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MOLIÈRE : L'Avare (Résumé et Analyse)

Publié le 22/02/2012

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En 1668, Molière est âgé de quarante-six ans. La longue et pénible bataille du Tartuffe, que jalonnent deux créations d'importance, Dom Juan (1665) et Le Misanthrope (1666), est sur le point de s'achever. Avec Amphitryon et George Dandin, oeuvres à grand spectacle et accompagnées de divertissements (musique, ballets, déguisements, machines) qui annoncent Le Bourgeois gentilhomme (1670), le poète semble avoir opté pour un registre brillant, propre à satisfaire aux exigences de la Cour et au goût du Roi lui-même. Quelle place peut-on donner à L'Avare, pièce austère, complexe, déconcertante à tant de points de vue ? Sans doute s'agit-il du retour à la grande comédie en cinq actes ; mais, trois ans après l'interdiction de Dom Juan, ce retour à la prose peut apparaître comme un défi, dans une oeuvre qui n'est ni une comédie courte, ni une farce, ni une comédie-ballet ; et, de fait, cette prose a une fois de plus déconcerté le public. D'autre part, si le sujet est emprunté, comme celui d'Amphitryon, au théâtre de Plaute (l'Aulularia ou Comédie de la marmite), Molière introduit dans la pièce des éléments de la tradition farcesque (gags, jeux de rythme, structures de scènes) et des thèmes empruntés à la comédie italienne et française de la Renaissance (le vieillard amoureux), aux romans des armées 1650-1660 (les aventures galantes des jeunes gens) ou aux tragi-comédies du temps de Rotrou. L'ensemble peut donc paraître composite et sa richesse le rend parfois difficile à comprendre, surtout pour de jeunes lecteurs. Les metteurs en scène n'ont d'ailleurs pas hésité, jusqu'à une époque récente, à en faire une « toilette » souvent indiscrète.

« du fils, qui lui impose son rythme et sa progression. 2.

L'actionSi l'intrigue de la comédie comporte plusieurs fils, l'un d'eux est privilégié : les amours rivales de Cléante et de sonpère :Acte I.

Cléante veut solliciter le consentement de son père à son mariage avec Mariane (sc.

2).

Mais avant mêmed'avoir pu avouer son amour, il est mis en position d'échec : Harpagon a formé le projet d'épouser lui-même la jeunefille et se trouve donc être le rival de son fils (sc.

4).

Pris d'un « éblouissement », celui-ci a dû quitter la scène.Acte II.

Cléante et sa soeur Élise (elle-même amoureuse et aimée de Valère, qui joue pour elle le rôle d'intendant dela maison) sont dépourvus de ressources, du fait de l'avarice du père, qui les prive même de l'héritage maternel.

Lejeune homme entend mener cependant un train de vie conforme à sa condition de fils de bourgeois aisé, dont l'âgeest de plus celui où l'on dépense plus volontiers que l'on n'amasse.

Si comme il le craint il n'obtient pas leconsentement paternel pour son mariage, il envisage d'enlever Mariane.

Il a donc besoin d'argent et grâce aux bonsoffices de son valet, La Flèche, il s'est adressé à un usurier.

Il découvre que cet usurier est son père (sc.

2).

Aprèsun violent affrontement avec ce dernier, Cléante est contraint, à nouveau, de se retirer sans avoir rien obtenu (id.).Acte III.

Cléante semble reprendre l'avantage avec la complicité discrète de Mariane elle-même.

Il parvient en effetà parler au nom de son père puis à se substituer à lui, sous ses propres yeux, avec l'offrande du diamant et lapréparation de la collation (sc.

7).

Triomphe illusoire : Harpagon est sur ses gardes et Cléante sous étroitesurveillance.Acte IV.

L'avantage revient décidément à Harpagon : soupçonnant l'amour qui unit Cléante et Mariane, il empêcheson fils de sortir pour accompagner les jeunes femmes à la foire, le met à l'épreuve au moyen d'une feinte et leconfond (sc.

3).

Cléante refusant de renoncer à Mariane, le voilà chassé, déshérité et maudit par l'auteur de sesjours (sc.

5).Acte V.

