconter à visage découvert, avec impudeur et minutie.
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d'actualité.
C'est cet ensemble que
Rétif publie dans le dernier trimestre de
1797, sous le titre de Monsieur Nicolas.
Cette publication était l'aboutisse
ment d'un très long parcours.
Chez
Rétif, en effet, le besoin d'écrire est dès
l'origine lié au besoin de se raconter.
Il l'affirme lui-même, et on peut d'au
tant plus le croire que tout dans son
œuvre manifeste l'impérieux désir de
l'expression autobiographique.
Mais au
xvme siècle, l'autobiographie diverge à
peine du genre des Mémoires, qui sup
pose
la subordination du récit person
nel au récit d'événements publics,
dignes,
par leur importance, d'intéres
ser le lecteur.
Or Rétif ne peut à aucun
titre se recommander à l'attention et à
la considération de ses contemporains.
Aussi a-t-il
pendant très longtemps, du
début de sa carrière littéraire en 1767,
jusqu'en 1783, satisfait son besoin
autobiographique sous le masquede la
fiction.
Il n'a cessé de se mettre en
scène, d'évoquer dans son œuvre les
aventures, les péripéties
et les person
nages de sa vie,
au gré de l'imagination.
Si en 1783 il franchit enfin le pas de
l'autobiographie avouée, c'est parce
qu'on a publié l'année précédente les
six premiers livres des
*Confessions de
Rousseau.
Il se défend, bie.n sûr, de
n'être qu'un épigone, et il est vrai que
son projet autobiographique est fort
ancien, mais il est incontestable que
Rousseau lui a donné l'audace de se
raconter à visage découvert, avec
impu
deur et minutie.
Première Époque.
« Mes années premières
( 1734-1746) ».
Nicolas-Edme naît à Sacy (Bour
gogne) d'Edme Rétif et de Barbe Ferlet, aîné de
sept enfants (mais d'un premier mariage du père
sont déjà nés sept autres enfants).
Cette époque détaille les .premiers émois sensuels, les jeux et les « bergeries» du jeune Nicolas, doué à la fois
d'une vive sensibilité et d'un esprit éveillé.
Il apprend à lire, à écrire, écoute avec délices et effroi les contes diaboliques des frères Courtcou,
bergers de la ferme familiale.
Sur les conseils d'un
parent, il est décidé que l'enfant ne sera pas laboureur : il fera des études.
Deuxième Époque.
«je suis enfant de chœur
( 1746-1747) ».
Nicolas est confié à l'abbé Tho mas, l'un de ses frères du premier lit et maître des enfants de chœur à· Bicêtre.
Il y reçoit une
éducation janséniste.
La nomination d'un nouvel
archevêque de Paris, Christophe de Beaumont,
hostile aux jansénistes, oblige l'abbé Thomas à
fuir Bicêtre avec Nicolas.
Ils se rendent à Courgis, village proche de Sacy, où leur frère aîné est curé.
Troisième Époque.
«Mon séjour à Courgis :
premier amour ( 1748-1751) ».
Nicolas devient en secret amoureux de jeannette Rousseau ; il n'ose pas même lui adresser la parole.
Mais il satisfait ses désirs chamels avec Marguerite Pâris, la gouvemante du curé ; enceinte, elle part pour Paris.
L'amoureux précoce commence à écrire ses premiers poèmes, célébration de l'amour et de la beauté féminine.
Scandalisés, ses deux frè res interrompent ses études et le renvoient à Sacy.
Son père décide alors de le mettre en apprentissage à Auxerre, chez l'imprimeur de la ville, M.
Parangon.
Quatrième Époque.
« Mon apprentissage.
Madame Parangon ( 1751-1755) ».
À Auxerre,
Nicolas découvre à la fois les charmes de la ville (et de ses jeunes filles) et la dure condition d'ap
prenti.
Sa situation s'améliore avec l'arrivée de
Mme
Parangon, la femme de son maître, jusque là absente.
Il est immédiatement ébloui par sa beauté, sa bonté, sa vertu et lui voue dès lors une adoration qui ne faiblira jamais.
Il lit beau
coup, écrit des vers en l'honneur de toutes les jeunes filles du voisinage.
Amours, désirs, aventu res se multiplient.
Il fait la connaissance du corde
lier Gaudet d'Arras (dont le rôle est si important dans /e *Paysan perverti), et se lie d'amitié avec lui.
Sous son influence, il ose posséder par la force
Mme Parangon ; elle lui pardonne, et lui présente sa jeune sœur Fanchette, avec le projet de la lui
donner plus tard pour épouse.
Elle part pour Paris.
Nicolas, après diverses aventures féminines,.
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