Misanthrope (le). Comédie en cinq actes et en vers de Molière (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
Publié le 24/10/2018
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Misanthrope (le). Comédie en cinq actes et en vers de Molière, pseudonyme de Jean-Baptiste Poquelin (1622-1673), créée à Paris au théâtre du Palais-Royal le 4 juin 1666, et publiée à Paris chez Jean Ribou en 1667.
Le chef-d'œuvre de Molière a connu une longue gestation : celui qui a écrit l'Amour médecin en moins de cinq jours a porté deux ans son Misanthrope. En 1664, il en lisait le premier acte chez M. de Broussin ; ensuite, plus de nouvelles jusqu'au jour de la création parisienne. Les deux premières représentations - Molière jouait Alceste ; Armande Béjart, sa femme, était Céli-mène - furent brillantes, après quoi les recettes fléchirent : la farce du Médecin malgré lui arriva à point, le 6 août, pour les soutenir. Le Misanthrope fut joué 35 fois la première année, mais fort peu les années suivantes : 28 fois jusqu'à la mort de Molière. Entrée au répertoire dès la fondation de la Comédie-Française, la pièce y sera représentée 165 fois de 1680 à 1700 (seul le Tartuffe la dépasse), 431 fois au xviiie siècle, 614 au xixe et plus de 600 fois encore au xxe : le total la situe évidemment dans le groupe des comédies le plus souvent reprises ; presque autant que l'Avare, mais encore en retrait par rapport au Tartuffe.
Comme cette dernière comédie, le Misanthrope est sorti à peu près entièrement de l'imagination de Molière. Le philosophe athénien Timon (Ve siècle avant J.-C.) a bien fourni la matière d'un dialogue de Lucien, Timon ou le Misanthrope (IIe siècle après J.-C.), mais la pièce de Shakespeare Timon of Athens (1606) est inconnue de Molière. Du côté des modèles vivants d'Alceste, on a cité Boileau pour la scène du sonnet (ou plutôt il s'est lui-même décerné cet honneur dans une lettre de 1706) et M. de Montausier, qui avait déjà posé pour un des personnages d’Artamène ou le Grand Cyrus de Mlle de Scudéry. Si l'on ajoute les Problèmes sceptiques (1666), où La Mothe Le Vayer - un ami de Molière - agite la question de la sincérité et du conformisme social, on aura presque complètement circonscrit les sources plausibles d'inspiration ou d'influence. Les sources certaines sont en petit nombre et renvoient à l'auteur lui-même : la tirade d'Éliante sur les noms flatteurs dont on masque les défauts de l'objet aimé (II, 5, v. 711730) est tout ce qui reste d'une traduction du De natura rerum de Lucrèce entreprise par Molière dès sa sortie du collège ; les scènes 2 et 3 de l'acte IV contiennent une quarantaine de vers repris par lui de sa comédie héroïque Dom Garde de Navarre, tombée en 1661 : Alceste souffre du même mal que le prince espagnol, la jalousie. Enfin, on se permettra d'avancer, après tant d'autres, que Molière a pu trouver dans les graves difficultés des années 1663-1666 - interdiction du Tartuffe, étouffement de Dom Juan, pamphlets attaquant sà vie privée et dénonçant l'impiété de ses œuvres, mésentente avec Armande, rupture avec Racine, maladie - de quoi alimenter indirectement la sombre humeur d'Alceste. L'auteur et son personnage relèveraient même, si l'on en croit tel auteur bien renseigné de l'époque (Le Boulanger de Ghalussay) ou le plus érudit des moliéristes actuels (G. Couton), d'un semblable diagnostic d'hypocondrie.
Dans le salon de Célimène, où ils sont encore seuls, Alceste reproche à Phiiinte ses complaisances indifféremment répandues sur tous ceux qu’il rencontre. Pour Alceste (le misanthrope), c’est une rude franchise qui devrait régner entre les hommes, et non point l’hypocrisie et les politesses intéressées. Sur le chapitre de la sincérité, il n’est d’ailleurs pas satisfait de la « coquetterie » de son amante Célimène et ne vient la trouver que pour avoir avec elle une explication décisive. Oronte fait son entrée et sollicite l’avis d’Alceste sur un sonnet dont il est l’auteur : après quelques tergiversations, Alceste finit par lui déclarer que le poème ne vaut rien. Brouille entre les deux hommes : Alceste se met « sur les bras une fâcheuse affaire » qui s’ajoute à un procès d’issue douteuse (Acte I).
«
(1606) est inconnue de Molière.
Du
côté des modèles vivants d'Alceste,
on
a cité Boileau pour la scène du sonnet
(ou
plutôt il s'est lui-même décerné cet
honneur dans une lettre de 1706) et
M.
de Montausier, qui avait déjà posé
pour un des personnages d'* Artamène
ou le Grand Cyrus de Mlle de Scudéry.
