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MANUEL, Épictète - résumé de l'oeuvre

Publié le 27/09/2018

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MANUEL,
Épictète, vers 50-vers 125.
 
Cinquante-trois maximes liées à la vie quotidienne — les bains, le marché, les
repas, le stade — forment le texte attribué à Epictète et composé après sa mort par un disciple: Flavius Arrien, déjà rédacteur des Entretiens (dont le Manuel serait l’abrégé). Destiné à des «progressants» aspirant à devenir philosophes, l'Enchiridion (traduit par «manuel» ou «poignard») a été comparé par Simplicius (vie siècle) à «un poignard qu’il faut toujours avoir à sa portée et dont il faut que ceux qui veulent bien vivre soient toujours prêts à se servir».
 
Le point de départ de l’ouvrage demeure la distinction opérée par Zénon de Citium entre les choses qui dépendent de nous (nos jugements, nos tendances, nos désirs, nos aversions) et les choses qui ne dépendent pas de nous (notre corps, la richesse, la célébrité, le pouvoir). Le malheur des hommes vient de ce qu’ils prennent à tort les secondes pour les premières. Ainsi ce ne sont pas les choses elles-mêmes (la maladie, la mort) qui sont à craindre, mais le jugement erroné que nous portons sur elles. En revanche, la liberté est acquise à celui qui n’a «ni attrait, ni répulsion pour rien de ce qui dépend des autres».
Adapté par les ermites chrétiens du mont Sinaï, le Manuel a été remis en vogue au xvie siècle par les protestants, puis par les catholiques.

« I.

— VIE D'EPICTÈTE Epictète naquit en Phrygie, à Hiéropolis.

La bassesse de son origine nous a dérobé la connaissance de son nomvéritable.

Epictète, en effet, n'est pas le nom propre de ce philosophe, c'est le nom de son état, esclave; car ilnaquit dans l'esclavage et fut acheté, dans la suite, par l'affranchi de Néron, Epaphrodite.

On raconte qu'un jour, cedernier, maître dur et cruel, s'amusait à torturer la jambe de son esclave, celui-ci l'avertit plusieurs fois qu'il allait lalui briser.

Il la brisa, en effet, et Epictète se contenta de lui faire celle remarque : « Je vous avais bien dit que vousme la casseriez.

»Rendu plus tard à la liberté, Epictète vécut assez longtemps, à Rome.

Divers témoignages nous apprennent que sasagesse était si connue que les gens les plus considérables avaient recours à ses conseils, et que, sans égard pourleur qualité ou leur dignité, il parlait à tous avec beaucoup de liberté et de franchise.

Il vivait pauvrement,remplissait avec zèle les devoirs de l'amitié et se montrait fort compatissant pour les malheureux.Par suite de ledit de Domitien qui chassa de Rome tous les philosophes, Epictète se relira à Nicopolis, en Epire, où ilcontinua d'enseigner avec succès.

L'enthousiasme qu'il excita fut si grand qu'à sa mort, un de ses admirateurs payatrois mille drachmes, la lampe de terre qui avait éclairé ses veilles.Epictète n'a rien écrit par lui-même; son disciple, Arrien, nous a conservé son enseignement dans huit discours ouentretiens, qui résument les leçons d'Epictète à Nicopolis. II.

— LE MANUEL D'EPICTÈTE. Le Manuel d'Epictète est un petit livre formé des principales maximes de ce philosophe.

Ces maximes ont étéextraites, à ce dessein, de ses discours, par son disciple Arrien.

Ce recueil est écrit en grec.

Dans la pensée dudisciple, cet ouvrage devait être comme un poignard aux mains du sage.Les maximes qui composent ce Manuel ne sont pas présentées dans un ordre suivi.

Mais, comme dit Simplicius, «quoiqu'elles soient distinguées par articles, elles composent ensemble un seul et même art, qui est celui de réformerla vie humaine, et elles n'ont qu'un seul et même but, qui est d'exciter l'âme à conserver sa dignité, et à ne faireque les actions qui lui sont propres.

»Selon Epictète et les stoïciens, le vrai bien du sage consiste dans la possession de la liberté par la vertu.

Mais cetteliberté n'est pas le pouvoir de se déterminer; elle consiste à se confondre avec la volonté qui dirige tout, c'est-à-dire à s'identifier avec la nécessité.

