MÉDITATIONS POÉTIQUES de Lamartine
Publié le 26/01/2019
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MÉDITATIONS POÉTIQUES, recueil poétique de Lamartine, qui s'enrichit de pièces nouvelles au fil des publications successives : de 1820 à 1823, 9 éditions en portent le nombre de 24 à 30. Suivent, en 1823, les Nouvelles Méditations et, en 1849, les Troisièmes Méditations.
Le recueil n'offre pas au lecteur moderne l'apparence d'une architecture, ce qu'expliquent non seulement la composition échelonnée mais aussi le caractère disparate des textes réunis (pièces de circonstance, méditations calmes, jaillissement du désespoir de la passion, exercice religieux...). En revanche, on observe la permanence de thèmes essentiels : la nature, l'amour, l'interrogation sur la destinée humaine et la foi. Constamment mêlés, ces thèmes, dans leurs variations, reflètent les déchirements et les contradictions de l'âme lamartinienne. Ainsi, la nature, présente dans toutes les Méditations, est ressentie tour à tour comme un refuge (le Vallon), un recours (le Lac), une confidente, une source d'apaisement (l'Automne), le lieu privilégié de la communion avec Dieu (la Prière). Cette nature omniprésente est sans cesse habitée par la vision ou le souvenir de l'aimée, figure mythique nommée Elvire en laquelle il transfigure les femmes qui l'ont ému (Graziella, puis Julie Charles). Épris de spiritualité, Lamartine, en aimant, oscille entre un sensualisme ardent et une sublimation évanescente, et la rêverie d'amour se colore de toutes
les nuances qui vont de l'un à l'autre : épicurienne dans le Lac, désespérée dans l'isolement ou dams l'Homme, elle s'associe à l'amour de Dieu dans l'immortalité, se spiritualise dans Souvenir et s'épanouit d'autant mieux que la mort ou l'absence permettent une transfiguration de l'objet aimé. Ces oscillations de l'amour reflètent le déchirement qu'ouvre en lui l'interrogation sur le sens de la destinée humaine et qui se traduit dans les tâtonnements désespérés de sa foi religieuse : Lamartine est assailli par l'absurdité de la condition humaine (l'Homme) et par la souffrance qui semble être le lot de l'artiste (la Gloire) ; il cherche impatiemment à en percer le mystère, inquiet du temps qui passe et qui broie tout (le Lac, le Désespoir) ; l'accablement, la lassitude de vivre s'abattent souvent sur lui (le Vallon), ce Dieu, qu'il ne va pas jusqu'à renier, lui semble cruellement muet et il se laisse aller parfois au blasphème. Cependant, il ne peut se passer de cette consolation suprême et ses élans reviennent toujours à Dieu. Sa foi, de nature complexe, n'est pas « orthodoxe » : elle hésite entre un déisme que le catholicisme n'a point effacé (l'Homme), des élévations néoplatoniciennes ou néopythagoriciennes (le Vallon) ou encore un mysticisme dont la sensualité diffuse (la Prière) nous intéresse plus que ses efforts bien-pensants (Ode, X). En somme, dans les Méditations, Lamartine désire la foi plus qu'il ne la détient.
Ces trois grands thèmes, nature, amour et foi, s'expriment dans des poèmes de formes étonnamment variées : longueur inégale (de 24 vers pour le Chrétien mourant à 286 pour l'Homme), strophes et mètres divers, aussi bien d'un poème à l'autre qu'à l'intérieur d'une même pièce. La ponctuation, volontiers expressive (interrogations, exclamations), reflète la fébrilité de l'inspiration. Le style s'enrichit — s'embarrasse même — d'abondantes figures confinant parfois au cliché et d'allusions mythologiques qui témoignent d'un goût attardé pour le « beau style » classique. Le plus souvent, le poème s'ouvre sur la description d'un paysage en accord avec l'état d'âme du poète et se poursuit par une effusion lyrique. Si, d'évidence, ces pièces sont nourries des drames intimes de l'auteur, le travail d'écriture a constamment visé (comme le révèle l'examen des variantes) à en gommer l'anecdote personnelle, à en élargir la portée et à leur donner une valeur universelle (l'Ode au lac du Bourget ne devient finalement le Lac qu'à partir de la seconde édition).
Ce court recueil obtint un tel succès dès sa parution (début mars 1820, 500 exemplaires) que les éditions se succédèrent avec des tirages exceptionnellement importants pour un livre de poésie : les 1 500 exemplaires de la 2e ( 10 avril 1820) furent épuisés en 15 jours et en novembre paraissait déjà la 7e édition.
