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MANON LESCAUT. Héroïne du roman de l’abbé Prévost

Publié le 23/10/2017

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MANON LESCAUT. Héroïne du roman de l’abbé Prévost qui porte son nom (1731). « Manon : Sphynx étonnant », s’écriait Musset dans des vers demeurés célèbres. En cela, il s’est trompé. Manon n’a nul secret. C’est par là précisément qu’elle déconcerte, et peut-être même qu’elle attire. Dès l’abord nous sommes séduits par une créature en qui se manifeste aussi spontanément l’exclusif souci de plaire. Une frivolité, à ce point déclarée, atteint presque au degré de l’innocence. Après tout, la passion de s’amuser, l’ardeur et l’enivrement, chaque jour retrouvés, d’un premier bal, ce sont des grâces d’extrême jeunesse qui sont plus rares qu’on ne le pense. C’est par une insouciance, ou plutôt une inconscience folle, qui lui permet aussi bien d’ignorer le danger qu’elle court, que la distinction à établir entre le bien et le mal, que Manon s’impose à nous. A quel milieu appartient Manon ? Nous serions en peine de le préciser. On nous dit seulement qu’elle est «d’une naissance commune» — à la différence du chevalier Des Grieux qui, lui, est homme de qualité. — Quand elle nous apparaît pour la première fois, dans cette cour de l’hôtellerie d’Amiens, où vient de la déposer le coche d’Arras, nous serions tentés de l’imaginer vertueuse, cette jeune provinciale, qu’escorte un vieil homme, chargé par sa famille de la faire entrer au couvent. Mais bien vite, à constater avec quelle facilité elle acquiesce au projet d’enlèvement de Des Grieux, nous comprenons que, pour n’avoir que seize ans, Manon n’en est pas moins fort peu farouche. Manon, du reste, ne fait pas mystère de confier à Des Grieux que c’est pour tenter d’entraver une «pente au plaisir», déjà fortement déclarée, qu’on vou-

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