Marcel PROUST : Jean Santeuil
Publié le 07/09/2012
Extrait du document
Jean Santeuil, écrit au galop, n'a jamais été revu par son auteur. Les répétitions de mots, les négligences de style y sont évidentes. Ce manuscrit n'est qu'une tentative pour trouver le chemin d'un roman, les balbutiements d'un génie naissant qui se cherche. La transposition, toujours nécessaire au romancier, est ici à peine commencée. Jean Santeuil apparaît bien plus naïvement autobiographique que la Recherche.
«
Photo Ta ll/ Sipa-lco no
L es initial es M.
G.
dés ig nent le peintr e
C on s tantin Gu ys (1805-1892 ).
Bau delair e le découvre
e n 1 859 , se pro cure
s es d essins et en fait
so n compa gno n d e "d ébau ch es ".
L' ano ny mat a pour but de
pr ése r ver ce lui- ci d e
/'indi scré tion.
Le livre
Une réflexion théorique , des exemples pittoresques
E
n une suite d'instantanés, Baudelaire esquisse une théorie
du
"beau artistique " : dépassement du passé par le présent ,
compromis entre 1 ' élément éterne l, le respect des règles et
l'élément relatif, l'ancrage dans le transitoire.
Cet alliage para
doxal entre le poétique et 1 'historique a pour nom la modernité
et trouve à s'exprimer dans
la beauté particulière du dandy -
celle de son désintéressement-, du
militaire- sa simplicité
ou de la femme- modèle d'harmonie.
En d'autres termes, la
modernité privilégie l'artifice, mis en jeu dans
la mode vesti
mentaire ou dans le maquillage, en tant que dépassement de la
nature.
Dans cette perspective,
le peintre est la meilleure incar
nation de l'artiste moderne: homme du monde , enfant curieux
et émerveillé , miroir réflecteur de la foule,
il peint d'après sa
mémoire, et non d'après le modèle , en faisant la part belle à
l'imagination.
C'est l'occasion pour le critique pictural de ren
dre hommage à un contemporain, M.
G., dont les dessins, par
la diversité de leurs motifs -ga leries de so ldats, de femmes, de
dandy s, scènes de fêtes , de guerres , de
courses- ont su réaliser
le pari de
la modernité.
Romantisme et réalisme
L
a critique est prétexte , pour Baudelaire , à se situer dans le
débat littéraire de la moitié du XIX e siècle : romantisme et
formalisme, ou bien réalisme et positivisme? En dénonçant les
excès de
"l'art pour l'art" , il se rattache à la modernité, c'est-à
dire à l'élargissement social de l'écriture et au dépassement de
tout dualisme .
C'est ainsi que le peintre, par le culte du mouve
ment , échappe tout à la fois à l'épanchement sentimental et au
fixisme de la beauté éternelle .
C 'est ainsi également que le
beau se veut une conte station têtue du vrai .
Comme pour
confirmer tout cela, l'écriture baudelairienne devient transpa
rente pour épouser les contours des dessins décrits et vérita
blement les animer..
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