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MAXIMES, PENSÉES, CARACTÈRES ET ANECDOTES de Nicolas de Chamfort (résumé)

Publié le 13/11/2018

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MAXIMES, PENSÉES, CARACTÈRES ET ANECDOTES

 

Nicolas de Chamfort. 1795.

 

Chamfort s’inscrit, avec ses aphorismes, dans la grande tradition des moralistes français; il la renouvelle cependant par une expression poétique dense, où la métaphore est contractée jusqu’à l’ellipse, et par un arrière-plan lyrique profond. Si ses traits d’esprit visent un peu conventionnellement les écrivains, les prêtres, les femmes du monde et la noblesse courtisane, Chamfort recherche en fait la face cachée des comportements et condamne l’avilissement, les contradictions ou l’absurdité de la société. On discerne dans ses Maximes l’impossibilité de choisir entre une nostalgie empreinte de rous-seauisme et un goût de l’énergie poussé jusqu’au nihilisme.

 

♦ Une carrière littéraire médiocre, jalonnée de pièces de théâtre et de poèmes, et une ascension sociale difficile conduisent Chamfort (1740-1794) à condamner une société dont il adopte pourtant allègrement les modes et les plaisirs. 

« MAXIMES, PENSÉES, CARACTÈRES ET ANECDOTES.

Fragments de Nicolas de Chamfort, pseudonyme de Sébas­ tien-Roch Nicolas (1740-1794), publiés par Ginguené dans le tome IV des Œuvres complètes de Chamfort, à Paris à l'Imprimerie des sciences et des arts, en 1795.

Certains éditeurs, notamment P.

Grosclaude (Imprimerie nationale, 1953), ont préféré le titre Produits de la civilisation perfectionnée, qui figure, suivi du plan général de l'œuvre, sur l'un de ces fragments.

Au fil des découvertes successives, le nombre de fragments aujourd'hui connus avoisine les mille quatre cents.

La plupart des éditeurs se conforment au classement opéré par Ginguené d'après les indications données par le« fragment­ titre » : Première partie.

Maximes et Pensées.

Deuxième partie.

Caractères.

Troisième partie.

Anecdotes.

Ginguené a divisé la première partie selon les rubriques suivantes : « Maximes générales» : « De la société.

des Grands.

des riches, des gens du monde » : « Du goût pour la retraite et de la dignité de caractère » : « Pensées morales » : « Des femmes.

de l'amour, du mariage et de 'la galanterie»; i. < Des savants et des gens de let­ tres»; «De l'esclavage et de la liberté»; «De la France avant et depuis la Révolution ».

Amas­ sés jour après jour à partir de 1780, lorsque Chamfort renonce à sa carrière de qramaturge, et destinés.

d'après Ginguené, à former les maté­ riaux d'un « grand ouvrage » à venir, ce sont des textes courts, de quelques mots à une vingtaine de lignes.

Le discours gnomique des Maximes est fortement modalisé : la cible de Chamfort n'est pas l'homme en général, mais la société de son temps.

Quant aux Caractères et Anecdotes, ils consis­ tent en microrécits · satiriques, éventuellement dialogués, dont les héros sont parfois nommés, et le plus souvent cachés sous des initiales -tel ce « M », omniprésent, qui ressemble beaucoup à Chamfort lui-même.

On ne possède aucune indication précise sur le « grand ouvrage» annoncé par Ginguené.

Cependant le pluriel du titre probable (Produits de la civl1isation perfection­ née) et l'intitulé de Parties permettent de suppo­ ser que Nicolas de Chamfort aurait conservé la forme fragmentaire.

quitte peut-être à réduire certaines contradictions, ·lesq uelles sans doute résultent pour une part de 'l'inac hève men t de l'œuvre et de la longueur du temps de rédaction, mais sont aussi constitutives d'un esprit divisé contre lui-même et haïssant par-dessus tous les certitudes et les systèmes.

La société décrite par les Maximes a une apparence : celle d'une « civilisa­ tion perfectionnée » où courtisans, femmes du monde, gens �e lettres et gens d'Église coexistent harmonieuse­ ment.

Elle a une réalité, .cene · èl'un puzzle humain dont l'éclatement même du texte renvoie l'image, où l'Histoire se fragmente en historiettes, la morale en conformismes, la littéra­ ture en mots d'esprit, champ clos où se déroule sans trêve « la lutte de mille petits intérêts opposés, une lutte éter­ nelle de toutes les vanités qui se croi­ sent, se choquent, tour à tour blessées, humiliées l'une par l'autre» (frag­ ment 214).

Dans ce « b�anle,.

unive�­ sel, seul diffère le degré de lucidité des acteurs : d'un côté les «sots », qui sui­ vent avec une stupide inconscience les codes prescrits, et cela tout simplement parce que « les hannetons ne savent pas l'histoire naturelle » ( 44) ; de l'autre, les «comédiens», qui maîtri­ sent ces règles au point de faire oublier qu'ils jouent.

Nul ne peut échapper à l'alternative, ni par la vertu - « Il faut qu'à la longue l'homme le plus hon­ nête devienne comédien malgré lui ,.

(125) -, ni par la fuite, car on est sou­ vent contraint. »

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