MARIAMNE (LA) de Tristan L’Hermite (résumé)

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)MARIAMNE.

Tragédie en 5 actes et en vers de Tristan l'Hermite (1601-1655), jouée à Paris en 1636, au Théâtre du Marais.

Son héros n'est autre .

que cet Hérode.

fils d'Antipater.

roi de Judée, qui, chassé de son pays, ·parvint un jour à y rentrer grâce aux légions de Rome, à s'y maintenir par la terreur et à se faire haïr d'autant du peuple d'Israël.

En face de ce .tueur insigne, voici la fille de maison royale dont il vient de · faire son épouse.

après l'avoir renduê orpheline de père : la pudique, l'intrépide et la belle Mariamne.

Quant à l'intrigue.

elle est réduite à sa plus simple expression : Hérode aime Mariamne jusqu'à l'idolâtrie.

Maître de son corps, il veut être celui de son âme.

C'est là que tout se gâte.

Sa femme s'est promis, en effet.

de le tenir en échec ; il s'épuise donc en travaux, en prières.

en chansons.

Plus il.

s'acharne et moins il est payé de retour.

Cette résistance opiniâtre finit par le mettre hors de lui.

Bien qu'il sache que Mariamne est irréprochable dans sa conduite.

il la soupçonne tantôt de vouloir l'empoisonner.

tantôt d'intriguer pour le perdre.

tantôt de lui être infidèle.

De guerre lasse.

il lui arrache la vie.

Bien entendu, ce meurtre ne fera.

qu'ouvrir un champ plus libre à sa terrible pas­ sion.

Par le biais du remords, tout devient pour Hérode un escalier de misère dont il parcourt les .

degrés avec l'allure d'un fou achevé, mille fois plus malheureux que sa victime.

comme il se doit.

· « Pendant un acte entier (note Marcel Arland), c'est le plus étonnant exemple de pas­ sion délirante qui ait jamais paru sur le théâtre)), Tragédie de l'échec, il s'en faut qu'elle se place dans un cadre héroïque : rien que l'atmos phère -oppressante de la cour de Jérusalem où il se machine toujours quelque chose dans l'odeur du sang.

On sait que, dans Mariamne.

Tristan· l'Hermite s'est inspiré d'une tragédie d'Alexandre • Hardy parue un quart de siècle plus tôt (1610).

Qu'importe.

puisque Tristan est de cent coudées au-dessus de son modèle.

En effet.

d'une tragédie rudimentaire, brutale et empêtrée dans la rhéto­ rique la plus fumeuse, il sut faire une œuvre propre à annoncer des temps nouveaux.

Dans la Mariamne de Tristan.

apparaît non seulement un certain pathétique.

mais une étude plus fine des caractères.

une lumière plus naturelle et une harmonie toute nouvelle : en bref.

tout ce qui contient en germe l'univers de Jean Racine.

Étant, par essence, un poète de l'amour (« Tris- .

tan qui chante comme un ange », disait Scarron), notre auteur pouvait se mesurer avec pareille tragédie, où l'on surprend quelques-uns des plus beaux cris de passion que le théâtre français ait fait entendre avant Racine.

Témoin ce vers : « Je trouve que mon sang coule parmi tes pleurs », ou cet autre : « La rose de sa bouche est pour jamais fermée », Voici comment s'énonce l'héroïne de Tristan : « Qu'Hérode m'importune ou d'amour ou de haine -On me verra toujours vivre et mourir en reine » : plus loin : « Le temps qui met au jour la vérité cachée -Fera voir ma vertu qui ne fut :voint tachée », Ne croirait-on pas déjà entendre la voix· d'Andromaque ? Ma­ riamne, dont le succè�� balança celui du Cid (*) de Pierre Corneille; est la première tragédie fran­ çaise qui fasse son objet essentiel de l'étude d'une • passwn.. »