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Manifestes du surréalisme, d'André Breton

Publié le 24/01/2019

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Manifestes du surréalisme, ouvrage d'André Breton, recueillant ses écrits programmatiques (1965). Le Manifeste du surréalisme (1924) n'était, initialement, qu'une préface à Poisson soluble, une suite d’historiettes, comme il les qualifie, sacrifiant à l’écriture automatique. Sous l'impulsion du groupe, qui se cherche un nom et qui éprouve le besoin de se rassembler derrière une bannière, il devient un écrit théorique, non dépourvu de lyrisme et d'exaltation, marquant officiellement la naissance du surréalisme. Défendant les droits de l'imagination, il dénonce toutes ses entraves, au premier chef le réalisme et la logique cartésienne ; à quoi il oppose le rêve (et la théorie freudienne du rêve) et le merveilleux (« Tranchons-en : le merveilleux est toujours beau, n'importe

 

quel merveilleux est beau, il n'y a même que le merveilleux qui soit beau »). Appelant l'homme à « maintenir à l'état anarchique la bande chaque jour plus redoutable de ses désirs », il lui demande de pratiquer la poésie. Puis il relate le chemin suivi ; l'histoire de la découverte individuelle et collective de l'automatisme, sa dénomination. La définition du surréalisme, en forme de notice de dictionnaire, est suivie d'une liste des membres du groupe et de celle de tous ceux qui participent de son esprit. Ces énumérations assorties d'exemples entraînent la désignation du champ d’activité qu'il s’attribue : « Le langage a été donné à l'homme pour qu'il en fasse un usage surréaliste. » Spontanéité, dialogue, images amènent la question fondamentale : qui parle à travers et par ce langage? Le surréalisme ne s'appliquera à l'action humaine qu'au prix d'une rupture avec le monde, sous forme de distraction ou de non-conformisme ; il n'est pas question de révolution mais de « guerre d'indépendance ». Le Second Manifeste du surréalisme, publié par la Révolution surréaliste (décembre 1929), puis augmenté en volume (1930) d'une confrontation des opinions contradictoires de ses adversaires, est avant tout une tentative de recentrage, en rejetant les compromissions, l'aliénation, auxquelles s'exposait le mouvement, du côté mondain comme du côté politique. Si l'on écarte « les inutiles violences » dues aux conflits internes que connaissait alors le mouvement, on peut y voir un approfondissement théorique, un retour à l'hégélianisme et à son dépassement par le matérialisme historique, une volonté d'orienter le mouvement en tenant d'une main le fil de Freud, de l'autre celui de Marx, de résoudre les problèmes sociaux sans renoncer à la résolution « des problèmes de l'amour, du rêve, de la folie, de l'art et de la religion ». Le surréalisme se donne pour tâche de surmonter les antinomies et d'atteindre le « point suprême » : « un certain point de l'esprit d'où la vie et la mort, le réel et l'imaginaire, le passé et le futur, le communicable et l'incommunicable, le haut et le bas cessent d’être perçus contradictoirement ». Sur la voie de la révolte, il ne se reconnaît aucun ancêtre, à l'exception de Lautréamont. Parmi ses amis, il écarte ceux qui sont soumis à la gloire artistique (Artaud, Masson, Soupault, Vitrac), de même que ceux qui se sont soumis à l'autorité du parti communiste dont il suspecte la qualification morale. Le surréalisme doit traiter le problème « de l'expression humaine sous toutes ses formes ». Il critique l'usage fait de l’automatisme, par manque de rigueur (Desnos), salue la constance d'un Tzara, et, se rapprochant des doctrines hermétiques, demande « l'occultation profonde et véritable du surréalisme ». En 1942, aux États-Unis, Breton s'interroge sur le devenir du surréalisme et sur les conditions de sa permanence : ses Prolégomènes à un troisième manifeste du surréalisme ou non constatent l'effondrement général des valeurs. Il appelle une critique de tous les systèmes, y compris le marxisme et la psychanalyse, refusant toute explication univoque du réel. Après un intermède prophétique, dans le ton du Père Duchesne, il observe des raisons d'espérer et détermine le besoin d'un nouveau mythe social, celui des « Grands Transparents » auxquels il faudrait « donner l'occasion de se découvrir ». Le recueil des Manifestes rassemble également la Lettre aux voyantes (1925), Position politique du surréalisme (1935), Du surréalisme en ses œuvres vives (1953).

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« n'apercevra que tardivement le caractère étatique et répressif.

Dans le même temps, plusieurs surréalistes optent pour la littérature, que le mouvement tendait moins à épurer qu'à liquider.

4 Avec ceux qui refusent la révolution (Roger Vitrac), la révolution identifiée· au bolchevisme (Antonin Artaud), l'austérité créatrice (Philippe Soupault), Breton consacre la rupture.

Sa rec'herche d'une unité fondamentale ne se prolonge pas en un • surréalisme social " mais s'attache, par référence à Hegel, à un • point de l'esprit " où s'abo­ liraient les contradictions .

La défense d'une pureté malai­ sée dans l'ambiguïté même où le mouvement se situe par rapport à la culture et au bolchevisme incite Breton , par une première série de rapprochements avec l'ésotérisme, à demander • l'occultation profonde, véritable, du sur­ réalisme"· 5 Ëcrits en 1942, les • Prolégomènes ..

marquent initiale­ ment la défiance de Breton envers toute Idéologie.

L'inhu­ manité du stalinisme lui fait souhaiter, des chefs d'une révolution future intégrale, une capacité de faire enfin passer l'homme • avec armes et bagages du cOté de l'homme "· Mals, poussant plus loin le sens de l'ésotérisme, par une démarche qui avait été auparavant celle d'Artaud, il se demande s'il ne faut pas déceler, dans ce qui se manifeste à l'homme par la peur et le sentiment du hasard, l'action d'êtres hypothétiques : les grands transparents, à qui il conviendrait de donner l'occasion de se découvrir.. »

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