MIREILLE. Personnage de Frédéric Mistral
Publié le 24/10/2017
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MIREILLE [Mirèio]. Personnage principal du poème homonyme (1859) de Frédéric Mistral. Il est rare que le nom d’un héros — ou d’une héroïne — de roman devienne populaire au point de servir par la suite de nom de baptême : il faut pour cela que l’œuvre littéraire ait provoque des résonances profondes dans l’âme du peuple qui la lit, il faut que le peuple y trouve le reflet de sa propre personnalité. C’est ce qui s’est produit pour Mireille, grâce à la fois au génie de son créateur et au talent de son adaptateur musical, Gounod. Mireille est la fille d’un propriétaire aisé, c’est une chrétienne, c’est surtout une amoureuse. Tout le drame de Mireille résulte de l’opposition, parfois irréductible, de ces trois éléments fondamentaux du caractère de la jeune fille. Pour bien comprendre la psychologie de Mireille, il faut toujours avoir présent à l’esprit que Mistral a commencé son poème en 1851, à une époque où il était sous l’influence des idées lamartiniennes, et sans plan bien défini. Il
nous dit en effet dans Mes origines qu’il
voulait seulement «faire naître une passion entre deux beaux enfants de la nature provençale, de condition différente », et laisser ensuite les événements se dérouler comme dans la vie quotidienne. De condition différente : cela avait une signification précise en 1851, où le cloisonnement entre les classes de la société était plus étanche qu’aujourd’hui. De là devait naître le drame ; mais pour qu’il y eût drame, il fallait que la jeune fille fût plus élevée, socialement parlant, que le jeune homme, afin de ne pas tomber dans le conte de fées où les rois épousent des bergères. Voilà pourquoi Mireille est la fille d’un paysan-propriétaire, tandis que Vincent n’est qu’un nomade. Cela posé, un autre problème se présentait : la jeune fille étant placée plus haut que le jeune homme, l’amour de celui-ci risquait d’être suspect dès le départ ; on ne pouvait croire à sa sincérité absolue, mais bien plutôt à un calcul ambitieux. Voilà pourquoi Mistral a fait de ses amoureux des « enfants » : à l’âge de Vincent et de Mireille, il ne saurait être question d’attitude concertée. « Dans ses quinze ans était Mireille » : cette précocité, outre qu’elle est parfaitement vraisemblable, apporte à l’amour de la jeune fille une fraîcheur, une spontanéité, et aussi une force, qui lui feront surmonter tous les obstacles, et Dieu sait si elle en trouvera sur sa route. Sans doute, au chant I, qui est un chant d’exposition, l’amour des deux enfants est-il encore inconscient. Pour Vincent, Mireille n’est que la fille de la ferme, qu'il revoit toujours volontiers. Il ne sait pas encore que c’est là de l’amour naissant. Mireille non plus, et pourtant elle se laisse charmer par ses paroles. On sent déjà dans les propos de
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