Si l'on ajoute les Problèmes sceptiques
(1666), où La Mothe Le Vayer- un ami
de
Molière- agite la question de la sin
cérité et
du conformisme social, on
aura presque complètement circonscrit
les sources plausibles d'inspiration
ou
d'influence.
Les sources certaines sont
en petit nombre et renvoient à l'auteur
lui-même : la tirade d'Éliante sur les
noms flatteurs dont on masque les
défauts de l'objet aimé (Il,
5, v.
711-
730) est tout ce qui reste d'une traduc
tion du De natura rerum de Lucrèce
entreprise
par Molière dès sa sortie du
collège; les scènes 2 et 3 de l'acte
IV
contiennent une quarantaine de vers
repris
par lui de sa comédie héroïque
Dom Garde de Navarre, tombée en
1661 : Alceste souffre du même mal
que le prince espagnol, la jalousie.
Enfin,
on se permettra d'avancer, après
tant d'autres, que Molière a pu trouver
dans les graves difficultés des années
1663-1666 -' interdiction du Tartuffe,
étouffement de *Dom Juan, pamphlets
attaquant sa vie privée et dénonçant
l'impiété de ses œuvres, mésentente
avec Armande, rupture avec Racine,
maladie -de quoi alimenter indirecte
ment la sombre· humeur d'Alceste.
L'auteur
et son personnage relève
raient
même, si l'on en croit tel auteur
bien renseigné de l'époque (Le Boulan
ger de Chalussay) ou le plus érudit des
moliéristes actuels
(G.
Couton), d'un
semblable diagnostic d'hypocondrie.
Dans le salon de Célimène, où ils sont encore seuls, Alceste reproche à Philinte ses complaisan ces indifféremment répandues sur tous ceux qu'il rencontre.
Pour Alceste (le misanthrope), c'est une
rude franchise qui devrait régner entre
les hommes, et non point l'hypocrisie et les polites ses intéressées.
Sur le chapitre de la sincérité, il n'est d'ailleurs pas satisfait de la «coquetterie» de son amante Célimène et ne vient la trouver que pour avoir avec elle une explication décisive.
Oronte fait son entrée et sollicite l'avis d'Alceste sur un sonnet dont il est l'auteur: après quelques tergiversations, Alceste finit par lui déclarer que le poème ne vaut rien.
Brouille entre les deux
hommes : Alceste se met « sur les bras une fâcheuse affaire » qui s'ajoute à un procès d'issue douteuse (Acte 1).
Alceste s'en prend maintenant à Célimène,
qu'il juge trop empressée à recevoir ses rivaux.
Précisément.
on en annonce deux, les « petits
marquis » Acaste et Clitandre.
Leurs médisances
excitent la verve satirique de Célimène, qui trace avec une spirituelle cruauté le portrait de divers
absents.
Elle tenrnine par celui d'Alceste en « esprit contrariant».
Celui-ci, comme pour confinmer la diatribe, reproche aux marquis de
flatter l'humeur railleuse de Célimène et à la jeune femme d'y céder.
Alceste est résolu d'at
tendre l'improbable départ des marquis, mais un garde envoyé par le tribunal des maréchaux pour régler une affaire d'honneur le convoque sur-le champ : c'est la suite de la querelle avec Oronte (Ade 11).
Acaste étale devant Clitandre toutes les rai sons qu'il a d'être content de soi, et satisfait en particulier des sentiments de Célimène à son égard.
Les deux marquis s'engagent à se céder
réciproquement la place si l'un d'eux peut don
ner la preuve qu'il est aimé.
Au moment où Céli mène revient, on l'avertit de la visite d'Arsinoé.
Acaste et Clitandre quittent la pièce lorsque
celle-ci y pénètre.
Avec une aigreur faussement
charitable, elle fait part à Célimène de la fâcheuse réputation que lui vaut sa coquetterie ; Célimène
réplique·sur le même ton en évoquant la prude
rie d'Arsinoé, réduite par l'âge aux apparences
de la vertu.
Arsinoé saisit l'occasion d'un tête-à
tête avec Alceste pour lui proposer (en vain) son
soutien à la cour et (avec succès) un gage de la trahison de Célimène (Acte Ill).
Éliante a du penchant pour Alceste, et Philinte pour Éliante.
Alceste, révolté par une lettre de Célimène que lui a montrée Arsinoé, se tourne
par dépit du côté d'Éiiante : avec prudence, celle
ci ne rebute ni n'encourage ses vœux.
Lorsque Célimène paraît, c'est pour être accablée des plaintes de son amant, qui l'accuse de duplicité; mais elle joue assez habilement sur la· passion.
»
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