MOLIERE, Tartuffe
Publié le 22/02/2012
Extrait du document


«
à le croire.
Tartuffe joue les persécutés, s'accuse de mille crimes, demande qu'on le chasse «comme un criminel»...La parade réussit; Damis, accusé de calomnie, est déshérité et chassé du toit paternel.
Mais Tartuffe poursuit sacomédie, prétend partir afin de préserver l'unité de la famille.
Orgon, aveuglé par l'admiration qu'il porte, tente deconsoler Tartuffe en déshéritant les siens et en lui faisant donation de tous ses biens.
L'hypocrite feint de résisteret finit par accepter.
Cléonte l'enjoint de refuser cette donation mais il prétexte certains devoirs pieux et quitte lapièce.Devant la décision de son père de précipiter son mariage avec Tartuffe, Mariane réagit en se jetant aux pieds deson père, mais peine perdue.Devant tant d'obstination, Elmire propose à son mari de se cacher sous une table et de voir de ses propres yeux sison fils a menti.
Orgon, confiant, accepte, ne voyant là qu'une occasion de plus de prouver la franchise du dévot.Tartuffe tombe dans le piège et use d'arguments aussi fallacieux que « ce n'est pas pécher que pécher en silence »et tente à nouveau de séduire Elmire.
Orgon comprend enfin qu'il a été mené par le bout du nez et veut chasserTartuffe.
Trop tard, car celui-ci jette le masque : « C'est à vous de partir, vous qui parlez en maître.
La maisonm'appartient, je le ferai connaître.
»Resté seul avec Cléonte, Orgon lui avoue qu'il a également remis une cassette contenant des papierscompromettants à l'imposteur et qu'il suffirait que Tartuffe les porte au roi pour qu'il soit arrêté.
Survient madamePernelle qui se refuse à croire un mot de cette histoire; jusqu'à l'arrivée de monsieur Loyal, l'huissier qui signifie àOrgon l'ordre d'expulsion.
Valère propose à son futur beau-père de prendre la fuite mais il est trop tard.
Tartufferéapparaît accompagné d'un officier de la garde du roi.
Tous se croient perdus mais, coup de théâtre, le roi adémasqué l'imposteur et c'est ce dernier que l'officier arrête.
Le roi n'a pas ouvert la cassette et, en raison desservices rendus, veut oublier l'affaire.
Tartuffe est emmené et Orgon promet sa fille à Valère.
Pistes de lecture
L'Illustre ThéâtreFils d'un riche bourgeois tapissier de la Cour, Jean-Baptiste Poquelin dit Molière est né à Paris en 1622.
Grâce auxfonctions qu'occupe son père, il bénéficie d'une excellente formation intellectuelle pour son milieu.
Il suit les coursdispensés par le collège jésuite de Clermont et ressent probablement la différence entre son milieu d'origine et lesautres enfants de la haute bourgeoisie et de la noblesse qui fréquentent ce collège.Après huit années d'études et peut-être une formation juridique, il abandonne tout (1643) et s'associe à une troupede comédiens pour fonder l'Illustre Théâtre.
Il s'engage alors sur les routes, et avec sa maîtresse Madeleine Béjart, ilvit durant treize années la vie des comédiens ambulants.
Ses études et sa culture assurent probablement le succèsde la troupe qu'il dirige et pour laquelle il écrit de nombreuses pièces.
Il semble avoir fait de fréquents séjours à Lyonet à Pézenas où, en 1656, il représente sa seconde comédie (Le Dépit amoureux).
En 1658, la réputation de satroupe est telle qu'il est attaché au frère du roi, le duc d'Anjou.
Louis XIV, qui le soutient, apprécie ce théâtre quiapporte un air de fraîcheur à la cour en réunissant les comédiens de l'Hôtel de Bourgogne.En 1659, Les Précieuses ridicules provoque la jalousie des comédiens officiels qui ne cesseront, avec l'aide du partides dévots (le mot ne prendra son sens péjoratif qu'après Tartuffe) et de la Compagnie du St-Sacrement, depoursuivre Molière de leur haine.En 1662, Molière épouse la sœur de Madeleine Béjart, Armande, de vingt ans sa cadette et, la même année,présente L'Ecole des femmes.
Le succès est tel que la troupe de l'Hôtel de Bourgogne tente de discréditer ledramaturge et l'accuse d'avoir épousé sa propre fille.
De plus, ils considèrent la pièce comme une atteinte à lareligion.
Mais le roi ne tient pas compte de ces calomnies et le premier fils de cette union sera son filleul.
En 1664,Molière joue Tartuffe au palais de Versailles.
Bien qu'il ait lu la pièce au roi avant la représentation et malgré — ou àcause — de son succès, la pièce fut interdite le lendemain.
Vrais croyants et faux dévotsPour comprendre les passions que déchaîna la pièce, il faut la replacer dans son contexte social.
Tartuffe caricatureà peine les dévots qui regroupaient aussi bien des croyants sincères tels Bossuet ou saint Vincent de Paul qued'habiles escrocs qui profitaient de la naïveté des autres.
Le terrain était donc dangereux et l'on reprochait à Molièrede salir les vrais croyants tout autant que les faux dévots parce qu'il ne précisait pas assez l'imposture dupersonnage.
On lui reprochait également de représenter et de mettre en cause la religion dans un divertissementprofane que l'Eglise condamnait par ailleurs.
Malgré l'interdiction qui ne visait que les représentations publiques,Molière donna lecture privée, adressa au roi plusieurs «placets»...
Mais il lui faudra attendre 1667 pour qu'enfin le roiautorise la représentation en public.
Le succès fut considérable et la pièce fut jouée soixante-dix-sept fois duvivant de l'auteur.
Un personnage centralTartuffe est sans conteste la pièce la plus structurée qu'ait écrite Molière.
Aucune intrigue secondaire, aucun détailn'est laissé au hasard et, si l'on excepte l'intervention du roi, tous les éléments mis en place tendent vers la scènefinale.
L'intrigue sentimentale est immédiatement évoquée ainsi que la menace que représente Tartuffe (vers 217-218) et, bien sûr, ne connaîtra son dénouement qu'à la fin de la pièce.
Entre ces deux temps, Molière fait évoluerson personnage de dévot de façon à ce qu'il déstabilise complètement l'unité familiale grâce à l'emprise qu'il a surOrgon.
Lorsqu'il sera démasqué, il passera de la manigance à la déclaration de guerre.
La pièce est tellement bienajustée qu'il faudra l'intervention d'un deus ex machina (le roi) pour que la comédie ne tourne pas au drame.Tartuffe, l'hypocrite par excellence, utilise ainsi toutes les ficelles du métier: il sollicite, se pose en saint, tâched'arracher par le discours ce qu'on lui refuse et enfin utilise la force.Ce type de personnage sera fréquemment attaqué par Molière dans son théâtre {Lé Misanthrope, 1666, Don Juan,1665)..
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