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MAUPASSANT Contes de la bécasse

Publié le 02/01/2020

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L’ancrage réaliste dans la campagne normande
Un portrait de groupe pittoresque. La nouvelle s’ouvre sur une messe dans une église de campagne en plein mois de juillet. L’assemblée est décrite en plongée depuis la chaire du prêtre. Ainsi, l’auteur ne représente pas des individus mais des groupes vus du dessus et désignés par leurs attributs les plus visibles de ce point de vue : « au-dessus des bonnets blancs des paysannes et des cheveux rudes ou pommadés des paysans » (p. 97). De même, plus que les fermières, ce sont leurs « grands paniers » (ibid.) qui sont identifiés. Enfin, le vent qui s’engouffre dans l’église soulève « les longs rubans des coiffures » (ibid.). Le public est en nombre, mais reste indifférencié grâce à l’usage du pluriel et à la mention de détails physiques ou vestimentaires qui sont autant de marqueurs sociaux. L’assemblée présente aussi la caractéristique commune de sentir mauvais sous l’effet de la chaleur d’un jour de juillet, et la métaphore filée de l’animal permet de rattacher les membres de la communauté à leurs activités : « une odeur de bétail, un fumet de troupeau » (ibid.).
La simplicité d’une famille de paysans normands. L’épisode de la messe est immédiatement suivi par celui d’un repas de famille dans une ferme normande, comme le suggère le toponyme « Fourville » (p. 98), inventé par Maupassant sur le modèle de villages normands réels. Le cadre, une « chaumière » dans un « hameau » (ibid.), est décrit dans toute sa simplicité. Les parents n’ont pas de noms et sont seulement désignés par les mentions « le père » ou « sa femme » (ibid.). Le mobilier se réduit à peu de choses : un buffet et une table. Le repas prouve lui aussi la simplicité du mode de vie de ces paysans, puisqu’il s’agit d’une soupe aux choux dont l’odeur particulièrement forte est exprimée par l’adjectif concret « pleine » (ibid.).
Le réalisme des paroles rapportées. Qu’il s’agisse des paroles du curé ou de celles des paysans, elles sont rapportées au discours direct, qui permet de rendre sensible l’appartenance des personnages à leur milieu. Le curé s’exprime en homme simple qui doit aussi être compris d’une assemblée sans éducation. Si l’on relève peu de fautes de grammaire
Pour autant, malgré la simplicité apparente de l’écriture, Contes de la bécasse se révèle un recueil plus complexe et plus sombre que d’autres. Il peut surprendre ou dérouter par sa cruauté, mais aussi par la conduite des différents récits dans lesquels il est parfois difficile d’identifier une chute. Par ailleurs, certaines nouvelles, telles « Ce cochon de Morin » (p. 41-55) ou « Un coq chanta » (p. 151-157), reposent sur l’implicite et l’ellipse. Ce recueil constitue donc une porte d’entrée idéale dans le réalisme, le XIXe siècle et le récit bref.
le spectateur aura plus de mal à identifier son époux. On peut supposer qu’il s’agit du jeune homme en face d’elle, bien mis et portant une fleur à la boutonnière. Dans ce cas, l’homme qui trinque avec la mariée pourrait être son père.
L’illusion d’une scène prise sur le vif. Le choix d’une scène d’extérieur et les attitudes des personnages donnent l’impression d’une scène prise sur le vif (par exemple, la petite fille qui joue au premier plan à gauche). Compte tenu des dimensions importantes du tableau (255 * 355 cm), il est évident que Fourié ne l’a pas peint en plein air, contrairement à ce que pourraient nous faire croire les reflets de la lumière sur la table et les convives. Il a certainement utilisé une photographie. Or, même si les techniques avaient déjà évolué, permettant de saisir un mouvement avec netteté, elles exigeaient encore un temps de pose assez long. Le naturel n’est donc ici qu’une illusion et rapproche l’art du peintre de celui de l’écrivain réaliste.
♦ Comparaison entre Flaubert et Maupassant
Des points communs
Flaubert. Madame Bovary, Dossier, p. 216-220.Maupassant, « Farce normande », p. 89-95.
Arrivée de la noce«Le cortège qui ondulait dans la campagne, le long d’un étroit sentier» (p. 217). « [L]es mariés venaient ensuite, les parents, les amis tout au hasard, et les enfants restaient derrière, s’amusant à arracher les clochettes des brins d’avoine » (p. 217).« La procession se déroulait dans le chemin creux ombragé par les grands arbres poussés sur les talus des fermes » (p. 89). «Les jeunes mariés venaient d’abord, puis les parents, puis les invités, puis les pauvres du pays, et les gamins qui tournaient autour du défilé » (p. 89).
Lieu« C’était sous le hangar de la charreterie » (p. 217).« La table était mise dans la grande cuisine » (p. 91).
Abondance des plats« [Qjuatre aloyaux, six fricassées de poulets, du veau à la casserole, trois gigots et, au milieu, un joli cochon de tait rôti, flanqué de quatre andouilles à l’oseille »(p. 217-219).« « Entre chaque plat on faisait un trou » (p. 91).

