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Mémoires contre Goëzman de Beaumarchais : Fiche de lecture

Publié le 16/11/2018

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Mémoires contre Goëzman

 

L’affaire Goëzman est d’abord un procès d’intention : avec son or, Beaumarchais a-t-il cherché à corrompre le juge Goëzman ou à obtenir simplement le droit de lui parler? Le verdict dépend moins du fait que du jugement porté sur la moralité des adversaires. C’est aussi un débat politique où s’affrontent ennemis et partisans du « parlement Maupeou », Conti derrière Beaumarchais, le ministre d’Aiguillon derrière Goëzman. Enfin un événement littéraire, avec, contre Beaumarchais, le romancier d’Arnaud et le censeur-historien Marin. La tactique de Beaumarchais est tout entière guidée par un principe : en appeler à l’opinion pour éviter un huis clos où le parlement l’étranglerait sans bruit. Car il risque ici omnia citra mortem^ « tout sauf la mort ».

 

Le premier mémoire (Mémoire à consulter pour P.-A. Caron de Beaumarchais) respecte en gros les lois du genre. Le plaideur tente d’y démontrer son innocence à partir des faits et de maximes de comportement bien choisies : « C’est sur la main qui reçoit que la Justice doit avoir l’œil ouvert, et non sur la main qui donne ». Mais les faits ennuient, et surtout leur vérité devient aléatoire dès qu’autrui les recompose différemment. Aussi, avec le deuxième mémoire (Supplément au Mémoire...), Beaumarchais renverse-t-il son système de défense. Prudemment, le juge a chargé sa femme d’être son porte-parole. Il s’agit donc de la discréditer en la constituant en personnage de comédie : chacun de ses propos est rapporté avec des jeux de scène adéquats (« l’éventail apaisait à coups redoublés le feu qui lui montait au visage »), qui frappent son discours de nullité. Et derrière cette ingénue l’on devine un traître de mélodrame qui agit « dans les ténèbres »; le procès devient une « noire intrigue » dont il faut découvrir l’auteur : « Donnez-moi la main ». Mais ce vraisemblable de comédie conduit Beaumarchais à broder trop librement sur son thème, et la forme théâtrale risque à son tour de constituer en fiction son propre discours. Il a « sacrifié la vérité à l’envie d’amuser le public », dit la Gazette de

France de François Marin (déc. 1773). D’autre part, la bataille devient sans merci : Beaumarchais est accusé d’avoir assassiné ses deux premières femmes, falsifié des lettres. 

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« BIBLIOGRAPHIE J.

Hampton, , Studies on Voltaire, XLVII, 1966; J.-P.

de Beau­ marchais, « les Mémoires contre Goëzman et la morale rousseauiste de rintention ».

Srudies on Voltaire, LXXXVII, 1972.. »

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