Manuscrit trouvé à Saragosse du comte Jean Potocki (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
Publié le 24/10/2018
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Manuscrit trouvé à Saragosse.
Roman du comte Jean Potocki (Pologne, 1761-1815), publié partiellement sous ce titre à Saint-Pétersbourg en 1804-1805; rééditions à Paris chez Gide fils en 1813, sous le titre Avadoro, histoire espagnole par M.L.C.J.P., et chez le même éditeur en 1814, sous le titre Dix Journées de la vie d'Alphonse Van Worden. Roger Caillois donna en 1958 chez Gallimard une édition qui reprenait environ un quart du texte. Enfin, René Radrizzani établissait en 1989 la première version intégrale qui rassemblait l'Avertissement, les journées 1 à 66 et l'Épilogue, ainsi qu'une version différente de la journée 47.
Commencé en 1797, initialement conçu en « décaméron », le roman progressa lentement (la journée 56 fut achevée au plus tard en 1812). Construit en apparence selon le principe des récits à tiroirs, multipliant protagonistes et points de vue, le Manuscrit cumule tous les genres narratifs dans un cadre unifiant. Entre le modèle des Mille et Une Nuits ou du Décaméron de Boccace, soit des textes dont le cadre reste formel, et celui de Don Quichotte ou de *Gil Blas, où domine un récit principal intégrant des histoires secondaires, Potocki réalise un nouvel équilibre qui fonde l'originalité de ce roman à la fois méconnu et allègrement pillé au xixe siècle, en particulier par Nodier, dont les Aventures de Thibaut de La Jacquière, parues dans Infemaliana (1822), viennent tout droit des Dix Journées. Aujourd'hui redécouverte, cette oeuvre malaisément classable se voit enfin attribuer la place qu'elle mérite.
Se présentant comme un document déposé en 1765 dans une cassette de fer, et découvert en 1809 lors du siège de Saragosse par un officier de l’armée napoléonienne qui se le fait traduire de l'espagnol (Avertissement), le roman narre d’abord l'histoire centrale d'un jeune capitaine aux gardes wallonnes, Alphonse Van Worden, de père flamand et de mère espagnole. Traversant la sierra Morena infestée de brigands, de contrebandiers et de bohémiens, il va y subir une succession d’épreuves de nature initiatique.
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1804-1805; rééditions à Paris chez
Gide
fils e n 1813, so us le titre Avadoro,
histoire
es pagnole par M.L.C .J.P., et chez
l e même éditeur
en 1814, sous le titre
Dix fournées de la vie d'Alphonse Van
Worden.
Roger Caillois donna en 1958
chez Gallimard une éd ition qui repre
nait environ un quart du texte.
Enfin,
René Radrizzani établissait
en 1989 la
première version intégrale qui rassem
blait l'Avertissement , les journées
1 à
66 et l'Épilogue, ainsi qu'une version
différente de la journée
47.
Commencé en 1797, initialement
conçu en
« déca méron », le roman pro
gressa lentement (la journée 56 fut
achevée au plus tard
en 1812).
Construit en apparence selon le prin
cipe des récits
à tiroirs , multipliant pro
tagonistes et poin ts de vue, le
Manuscrit cumule tous les genres narra
tifs dans
un cad re unifiant.
Entre le
modèle des Mille et Une Nuits ou du
Décaméron de Boccace, soit des textes · dont le cadre reste formel, et celui de
Don Quichotte ou de *Gil Blas, où
domine
un récit principal intégrant des
histoires secondaires,
Potocki réalise
un nouvel équilibre qui fonde l'origi
nalit é de ce roman
à la fois méconnu
et allègrement pillé au
x1xe siècle, en
particulier par Nodier, dont les Aventu
res de Thibaut de La /acquièr e, parues
dans
Inf emaliana {1822), vienne nt tout
droit des Dix Journées.
Aujou r d'hu i
redécouverte, cette œuvre malaisément
classable se vo it
enfin attribuer la place
qu'elle mérite.
Se présentant comme un document déposé en 17 65 dans une cassette de fer , et décowert en 1809 lors du siège de Saragosse par un officier • de l'armée napoléonienne qui se le fait traduire de l'espagnol (Avertis sement ), le roman narre d'abord l'histoire centrale d'un jeune capit aine aux gardes wallonnes, Alphonse Van Worden, de père flamand et de mère espagnole.
Traversant la sierra Morena infestée de brigands, de contre · bandiers et de bohémiens, il va y subir une suc cess ion d'éprewes de nature initiatique.
Entra nt
dans la désertique et volcanique vallée de Los Hermanos, il voit l es corps pendus de deux frères qui furent de fameux brigands.
Seul, épu isé, il par vient à une maison abandonnée.
Une négresse l'invite chez deux sœurs fort belles, Em ina et Zib bedé, de la fam ille maure des Gome lez.
qui se révè lent être ses cousines.
Elles lui anno ncent qu'elles l'attendaie nt et qu'elles possèdent le secret des trésors maure s d'Es pagne, secret qui lui sera livré s'i l les épouse dans la foi musu lmane.
Après une nuit d'amour, i l se réveille sous les cadavres des pendus.
Horrifié, il repart et ren
contre le « démon iaque Pacheco », qui, victime de la même mésaventure, en garde la terreur Qoumées 1 et 2).
Constamment repris, ce thème se retrouve dans un jeu de miroirs, où reparais sent les mêmes lieux.
les mêmes rencontres.
les mêmes réve ils effrayants.
Au terme d'éprewes au cours desquelles il doit pénétrer dans les entra illes de la terre· pour en extraire de l'or, Alphonse aura pour récompense richesse, hon neurs.
deux femmes et des enfants.
Aux aventu res d'Alphonse se comb ine une autre histoire cadre, celle du che ikh de Gomelez destiné à devenir le Mahdi, noweau Messie chargé de faire trio mpher la vraie relig ion .
Vieill i, affa ibli, ce chef de société secrète cherche un hérit ier ; il a orchestré tous les événements , et son histoire occupe les journé es 62 à 66.
Cependant.
au moment même où Alphonse parvient au bon heur, une exp losion dévaste le souterrain aurifère (dans l'~pilogue, véritable strette finale où se récapitule nt les récits antérieurs).
S'insèrent en outre dans le roman de multiples histo ires seco ndaires, mises en scè ne chargées d' impress ionner Alphonse : ainsi celles de Pache co, du cabaliste (9), de Rébecca ( 14 ), du juif errant (21.
22 31-36 , 38, 39, 46), ou de le divertir , comm e celles de Zoto (5-7) et surtout le roman picaresque du chef bohém ien Avadoro ou Pandesowna ( 12.
13, 15- 18, 20-36, 47, 48, 52, 54-61 ).
histoires entremêlées d'autres récits dus à des voyageurs, comme le géomètre Velasquez , un autre Gomelez ( 19, 23-25), ou Torres Rovella (41-45) e t de récits emboîtés: Thibaud de La jacqu ière ( 1 0), Giul io Romati ( 12- 13), Marie de Torres ( 15-17) -
Si le plan initial établissait une symé
trie entre l
es deux sujets principaux,
répartition qui se retrouve dans le texte
final, le procédé essentiel consiste à
traiter chaque récit comme matrice.
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