Misère et noblesse de Eduardo Scarpetta
Publié le 06/04/2013
Extrait du document
Misère et noblesse a été écrit en 1888 en dialecte napolitain ; malgré un certain parti pris régionaliste, Eduardo Scarpetta ( 1853- 1925) est un écrivain célébré dans toute la Péninsule. La pièce connaît un succès qui ne s'est jamais démenti depuis sa création : deux films et un opéra en ont déjà été tirés.
«
Considéré comme le
rénovateur du genre
traditionnel de la
commedia dell'arte,
Scarpetta est, en outre,
un grand admirateur du
théâtre français de
boulevard ; ainsi, il est
l'adaptateur en Italie
de Labiche, de
Feydeau, de Meilhac
et d'Halévy, etc.
...---- - -- - --EXTRAITS -- - --- --
Le jeune noble ex pose son problème
EUGÈNE.
- Comme vous devez le savoir, je
suis amoureux fou de la fille d'un certain
Gaetano Semmolone,
qu'on appelle « La
Friture» parce qu'il était cuisinier il y a
trois ans encore.
Il a hérité de tous les biens
de son patron
et maintenant il se fait don
ner de l'Excellence et veut se faire passer
pour noble, bien qu'il ne sache ni lire ni
écrire.
Bon.
Il a une fille qui est un ange et
à qui il a
fait étudier la danse dès son
enfance.
Elle vient d'être engagée comme
première danseuse étoile au théâtre San
Carlo, mais tout cela ne
la satisfait pas, car
elle m'aime et elle voudrait être vraiment
à moi.
PASCALE.
-Et le père s'oppose ?
FELICE.
-Le père s'arrose?
PASCALE.
-Le père s'oppose.
FELICE.
-Ah ! j'avais compris le père s 'ar
rose.
EUGÈNE.
-A vrai dire, son père veut bien la
marier, mais il veut qu'elle épouse un noble.
PASCALE.
-Et vous n'êtes pas noble ?
EUGÈNE.
-Bien sûr que si, mais l'ennui,
c'est que mes parents n'accepteront jamais
ce mariage.
Les faux nobles
GAETANO.
-A table, il y aura Gemma et moi.
Pas d'étrangers.
(Tout d'un souffle.)
Pourrais-je avoir le très grand honneur de
vous avoir à dîner ce soir ?
LES FAUX NOBLES -scandalisés.
- Oh ! ! !
GAETANO, à part.
-J'aifait une gaffe!
FELICE.
- Il aurait mieux fait de ne rien dire!
PASCALE.
-C'est tout à fait inhabituel...
Comtesse, qu'en dites-vous?
CONCETTA.
- Je dis comme VOUS, Marquis.
PASCALE, à Felice.
- Et vous, Prince ?
FELICE.
- En ce qui me concerne, j'accepte
rai.
PASCALE.
-Eh bien ...
nous acceptons !
GAETANO.
- Oh ! merci...
merci.
Je vous en saurai
gréjusqu'aujourde ma
mort.
FELICE.
- Ça vous fait tellement plaisir que
nous dînions chez vous ?
GAETANO.
- Un immense plaisir !
FELICE.
-Alors, pour vous faire plaisir.
..
nous resterons aussi demain !
GAETANO.
- Et aussi après-demain ?
FELICE.
- Nous resterons une semaine.
GAETANO.
- Un mois.
FELICE.
- Deux mois.
GAETANO.
-Six mois.
FELICE.
- Une année.
GAETANO.
- Deux années .
FELICE, à part.
- Eh bien ! nous voilà fait !
(A Gaetano.) Mais c'est vraiment pour vous
faire plaisir.
Adaptation française
de Jacques Fabbri
« Les Napolitains ( ...
)sont pauvres et ils en
rient.
» Morvan Lebesque (gouache de
Chiatamone, première moitié du XIXe siècle)
NOTES DE L'ÉDITEUR cette comédie pittoresque, mouvementée,
haute en couleur et toute imprégnée
d'humanité.
Sa Compagnie fait merveille.»
Georges Lerminier,
Le Parisien Libéré,
1956.
tragique
qu'un De Filipo
a merveilleuse
ment emprunté résonne dans tout le théâtre
capouan et singulièrement dans les
vaudevilles d'Eduardo Scarpetta, traducteur
et imitateur de Labiche.
» Morvan
Lebesque,
Carrefour, 1956.
Réactions
enthousiastes suite
à la
présentation, pour la première fois à
Paris,
de Misère et noblesse par la troupe de
Jacques Fabbri au Théâtre de
l' Alliance
Française en 1956.
« Vaudeville si l'on veut, ce vaudeville
m'est cher, Scarpetta, Labiche napolitain
qui mourait
il y a trente ans, l'a signé,
mais aussi Fabbri qui a eu la main
particulièrement heureuse en choisissant
1 D.R.
2, 3 documentation Galerie d'art, 25, Grand-Rue , Genève
« Unamuno a écrit que tout pouvait être
risible, sauf la misère.
Les Napolitains lui
donnent tort, car ils sont pauvres et ils en
rient ; mais il est vrai que, pareil
à son
soleil qui ne brille si bien que sur du noir,
le rire de Naples n'éclaire souvent
qu'une
amertume funèbre.
Ce rire énorme et
« Scarpetta sut rénover un genre qui allait
perdre l'audience de sa ville natale et
donner
à Pulcinella un visage dans lequel
purent se mirer avec ravissement ses
compatriotes.» Gustave Joly,
L'Aurore,
1956.
SCARPETT A 02.
»
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