Mémoires - Le cardinal de Retz
Publié le 10/04/2013
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La Fronde est une guerre civile qui sévit en France de 1648 à 1652 pendant la minorité de Louis XIV. Elle unit le peuple, le Parlement et la noblesse contre Mazarin. Elle débute par la Fronde parlementaire, à laquelle succède la Fronde des princes, puis l'union des Frondes. Cette révolte se solde par un échec, et la Monarchie en sort renforcée.
Le cardinal de Retz appartenait à la famille des Gondi, pour qui l'archevêché de Paris constitua une sorte de fief transmis d'oncle en neveu. Né en 1613 et mort en 1679, il joua un rôle politique de premier plan lors de la Fronde. Le
«
-- ---- - -E XTRAITS
Le cardinal Mazarin
Le jeune Paul de Gondi refuse de faire
sa cour à Richelieu
Voilà la source de ma première disgrâce ;
car au lieu de répondre à ses avances et aux
instances que Monsieur
le Grand Maître me
fit pour m'obliger à lui aller faire ma
cour, je ne les payai toutes que de
très méchantes excuses.
Je fis
le malade, j'allai à la cam
pagne ; enfin
j'en fis assez
pour laisser voir que je ne
voulais point m'attacher à
M.
le cardinal de Richelieu,
qui était un très
grand
homme, mais qui avait au
souverain degré
le faible de
ne point mépriser les petites
choses.
Il témoigna en ma
personne ; car l'histoire
de
La Conjuration de Jean
Louis de Fiesque, que
j'avais faite à dix-huit ans,
ayant échappé, en ce temps-là, des
mains de Lozières, à qui
je l'avais
confiée seulement
pour la lire, et ayant été
portée à
M.
le cardinal de Richelieu par
Boisrobert, il dit tout haut, en présence du
maréchal d'Estrées et de Senneterre :
« Voilà un dangereux esprit.
» Le second le
dit, dès le soir même, à mon père, et je me
le tins comme dit à moi-même.
Arrestation de Broussel, 26août1648
Mais je ne vous puis exprimer la conster
nation qui parut dans Paris
le premier quart
d'heure de l'enlèvement
de Broussel, et le
mouvement qui s'y fit dès le second.
La
tristesse, ou plutôt l'abattement, saisit
jusques aux
enfants; l'on se regardait et
l'on ne se disait rien.
L'on éclata tout d'un coup: l'on s'émut, l'on
courut, l'on cria, l'on ferma les boutiques.
J'en fus averti, et quoique je ne fusse pas insensible
à la manière dont j'avais été
joué
la veille au Palais-Royal, où l'on m'avait
même prié de faire savoir à ceux qui étaient
de
mes amis dans le Parlement que la
bataille de Lens
n'y avait causé que des
mouvements de modération et de douceur,
quoique, dis-je,
je fusse très piqué, je ne
laissai pas de prendre le parti, sans balan
cer, d'aller trouver la Reine et de m'attacher
à mon devoir
préférablement à toutes
choses.
(.
..
)Je sortis en rochet et camail, et
je ne fus pas au Marché-Neuf que je fus
accablé d'une foule de peuple, qui hurlait
plutôt qu'il ne criait.
Je m'en démêlai en
leur disant que la Reine leur ferait justice.
Portrait du pape Alexandre VII (1655)
Il était continuellement appliqué à des
bagatelles
(.
..
) ; car le pape nous ayant
envoyé quérir, M.
le cardinal Rapaccioli et
moi, et nous
ayant commandé de monter
avec lui dans son carrosse, il nous tint, trois
heures entières que la promenade dura, sur
les minuties les plus fades que la critique la
plus basse d'un petit collège eût
pu produire;
et Rapaccioli, qui était un fort bel esprit, me
dit, quand nous fûmes sortis de sa chambre,
où nous le reconduisîmes, qu 'aussitôt
qu'il serait arrivé chez
lui, il distillerait le
discours du pape pour voir ce qu'il pourrait
tirer de bon sens d'une conversation de trois
heures,
dans
laquelle il avait
toujours parlé
tout seul.
La fin de la Fronde :
entrée du roi à Paris
NOTES DE L ' ÉDI TEUR
« Trois siècles après leur rédaction, ce que
l'historien demande aux
Mémoires n'a plus
grand-chose de commun avec ce que
réclamaient ses prédécesseurs du
xvme et
du
XIXe siècle.
Encore proches de la .
Fronde et toujours soumis
à la Monarchie
absolue, les lecteurs du Siècle des Lumières
se passionnaient pour un livre subversif
dont ils attendaient des révélations, de
l'inédit.
Le
XIXe siècle positiviste désirait,
lui, un récit événementiel exact, précis et
bien documenté de la Fronde, et s'indignait de
ne pas le trouver chez Retz.
De nos
jours, c'est un témoignage
au deuxième
degré que nous sollicitons des
Mémoires,
dans lesquels nous voyons surtout une
source de premier ordre pour l'histoire
intellectuelle et pour l'histoire des
mentalités.
» Michel Pernot, Note sur le
texte, La Pléiade, Gallimard, 1983.
séduisant
qu'il a deux ou trois fois touché
de plus près au triomphe.
C'est que trop
intelligent pour ne pas compter avec le
destin, il a toujours été trahi par le hasard
au dernier moment, dans l'instant même où
il croyait tenir la carte maîtresse, où il
portait la main sur tout l'enjeu de la partie.
Or, le livre de ce grand homme est le
miroir de son caractère et de son esprit.
Rien
n'y manque, pas même la sérénité( ...
)
qui répond, avec une force incomparable,
à
la conduite finale d'une telle vie.
» André
Suarès,
Tableau de la littérature française,
tome II, Gallimard, 1939.
« Comment un tel homme, comblé des dons
les plus rares pour la politique et
l'action,
a-t-il échoué en tout, et jusque dans la gloire
?
Tel est le drame de ce grand cardinal ; et
d'autant plus tragique, d'autant plus
1 Gir audo n 2 BPU Genève I Nic ol as B ouv ie r 3 Nico las Bouv i er 4 Hac he tte , P ar is, 1866 / B .N.
RETZ02.
»
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