Cléante ne se retrouvera en position de force que grâce au vol de la cassette (le « trésor » d'Harpagon),commis pour lui par La Flèche (IV, 6 et 7), et en recourant au chantage : Harpagon ne rentrera en possession deson argent qu'à condition de laisser son fils épouser Mariane.

Tandis que l'aventure romanesque d'Élise et de Valèrese dénoue grâce au motif également romanesque du retour d'un père disparu, les amours de Cléante et de Marianene trouvent leur heureux aboutissement que par cet affrontement final où Harpagon est sommé de choisir entre sonamour de l'argent et son amour de la' beauté (sc.

6).L'unité de L'Avare est donc assurée par un fil central, qui présente le double intérêt de se conformer à la traditioncomique européenne et d'engager un certain nombre de réalités contemporaines : l'usure, les conflits entre parentset enfants, les rapports entre maîtres et domestiques et la manie procédurière, dont Racine fait la satire, en cettemême année, dans Les Plaideurs. Les personnages Le personnage principal est, comme beaucoup d'autres « héros » de Molière (d'Arnolphe dans L'École des femmes àArgan dans Le Malade imaginaire), condamné à la solitude ; une solitude qui n'a ni la grandeur sombre de celle deDon Juan, ni le panache de celle d'Alceste.

Sa manie l'isole de tous, même de ceux qui auraient intérêt à se mettrede son côté (comme Frosine qui passe du côté des jeunes gens au début de l'acte IV) ; le seul qui lui voue unesorte de « tendresse », maître Jacques, est fort mal récompensé de son dévouement.

Au dénouement, il ne reste àHarpagon, pour toute compagnie, que sa « chère cassette ».Mais il apparaît aussi, en raison de cette même manie, comme un des personnages les plus violents et les plusimpitoyables du théâtre de Molière.

Non seulement il maudit son fils (comme le faisait Orgon dans Le Tartuffe),promet le couvent à sa fille (V, 4 : la menace était déjà prêtée à Gorgibus dans Les Précieuses ridicules), mais il envient à regretter qu'elle ne se soit pas noyée plutôt que d'avoir été secourue par Valère ; quant à ce dernier,suspecté du vol de la cassette, il se voit menacé de la potence et même de l'infamant supplice de la roue.

Lecynisme d'Harpagon est tel qu'il se réjouit à l'idée qu'il pourrait « mettre en terre » ses enfants et petits-enfants (II,5).Comme usurier, Harpagon est poussé jusqu'à une caricature qui peut nous faire songer à Daumier.

Non seulement ilpratique des taux excessifs, mais il oblige l'emprunteur à « prendre les vieux rogatons qu'il ramasse », c'est-à-direqu'il a dû obtenir à vil prix (II, 1).Il présente encore un caractère singulier.

Il se débarrasse de ses enfants à bon compte (I, 4 ; III, 6 ; V, 6) ettrouve parfaitement naturel de leur donner en mariage un veuf et une veuve sur le déclin, tandis qu'il se réserveMariane, alors qu'il est tout à fait conscient de la différence d'âge (II, 5).

Tout se passe comme s'il était à larecherche d'une nouvelle jeunesse et souhaitait s'offrir cette richesse-là en plus des biens monnayés qui luiappartiennent déjà.Les jeunes gens.

Tout en paraissant constituer deux couples parallèles, ils sont dotés de caractères aussi différentsque le seront bientôt ceux des amoureux des Fourberies.

C'est que leurs situations sont elles-mêmes très différentes:Valère s'est fait engager comme intendant chez Harpagon.

Il est de ce fait constamment présent dans la maison eten rapport avec tous les membres de la famille et de la domesticité.

Cette position l'amène à jouer le rôle d'arbitreentre père et fille, comme entre maître et serviteur (I, 5 ; III, 1).

Il est tenu également à se faire passer pour cequ'il n'est pas, jusqu'à la reconnaissance finale.Bien que destinée à être reconnue comme sa sœur, Mariane n'est en rien le pendant féminin de Valère.

Ellen'apparaît qu'à l'acte III, dans une maison où elle ne connaît personne et où elle demeurera une étrangère même. »

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