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« r r ~ Le premier, intitulé « La Bécasse », rappelle le dispositif du Décaméron de Boccace, dans lequel chaque nouvelle serait prise en charge par un narrateur différent au sein d'une assem­ blée qu'il faut divertir.

C'est encore une fausse piste: les nou­ velles mettant en scène un narrateur ne sont pas majoritaires et sortent du cadre initial posé par «La Bécasse».

Quant à la chasse, elle n'occupe que cinq récits sur les dix-sept que compte le recueil.

L'unité doit donc être recherchée ailleurs, notamment dans la tonalité des récits.

Dans son «Prière d'insérer» (Présen­ tation, p.

11), Maupassant considérait la gaieté de son recueil comme un argument de vente.

De fait, les nouvelles témoignent de l'humour de leur auteur ; beaucoup reposent sur des situa­ tions grivoises ou comiques, mais la gaieté voisine avec l'humour le plus noir, voire une franche cruauté.

Certaines nou­ velles parues dans la presse ont d'ailleurs été récrites pour en accentuer la noirceur (p.

25).

Celle-ci est tempérée par certains récits plaisants, mais la plupart témoignent d'un regard pessi­ miste sur la nature humaine.

Pourquoi, dès lors, proposer le recueil Contes de la bécasse à l'étude en classe de seconde ? Deux nouvelles, «La Peur» (p.

79-87) et «Aux champs» (p.

141-149), figurent parmi les plus connues et les plus étudiées au col­ lège.

Mais elles le sont en dehors de leur inscription dans un recueil qui reste par ailleurs méconnu dans la production de son auteur.

En témoigne la Bibliographie (p.

245-248) qui lui est consacrée, peu fournie en comparaison d'autres recueils.

Si les élèves ont eu l'occasion d'étudier Maupassant en classe de quatrième dans le cadre du questionnement « La fiction pour interroger le réel » à travers des nouvelles réalistes ou fantas­ tiques, ils n'en ont souvent qu'une vision parcellaire qui mérite d'être approfondie.

Le fait de le retrouver en seconde peut les rassurer et leur permettre de mesurer en même temps tout ce que le lycée leur apporte de nouveau dans la maîtrise de la lecture littéraire.

L'analyse d'un recueil de Maupassant s'inscrit par ailleurs pleinement dans l'objet d'étude de seconde «Le roman et la nouvelle au XIX" siècle: réalisme et naturalisme».

Il paraît en effet plus facile à lire qu'un roman de Balzac ou de Flaubert, et offre aux élèves la possibilité de découvrir les principes et les enjeux du réalisme avant d'aborder l'étude d'une œuvre plus ardue pour eux.

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