Médée

« «Il n'est rien qui soit plus à plaindre que nous, les femmes.

» ~-------EXTRAITS Lamentation de Médée sur la condition des femmes MÉDÉE De tout ce qui respire et qui a conscience il n'est rien qui soit plus à plaindre que nous, les femmes.( ...

) Entrant dans un monde inconnu, dans de nouvelles lois, dont la maison natale n'a rien pu lui apprendre, une fille doit deviner l'art d'en user avec son compagnon de lit.

Si elle y parvient à grand­ peine, s'il accepte la vie commune en portant de bon cœur le joug avec elle, elle vivra digne d'envie.

Sinon, la mort est préférable.

Car un homme, quand son foyer lui donne la nausée, n'a qu'à s'en aller, pour dissi­ per son ennui, vers un ami ou quelqu'un de son âge.

Nous ne pouvons tourner les yeux que vers un être unique.

Médée décide de tuer ses enfants MÉDÉE Puisque, à tout prix, il faut qu'ils meurent, c'est moi qui vais les tuer, moi qui leur ai donné la vie.

Tout est accompli.

Trop tard pour un revire­ ment.( ...

) A moi de suivre le chemin du suprême malheur, d'en ouvrir à mes fils un plus funeste encore.

Je veux leur dire adieu.

,; Au moment de passer à l'acte, sa main tremble MÉDÉE Mes enfants, donnez votre main droite, que votre mère l'embrasse.

Ô main chérie, bouche chérie, ô beauté, ô noblesse des traits de mes enfants.

Soyez heureux.

Mais ce sera ailleurs, votre bonheur ici votre père l'a rendu impossible.

Contact délicieux, tendre peau, douce respiration de mes enfants ...

Rentrez, rentrez, je ne puis plus soutenir votre vue.( ...

) Je suis vaincue, c'est trop de malheurs.

Je sais devant quel crime je me trouve mais la colère emporte mes résolutions.( ...

) Une vision tragique de la condition humaine LE SERVITEUR Qu'est-ce qu'un mortel ? Rien qu'une ombre.

(.

..

) Le bonheur n'est pas fait pour nous les mortels.

La fortune a flux et reflux, favorisant celui-ci, celui-là.

Mais qui est heureux ? Personne.

«C'est moi qui vais les tuer, moi qui leur ai donné la vie.

» NOTES DE L'EDITEUR des appels vers un Univers, lointain, inaccessible.» Jacqueline de Romilly, Introduction à l'édition d'Euripide au Livre de Poche.

« Le char du Soleil qui l'emporte au dernier moment la restitue au monde fabuleux auquel Euripide l'avait arrachée pour une heure.

( ...

) Un bélier à toison rousse gardé par un dragon l'a livrée aux ténèbres de l'inconscient.

( ...

)Elle en sort par une vengeance atroce qui la châtie elle-même Médée fut joué au printemps en 431 av.

J.-C.

Quelques mois plus tard, les Spartiates dévastaient l' Attique.

La guerre du Péloponnèse avait commencé.

Au temps des héros avait succédé celui des victimes.

«Le monde d'Euripide est un monde triste.

Les désastres ne s'y inscrivent plus dans un grand élan de confiance religieuse ou morale.

Des enfants souffrent, des vieillards pleurent.

Et de partout fusent «La force et le mystère tragique, c'est à Eschyle qu'il convient de les demander.

L'héroïsme et la grandeur de la destinée humaine, c'est Sophocle qui nous les dit.

( ...

)La tragédie d'Euripide s'est repliée sur l'homme et sur ses misères : elle débouche sur l'inquiétude.

» Ibid.

la toute première.( ...

) Mais le char lumineux l'emporte vers une vie libérée où les tourments qui l'étouffaient depuis son départ de Colchide cessent de la poursuivre.

» Marie Delcourt-Cuvers, édition d' Euripide au Livre de Poche.

1 buste d'Euripide, British Museum I Roger-Viollet 2, 3, 4 illustrations tirées du Grand Livre de la mythologie, éd.

des Deux-Coqs-d'Or, 1978 /Paris, Bibliothèque des arts décoratifs EURIPIDE03. »