Modification (la). Roman de Michel Butor
Publié le 21/10/2018
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Modification (la). Roman de Michel Butor (né en 1926), publié à Paris aux Éditions de Minuit en 1957. Prix Théophraste-Renaudot.
Paru la même année que la Jalousie d'Alain Robbe-Grillet, le Vent de Claude Simon et Tropismes de Nathalie Sarraute, ce troisième roman de Michel Butor associe avec originalité une écriture moderne à l'analyse classique d'une « crise » psychologique. Il est devenu aux yeux du grand public un des ouvrages les plus représentatifs du Nouveau Roman.
Première partie. Le narrateur, Léon Delmont, au cours d'un voyage en train de Paris à Rome, passe en revue les différentes étapes de sa vie familiale. Il pense à sa femme, Henriette, à ses quatre enfants, alors qu’il va retrouver à Rome sa jeune maîtresse, Cécile. Il est fermement décidé à rompre avec son épouse. Il fera venir Cécile en France, lui trouvera un travail et s’installera avec elle. Le train arrive en gare de Dijon.
Deuxième partie. Tantôt les images de Paris se superposent aux souvenirs romains, tantôt l’espace de la Ville étemelle envahit dans les rêves du narrateur, le paysage parisien. Il habite à proximité du Panthéon ; la Madeleine, l’arc de triomphe de l’Étoile et bien d’autres monuments encore entretiennent cette confusion avec la Rome antique. Légèrement assoupi, le narrateur laisse vagabonder son imagination. Il songe à Henriette, à Cécile, à un voyage fait à Rome avec sa femme, à sa maîtresse venue passer quelques jours à Paris. Dans le compartiment où la nuit devient de plus en plus opaque, les lieux, les êtres se confondent. La réalité se dissout ou se modifie.
«
Première partie.
Le narrateur.
Léon Delmont, au cours d'un voyage en train de Paris à Rome, passe en revue les différentes étapes de sa vie familiale.
Il pense à sa femme, Henriette, à ses quatre enfants, alors qu'il va retrouver à Rome sa jeune maîtresse, Cécile.
Il est fermement décidé à rompre avec son épouse.
Il fera venir Cécile en France, lui trouvera un travail et s'installera avec elle.
Le train arrive en gare de Dijon.
Deuxième partie.
Tantôt les images de Paris se superposent aux souvenirs romains, tantôt l'es pace de la Ville éternelle envahit.
dans les rêves
du narrateur, le paysage parisien.
Il habite à proxi
mité du Panthéon ; la Madeleine, l'arc de triom phe de l'Étoile et bien d'autres monuments
encore entretiennent cette confusion avec la Rome antique.
Légèrement assoupi, le narrateur laisse vagabonder son imagination.
Il songe à Henriette, à Cécile, à un voyage fait à Rome avec sa femme, à sa martresse venue passer quelques
jours à Paris.
Dans le compartiment où la nuit
devient de plus en plus opaque, les lieux, les êtres se confondent.
La réalité se dissout ou se modifie.
Troisième partie.
La frontière passée, le train
sortant d'un tunnel, la rêverie du narrateur, elle aussi, semble s'aiguiller sur de nouvelles voies.
Il abandonne son projet initial.
Son attitude à l'égard de Cécile a changé : il découvre que ce qu'il aime en elle est l'image même de Rome.
Elle n'aurait pas sa place en France.
Aussi, lorsqu'il
arrive à destination, il décide finalement de ne pas rencontrer Cécile cette fois-ci.
Il rentrera seul à Paris.
La Modification se présente comme
un étrange récit autobiographique, à la
deuxième personne et au présent.
Directement interpellé par
un« vous>>,
le lecteur semble ainsi amené à vivre
les événements au fur et
à mesure de
leur narration.
L'analyse psychologi
que du personnage central, Léon
Del
mont, écartelé entre sa femme et sa
maîtresse, est aussi celle
du destina
taire -de toute personne qui se trouve
confrontée
à un choix affectif, à une
remise en question de ses valeurs et de
ses habitudes.
Mais l'emploi systématique du
« vous >> ne se réduit pas à cette seule
fonction conative.
Il s'agit au moins
autant d'exprimer
un monologue inté- rieur,
une pensée
à demi-consciente,
une réalité mentale en train de s'élabo
rer, de se (dé-) construire, de se modifier
sous nos yeux.
Le prétexte du livre n'est qu'une
banale anecdote : un homme d'une
quarantaine d'années prend le train
pour rejoindre
sa maîtresse.
Au cours
du voyage, il trouve toutes sortes de
bonnes raisons pour renoncer à
sa
fugue.
À peine arrivé à destination, il
décide de faire le trajet inverse pour
retrouver sa femme.
Spatialement, il
s'agit
d'un aller-retour; temporelle
ment,
d'un week-end gâché.
Mais que
de choses
se sont passées dans la tête
du narrateur
tout au long de ce par
cours ferroviaire
! Froidement objectif,
Butor
ne paraît décrire, avec l'obsé
dante minutie propre au Nouveau
Roman, que la surface visible des cho
ses :
un wagon ( « Sur le tapis de fer
chauffant
il y a deux pépins de pomme
immobiles
tout à côté de votre pied
gauche»), les vues qui ornent le com
partiment, les six autres voyageurs, au
dehors la pluie sur
les vitres; les villes
traversées.
Mais, très vite, sur le rythme
lancinant du train, s'écoulera le cou
rant de conscience
du narrateur/lec
teur assoupi :
« Les rails et les fils se
multiplient>>, note-t-il, reconnaissant
implicitement que tous les chemins
(de
fer) se ramifient mais ne mènent
pas forcément à Rome.
La veilleuse
bleue
dont l'éclat fugitif surgit dans la
nuit évoque la pâle lueur de lointains
souvenirs.
Mais l'anamnèse est impos
sible :
le passé s'éloigne dans l'ombre
comme
le train qui s'engouffre dans les
tunnels.
Par les fenêtres, des lambeaux
de paysage font irruption, des lumières
scintillent puis disparaissent.
Passent
les noms des villes avec leur cohorte de
réminiscences.
Espace clos, prison
ambulante, le wagon est
le lieu par
excellence
du passage, métaphore de
l'esprit où toutes les images s'élabo
rent, s'associent,
se dissolvent et.
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