Rien ne troublera l'ataraxie du sage, s'il ne désire que ce qui doit arriver, s'il sesoumet d'avance à ce qui se produira nécessairement.

« Ne demande point que les choses arrivent comme tu lesdésires, mais désire qu'elles arrivent comme elles arrivent, et tu prospéreras toujours.

» (VIII.) Cette liberté, ouplutôt cette immobilité de l'homme retiré en lui-même, est, en effet, la cause de toutes les jouissances que le sageest en droit d'espérer; elle peut tirer le bien de tout.

« Pour moi, il n'y a que d'heureux présages, si je veux; car,quoi qu'il arrive, il dépend de moi d'en tirer un fort grand bien.

» (XVIII).C'est sur ce principe fondamental que repose toute la doctrine d'Epictète.La première règle à suivre, c'est de savoir distinguer les choses qui dépendent de nous, et celles qui n'en dépendentpas, afin de ne désirer que ce qui dépend de nous, et de ne rien vouloir de ce qui dépend des autres.

Epictète nousprésente cette distinction dès le début du Manuel, et il y revient sans cesse.

« De toutes les choses du monde, lesunes dépendent de nous, et les autres n'en dépendent pus.

Celles qui en dépendent sont nos opinions, nosmouvements, nos désirs, nos inclinations, nos aversions; en un mot, toutes nos actions.

Celles qui ne dépendentpoint de nous, sont le corps, les biens, la réputation, les dignités ; en un mot, toutes les choses qui ne sont pas dunombre de nos actions.

Les choses qui dépendent de nous sont libres par leur nature, rien ne peut ni les arrêter., nileur faire obstacle; et celles qui n'en dépendent pas sont faibles, esclaves, dépendantes, sujettes à mille obstacleset à mille inconvénients, et entièrement étrangères.

» (I.)Cette distinction est de la plus haute importance, car « si tu prends pour libres les choses qui de leur nature sontesclaves, et pour tiennes en propre celles qui dépendent d'autrui, tu trouveras partout des obstacles, tu serasaffligé, troublé, et tu te plaindras des dieux et des hommes.

Au lieu que si tu prends pour tien ce qui t'appartient enpropre, et pour étranger ce qui appartient à autrui, jamais personne ne le forcera de faire ce que tu ne veux pas, nine t'empêchera de faire ce que tu veux ; tu ne te plaindras de personne; tu n'accuseras personne; lune feras rien,pas la plus petite chose malgré toi; personne ne te fera aucun mal, et tu n'auras point d'ennemi, car il ne t'arriverarien de nuisible.

»Telle est la règle principale dont tout le reste du Manuel n'est, pour ainsi dire, qu'une application.

Mais Epictète l'aexagérée au point de méconnaître les choses les plus estimables et de défendre l'attachement aux biens les pluslégitimes.

« Si dans le voyage de la vie, on te donne une femme, un enfant, tu peux les prendre; mais si le patront'appelle, il faut courir au vaisseau et tout quitter, sans regarder derrière loi.

» (VII.) « Ne dis jamais sur quoi que cepuisse être : J'ai perdu cela ; mais : Je l'ai rendu.

Ton fils est mort : tu l'as rendu.

Ta femme est morte; tu l'asrendue.

» (XI.)Il faut se conduire dans la vie comme dans un festin.

«On avance un plat vers toi; étendant ta main avec décence,prends en modestement.

Le retire-t-on ? ne le retiens point.

N'est-il point encore venu ? n'étends point loin tondésir, mais attends qu'il arrive enfin de ton côté.

Uses-en de même avec des enfants, avec une femme, avec lescharges et les dignités, avec les richesses et tu seras digne d'être admis à la table même des dieux.

» (XV.) Etrangeconfusion des personnes et des choses qui met sur le même rang la fortune et la famille, sous ce futile prétexte queles uns et les autres ne dépendent pas de nous!A côté de ces applications qui n'ont d'autre but que d'étouffer les sentiments les plus nobles, on trouve les maximesles plus élevées sur les jugements de la multitude, sur le mépris des distinctions, sur la nécessité de ne se troublerde rien, etc.Dans l'impossibilité où nous sommes de citer toutes les belles pensées qu'on trouve dans le Manuel d'Epictète, nous. »

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