MEISTER Wilhelm. Personnage central de trois romans de Gœthe : la Vocation théâtrale de Wilhelm Meister

MEISTER Wilhelm. Personnage central de trois romans de Gœthe : la Vocation théâtrale de Wilhelm Meister (1776-85), les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister (1795-96), et les Années de pèlerinage de Wilhelm Meister (1821-29). « Mon cher portrait dramatique», disait Gœthe en parlant de son héros à Mme de Stein. A travers Wilhelm Meister, Gœthe a d’abord rêvé à des vies possibles puis il a fait le bilan de sa vie réelle. La conception du personnage s’étant étalée sur un peu plus d’un demi-siècle, Wilhelm a évolué, comme Gœthe lui-même, parallèlement à Gœthe, et c’est toute l’expérience morale et sociale d’une existence exemplaire qui sépare le héros de la Vocation théâtrale de celui des Années de pèlerinage. Dans l’ébauche entreprise en 1776 et laissée inachevée, c’est uniquement de la formation d’un artiste, et particulièrement d’un homme de théâtre, qu’il s’agit. Pour construire son personnage, Gœthe n’avait alors qu’à puiser dans les souvenirs de son enfance, qu’à se rappeler ses toutes premières tentatives dramatiques, écrites pour le théâtre de marionnettes de la maison familiale, qu’à revivre l’émerveillement qui l’avait saisi lors de sa découverte de Shakespeare, qu’à traduire le grand rêve qui le possédait encore et que partageait avec lui toute la génération intellectuelle d’alors: avoir un théâtre national. Mais Wilhelm Meister n’a pas seulement à devenir un acteur et un régisseur accomplis. La réalité, c’est-à-dire la connaissance pratique de l’art scénique, reste encore au second plan dans cette première étape de l’évolution du personnage. Le théâtre, pour le Wilhelm de la Vocation théâtrale, est plus qu’un passe-temps, plus qu’un métier, plus même qu’un idéal esthétique et patriotique, c’est la brillante cristallisation de tous les rêves d’aventure et de liberté que pouvait nourrir, dans le xviiie s. déjà sur son second versant, à la veille de l’explosion du « Sturm und Drang », un jeune bourgeois de la province allemande. Ce premier Wilhelm Meister donne dans le « volcanisme », il est ivre de son génie, confiant dans sa mission, abandonné à un enthousiasme qu’il ne cherche guère à contrôler, à expliciter, à déterminer par rapport à des réalisations précises, soit esthétiques soit morales.