Mon Faust (Ébauches) [1941] Valéry (résumé)
Publié le 11/11/2018
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Mon Faust (Ébauches) [1941]
Valéry avait soixante-neuf ans quand il reprit le personnage mythique de Faust; il n’avait certes pas l’intention de composer une œuvre dramatique, mais celle d’emprunter la forme dialoguée pour promener le lecteur parmi ses préoccupations intellectuelles. Dans Lust ou la Demoiselle de cristal, premier volet de Mon Faust, Méphistophélès rend visite à Faust : il a perçu dans cette docte tête « si abstruse, si compliquée, si brouillée de connaissances bizarres, si pénétrée d’analyses extrêmes, pétrie de tant de contradictions, à la fois super-délirante et extra-lucide » un certain « désir ou besoin de me voir ». Cet appel est en liaison confuse avec la « demoiselle de cristal », la troublante Lust, secrétaire un peu trop désirable : troublé, Faust aspire non pas à la passion, car l’« Éros énergumène » l’épouvante, mais à une tendresse qui n’exclut pas la sensualité. Il croquera le fruit avec la belle Lust, tandis que Méphistophélès ricane : « Convulsion grossière, ha ha! » D’autres éléments meublent la pièce : un dialogue où Faust explique au diable que les progrès de la science, l’incrédulité devant l’immortalité de l’âme, la notion du péché, les valeurs traditionnelles ont réduit sa puissance et son rôle:
«
«MON FAUST».
Ébauches.
Études
de
Paul Valéry (1871-1945), publiées
à Paris aux Éditions des Cent
Une en
1941.
Le recueil comprend deux pièces
inache vées : Lust ou la Demoiseiie de
cristal et le Solitaire ou les Malédictions
d'Univers.
Selon la Préface « au lecteur de
bonne foi et de mauvaise volonté », ces
quelques actes devaient faire partie
« d'un me Faust qui pourrait compren
dre un nomb re indéterminé d'ouvrages
[ ...
] : vers ou prose selon l'humeur,
pro
ductions parallèles, indépendantes,
mais qui, je le savais, n'existeraient
jamais».
Lust (comédie).
Faust dicte à sa secrétaire Lust son grand ouvrage, à la fois traité et Mémoires.
Arrive Méphistophélès, que Faust qualifie de « démodé » et auque l il propose un échange de pouvoirs.
Il veu t not er les réactions du dia b le au spectacle de sa propre déchéance.
Le diable signe un pact e avec Faust et fait une démonstra tion de sa puissance à Lust (Acte 1).
Un Disciple exa lté rend vi site à Faust.
mais celui-ci le refroidit par son am ertume et le met en garde contre l'amour.
Le diable emporte le jeune homme avec lui.
Par une pelle soirée, Faust et Lust éprouvent une très vive attirance l'un vers l'aut re (Acte 11).
Les créatures de Méph istophélès dansent autour du Disciple endormi.
Le diable a décidé de le le ur livr er ainsi que Lust.
Après avoir ten té la jeune fille qui lui résiste.
le diab le s'en pre nd au Disciple auquel i l démontre dans la bibl io t hèque l'inanité de l'esprit humain.
Le Disciple tente de séduire Lust qui est touc hée mais se refuse à lui.
«Vous me rendez au diable !».
s'écrie le jeune homme (Acte Ill).
Le dernier acte manque.
Le Solitaire (féerie drama tiqu e).
Faust et Méph istophélès arrivent au sommet glacial d'une montagne.
Le diable rebrousse chem in.
Faust rencontre un sol itaire qui l'insulte e t se livre à une vigoureuse critique de l'esprit, inutile et pros titué , loin de toute pureté.
Le Solita ire finit par
précipiter Faust dans l'abîme pour préseNer sa tranquillité (Acte 1).
Faust est sauvé et recue illi par des fées.
L'une d'elles le ressuscite d'un bai ser.
Les fées veulent le rendre à la vie en roi, ma is « excédé d'être une créature», il refuse leurs dons (Acte Il).
L'acte Ill manque.
De ces deux pièces dont l'action est
explicitement située après celle du
Faust .de Goethe- c'est-à-dire une fois
le mythe constitué
-, l'intérêt principal
réside dans la redéfinition
du rôle de
personnages qui, comme le déclare la
Préface, ont désormais « droit à toutes
les réincarnations».
Il ne s'agit donc
pas « d'effeuiller une nouvelle Margue
rite », mais de prendre en compte tous
les changements intervenus dans le
monde depuis cent ans.
C'est pourquoi
le diable, dans
Lust, s'il conserve nom
bre de ses attributs traditionnels (gri
voiserie, pouvoirs magiques, etc.)
apparaît essentiellement comme
un
« produit de tradition » complètement
démodé :
« Tu ne tiens plus dans le
monde la grande situation que
tu occu pais jadis [ ...
].
Tes méthodes sont
surannées, ta physique ridicule », lui
lance Faust.
Méphistophélès avoue
d 'aille urs assez rapidement son
impuis
sance : il se « perd » dans la tête de
Faust et dans le
cœur de Lust.
Cette
i mpuissance nouvelle est attribuée par
Faust
tant aux progrès de la science et
au recul de l'individualisme dans le
monde moderne
qu'à cette infinie sim
plicité inhérente à la personne du
Malin : «Tu ne doutes même pas qu'il
y a bien autre chose dans le monde que
du Bien et du Mal.
» Méphistophélès
finit par se rendre à ces arguments
décisifs
et reconnaît qu'il « repose,
peut-être, sur
une idée fausse : [celle]
que les gens
ne sont pas assez ...
malins
pour se perd
re par .
leurs propres
moyens
"· L'homme sort grandi de
cette abdication,
en seul détenteur de
ce libre arbitre qui tient
.à sa disposi
tion toute l'échelle des valeurs.
Ainsi la.
»
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