MOLIÈRE: TARTUFFE (Fiche de lecture)
Publié le 20/11/2010
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annonce à sa fille Marianne qu'il renonce à lui faire épouser celui qu'elle aime, Valère, pour la donner à Tartuffe(Acte II).
À l'acte III, Tartuffe paraît enfin Elmire, la femme d'Orgon, lui demande de renoncer au mariage, tandisqu'il lui déclare sa passion.
Orgon, à qui l'on rapporte cet épisode n'en croit pas un mot, décide de hâter lespréparatifs du mariage et fait à Tartuffe donation entière de ses biens (Acte III).
Pour confondre l'imposteur, Elmiredécide alors de demander à Tartuffe un second entretien et oblige Orgon à assister à la scène, caché sous la table.Celui-ci, obligé de se rendre à l'évidence, veut chasser Tartuffe de chez lui, mais le faux dévot, devenu propriétairedes biens d'Orgon, se répand en menaces (Acte IV).
Il s'est en outre emparé d'une cassette renfermant des papierscompromettants pour la famille et l'a remise au roi.
Un huissier survient pour arrêter Orgon.
Mais, coup de théâtre, leroi ne s'est pas laissé prendre au piège.
Il a reconnu en Tartuffe un escroc recherché par la police.
Orgon estpardonné par le roi, rentre en possession de ses biens, et Marianne épousera Valère (Acte V).
On le voit donc, avec Tartuffe, Molière s'en prend à l'hypocrisie et dénonce les faux dévots.
Fait rarissime, le personnage principal de la pièce, celui sur qui tout repose, Tartuffe lui-même n'apparaît, contre toutes les règles de la dramaturgie classique, qu'au troisième acte.
Cette audace de Molière, loin de faire passer le personnage au second plan, le rend omniprésent, à traversnotamment les dialogues échangés en son absence et qui nous en disent long sur lui :
DORINE
Il passe pour un saint dans votre fantaisie :
Tout son fait croyez-moi, n'est rien qu'hypocrisie.
(Tartuffe, I, 1)
Le fait que Tartuffe tarde ainsi à apparaître souligne aussi à quel point il est un être fuyant : défendu par Orgon etsa mère, Madame Pernelle, vivement critiqué par Elmire, la servante Dorine et les enfants, il est présenté d'embléecomme un personnage équivoque et ambigu.
On sait quel sort connut la pièce (par deux fois interdite, en 1664 et 1665, malgré le soutien du roi), quellesattaques virulentes elle valut à son auteur.
C'est qu'au XVIIe siècle, s'il est un sujet qu'il est imprudent d'aborder authéâtre, c'est bien celui de la religion.
Les ennemis de Molière n'ont pas voulu voir quel était le véritable sujet de lapièce.
Il ont pris prétexte de ce qu'elle traitait de la religion pour dénoncer son impiété.
Molière dut s'expliquer dansune longue préface.
Contre ceux qui ont «couvert leurs intérêts de la cause de Dieu», il s'adresse aux «vraisdévots».
En effet, Molière ne s'attaque pas à la dévotion mais à ceux qui s'en servent comme d'un masque pour servir leursintérêts.
À ce titre la scène 5 de l'acte I, qui oppose Orgon et son beau-frère Cléante, est parfaitement révélatricede ses intentions :
CLÉANTE
Il est de faux dévots ainsi que de faux braves ; [...]
Hé quoi ! vous ne ferez nulle distinction Entre l'hypocrisie et la dévotion?
(Tartuffe, I, 5)
Si les faux dévots sont dangereux aux yeux de Molière, c'est qu'ils prétendent, ainsi que le fait Tartuffe au sein dela famille d'Orgon, tout régenter et soumettre chacun à leurs propres idées :
CLÉANTE
Voilà de vos pareils le discours ordinaire.
Ils veulent que chacun soit aveugle comme eux; Et qui n'adore pas de vaines simagrées
N'a ni respect ni foi pour les choses sacrées.
Face à Tartuffe, que suivent aveuglément Orgon et Madame Pernelle, Cléante, on l'aura compris, incarne, lui, etavec infiniment moins de ridicule, une conception ouverte de la morale chrétienne, accueillante et tolérante.
LES CIBLES DE MOLIÈRE
En dénonçant Tartuffe, le faux dévot, Molière s'en prend d'abord aux hypocrites qui, au nom de leur prétendue foi,se livrent à des actions qui n'ont rien de chrétien, mais il mène également le combat qui est celui de toutes sespièces, contre toutes les formes de pouvoir abusif.
Tartuffe rejoint la galerie des grandes figures moliéresques, l'avare, le malade imaginaire, le bourgeois gentilhomme,le misanthrope.
Peintre de caractères, Molière est aussi, on l'a vu, un peintre des mœurs.
Derrière les individus, ce.
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