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Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)

Publié le 24/10/2018

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Mémoires d'outre-tombe. Récit autobiographique de François-René, vicomte de Chateaubriand (17681848), publié à Paris en feuilleton dans la Presse du 21 octobre 1848 au 3 juillet 1850, et en volume chez Penaud de 1849 à 1850 (12 vol.). On dispose aujourd'hui, essentiellement, de quatre versions de l'oeuvre : l'édition originale de 1849-1850, rééditée en format de poche ; une édition, dite « du Centenaire » (procurée par Maurice Levail-lant en 1948), qui est supposée rétablir, dans la mesure du possible, le texte de 1841 ; l'édition de la « Bibliothèque de la Pléiade », établie sur la base des derniers manuscrits laissés à sa mort par Chateaubriand et de l'édition originale ; enfin, une nouvelle édition des « Classiques Garnier » par J.-Cl. Berchet, fondée exclusivement sur les manuscrits de 1847 et de 1848, dernier état du texte revu par l'auteur. La numérotation des livres suivie dans le présent article se réfère à cette dernière édition.

Ce dernier texte de Chateaubriand a été destiné par l'auteur lui-même à une publication posthume. L'idée d'écrire les « Mémoires de [sa] vie » remonte à 1803, quand il était secrétaire d'ambassade à Rome, et la composition du vaste ouvrage (près de 4 000 pages manuscrites) traverse ainsi la majeure partie de l'existence de Chateaubriand. Il y songea sérieusement de 1811 à 1814 et y travailla surtout de 1817 à 1822, en 1828-1829, puis dans les années 1830 avant de le terminer, au moins dans leur première rédaction, le 16 novembre 1841. Enfin, il réduisit et corrigea le texte de 1845 à 1847.

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« Le genèse des Mémoires d'outre-tombe est en même temps celle d'un genre lit­ téraire à mi-chemin entre l'autobiogra­ phie et les Mémoires historiques.

Si Chateaubriand, dans les «Mémoires de ma vie» (écrits entre 1811 et 1822), d'où sortirent les douze premiers livres des Mémoires définitifs, voulait ra­ conter sa vie et ses sentiments, « rendre compte de [soi] à [soi]-même >>, « expli­ quer [son] inexplicable cœur>>, ce n'était pas pour livrer des secrets inti­ mes, telle Rousseau des *Confessions, à un public curieux de vies privées.

Ce qu'il confie à Mme Récamier, en lui donnant son premier manuscrit en 1822, c'est la simple histoire de son enfance et de sa jeunesse, sous une forme «convenable à [sa] dignité d'homme >>, comme ille dit dès 1806.

Le projet autobiographique était, en effet, à cette époque de la vie de Cha­ teaubriand, au premier ·plan de ses préoccupations, comme en témoi­ gnent *René et l'Itinéraire de Paris à Jéru­ salem (1811).

Toutefois, les Mémoires devenaient de plus en plus, pour l'auteur, un essai sur lui-même, et Cha­ teaubriand s'inspirait parfois directe­ ment de Montaigne.

À cela s'ajoute la perspective historique du texte, son caractère de Mémoires proprement dits.

Lorsque Chateaubriand lisait, en 1834, toujours dans le salon de Mme Récamier, des extraits de la pre­ mière (enfance et jeunesse) et de la quatrième (1830-1833) partie des Mémoires, il pouvait présenter à un public restreint ces deux facettes de son œuvre, en même temps que les deux extrémités de l'édifice; il lui res­ tait à accomplir la construction des deux parties intermédiaires (1800-1814 et 1814-1830), couvrant les époques où lui-même avait plongé dans l'Histoire collective.

En 1832, il parlait de ses Mémoires à Augustin Thierry : «Je les agrandis, je les complète, j'y mettrai beaucoup d'histoire générale.

» Il pen-sait à la partie historique sur Napoléon (pour laquelle il puisait dans Ségur : Histoire de Napoléon et de la Grande Arméè en 1812) et à celle consacrée à la Restauration (pour laquelle il disposait personnellement de toute une série de documents).

Chateaubriand se faisait donc historien en même temps qu'autobiographe.

Les Mémoires couvrent les trois ou quatre grandes époques de la vie de Chateaubriand coïncidant avec les époques importantes de l'his­ toire politique de la France : 17 69-1800 (la car­ rière du «voyageur»), 1800-1814 (celle du « lit­ térateur»), 1814-1830 (celle de «l'homme d'État » ), et l'après-juillet 1830.

La première partie se termine bien par une longue série de voyages, mais c'est également l'époque de l'enfance passée au château de Combourg, où il s'arrête plus particulièrement au portrait de sa sœur Lucile et à celui, presque lugubre, du père, vieux marin et négociant ren­ frogné et sévère.

Par la suite, l'auteur raconte longuement son voyage en Amérique ( 1791- 1792), l'émigration en Angleterre ( 1793-1800), où il rencontre la jeune Charlotte Ives et écrit ·ou prépare ses premières œuvres (l'Essai sur /es révolutions, les Natchez).

Deux ou trois fois, Cha­ teaubriand passe par Paris (livres V, IX) et en profrte pour décrire la vie parisienne sous la Révolution et les protagonistes de celle-ci.

Il intè­ gre, dans son texte, d'autres genres littéraires apparentés à l'autobiographie : le récit de voyage en citant son Voyage en Amérique, et l'essai en insérant des «Incidences», c'est-à-dire des digressions descriptives, par exemple sur la litté­ rature anglaise (Xli).

La deuxième partie est consacrée aux pre­ miers succès littéraires de Chateaubriand (*A tala, le *Génie du christianisme, Xlii), puis à ses pre­ miers pas dans le monde politique : un poste de secrétaire d'ambassade à Rome duquel il démis­ sionne dès 1804 après l'arrestation et l'exécution du duc d'Enghien dont il raconte le procès (XVI).

Autres morts : celle de son amie Pauline de Beaumont survenue à Rome en 1803 (XV), celle de sa sœur Lucile (livre XVII).

En outre, plusieurs chapitres résument son voyage en Orient de 1806-1807.

La troisième partie comprend deux sections : d'abord l'histoire de Bonaparte (et de Napoléon) depuis sa naissance jusqu'à sa mort à Sainte-. »

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