«
«Avertissement de l'Édit eur» signé
Eugène de Genoude, ami de Lamar
tine) et chez Urbain Canel
en 1823.
Comprenant dans l'éditio n originale
vingt-quatre poèmes , le premier recueil
s'a ugm ente
dès avril de deux pièces
écrites
en 1817 e t 1819 {"la Retraite " et
"le Génie").
Six autres éditions se suc
cèdent jusqu'en
1822.
En 1823, la neu
vième (chez Gosselln) ajoute quatre
pièces
("À Elvire", "Ode", "la Naissance
du duc de Bordeaux" et
"Philosophie",
ces deux dernières seules ayant été
écri
tes après l 'originale).
En 1849
enfin, Lamartine porte à quarante et
un poèmes le t otal des premières Médi
tations dans l'é dition des « souscrip
teurs».
Rapidement épuisée, l'édition du
13 mars 1820 est un véritable évé
nement littéraire, le plus déc isif au
x1xe siècle depuis "Atala : la première
manifestation -reconnue comme
telle -du ro mantisme français.
"C'était une révéla tion ,., dira Sainte
Beuve.
Une première lecture y suit les
principales étapes de l'aventure senti
mentale avec Mme julie Charles ren
contrée
en septembre 1816 lors d'une
cure thermale
à Aix-les-Bains.
Retrou
vailles
à Paris pendant l'hiver , vaine
attente l'année sui vante
à Aix , mort de
la jeune phtisique en décembre
1817 à
Paris : il n 'e n faut pas plus pour relier
l'inquiétude douloureuse avant la mort
de l'aimé e ("In vocation ",
"le Lac" et
"l'Immortallté",
1817), la détre sse sui
vant sa disparition
C'l'lsole ment",
1818), et la quête de l'apaisement ("le
Soir", "le Souvenir", "le
Vallon",
"l'Automne", 1819).
D'autres pièces
("la Foi", "la Sema ine sainte à La
Roche-Guyon ", "le Chrétien mou
rant ", "Dieu ", "la Providenc e à
l 'Homme",
" la Prière", "l'H omme")
expriment un fervent sentiment reli
gieux retrempé dans l'épreuve
à partir
de
1818.
Le com mentaire autobiographique,
légitimé par l'auteur lui-même, fausse
ce
pendant le recueil.
Elvire vaut
comme femme aimée et perdue, et le
" je " exprime l'expérience commune.
Les Méditations parlent po ur toute une
.
génération en retrouvant l'universalité
classique.
Les paysages participent de
cette généralisation : le lac du Bourget
se fond dans
une inspiration lacustre -
ou lakiste
-, le Craz dominant Milly
("l'Isolemen
t") renvoie à l'élévatio n
montagnarde.
Cette déploration élégiaque ren
contre la sensibilit é du temps.
" Le
public entendi t un e âme sans la voir
[ ...
].
Depu is
j.-j.
Rousseau, Bernar din
de Saint-Pierre et Chateaub r ian d,
c'était le poète qu'il
attendait», écrira
Lamartine dans sa
Préface de 1849.
Dif
fus, infusés dans de multiples textes,
les thèmes favoris de ces années post
impériales se trouvent concentrés dans
un mince volume (ce nt dix-huit
page s).
La critique salue ces "poèmes [qui] plaisent aux âmes sensibles, par
les acc ents de la pa ssion , de la mélan
colie et de la douleur ,.
(le Journal des
déb ats, 1er avril), et ce poète qui a
« senti qu'il fallait rechercher l'inspira
tion
à sa véritable source : dans les
idées religieuses ,.
(Journal de Paris,
13 mars).
Lamartine a réussi son pari :
faire descendre la poésie du
Parnasse et
donner à la Muse «les fibres même du
cœur de l'homme , to uch
ées et émues
par les innombrables frissons de
l'_âme
et de la nature " (Préface).
Peut-êtr~ l'originalité réside-t-elle
d'abord dans l'u sage du
mot «méd ita
tion "· Genoude définit le terme dans
son Avertissement :
« Ce sont les épan
chements tendres et m élancoliques des
sentiments
et des pensé es d 'un e âme
qui s'abandonne à ses vagues inspira
tions.
Quelques -
un es s'élèvent à des
sujets d'une grande hauteur, d'autres
ne sont, pour ainsi dire, que des sou-.
»
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