Devoir de Philosophie

MALRAUX: La Condition humaine (Fiche de lecture)

Publié le 19/11/2010

Extrait du document

malraux

Comme naguère sur le mur blanc, le fanal projeta l'ombre maintenant très noire de Katow sur les grandes fenêtres nocturnes ; il marchait pesamment, d'une jambe sur l'autre, arrêté par ses blessures ; lorsque son balancement se rapprochait du fanal, la silhouette de sa tête se perdait au plafond. [...] Tous levèrent la tête : la porte se refermait. Un bruit de respirations profondes, le même que celui du sommeil, commença à monter du sol : respirant par le nez, les mâchoires collées par l'angoisse, immobiles maintenant, tous ceux qui n'étaient pas encore morts attendaient le sifflet.

malraux

« Les communistes se sont alliés au Kuomintang, mais ils se partagent en deux tendances politiques : — celle de la politique soviétique inspirée par Staline qui veut s'allier aux forces locales de Tchang Kaï-Chek, dans unpremier temps, pour ensuite le combattre et établir le communisme. — celle de Chou En-Lai, représenté par le personnage de Kyo dans le roman, qui est inspiré par les idées de Trotskyet prépare l'insurrection de Shangaï en refusant toute compromission avec le Kuomintang.

C'est à cette tactiqueque va la sympathie d'André Malraux.

La Condition humaine raconte le drame de cette insurrection prématurée, la victoire de Tchang Kaï-Chek et la répression qui s'abat sur les communistes.

En 1949, Mao Tse-Toung réussira ceque Kyo espérait, la réforme agraire et l'amélioration des conditions de vie du prolétariat urbain. 3.

L'HÉROÏSME ET LA MORT Le roman met en scène trois héros révolutionnaires ; Tchen, Katow et leur chef Kyo organisent et arment leursgroupes de combattants communistes.

Tchen est un jeune Chinois engagé dans le terrorisme sous l'influence del'enseignement marxiste de son professeur français Gisors.

Kyo est le personnage central du roman ; fils de Gisors,c'est un métis qui a quitté son père très tôt pour partager la vie des prolétaires.

Son idéal est clair: «Sa vie avait un sens : donner à chacun de ces hommes que la famine faisait mourir comme une peste lente lapossession de sa propre dignité.» Katow est un vieux militant qui a participé à la Révolution russe.

Son expérience et son amitié soutiennent Kyo.

Onle sent prêt à tous les sacrifices et sa générosité s'affirme dans la scène capitale du don du cyanure à la fin duroman. Mais l'armée de Tchang Kaï-Chek se rapproche.

Les trois héros se rendent alors à Han Keou, une ville déjà occupéepar les communistes, pour savoir quelle conduite adopter.

Les membres soviétiques du Parti leur annoncent quel'alliance avec Tchang Kaï-Chek ne peut être remise en question. De retour à Shangaï, Kyo refuse de rendre les armes et tous s'apprêtent au combat.

Tchen se jette avec unebombe sous la voiture de Tchang Kaï- Chek ; il meurt, mais cet attentat est vain, car le général n'était pas dansson automobile.

Kyo est arrêté peu après et emprisonné, ainsi que Katow.

Les représailles de Tchang Kaï-Chek vontêtre terribles : les communistes sont condamnés à mort et doivent être jetés vivants dans la chaudière du train blindé des troupes. Kyo décide alors de se suicider en avalant une capsule de cyanure.

Katow, lui, donne sa dose personnelle de poisonà deux de ses compagnons épouvantés et il subit cette mort atroce. 4.

UN ROMAN TRAGIQUE La Condition humaine t st une fresque de la misère et de la grandeur.

La structure du roman est rigoureuse comme celle d'une tragédie.

L'action est concentrée sur deux fois deux jours.

La première et la deuxième parties du romanmettent en scène la victoire provisoire des communistes à Shangaï.

La troisième partie, qui occupe une placecentrale dans le roman, se passe à Han Keou et présente une réflexion sur les buts et les moyens de la Révolution.La quatrième et la cinquième parties décrivent la défaite des communistes, à Shangaï, et leur condamnation à mort,qui se place dans la sixième partie du roman.

Un épilogue conclut le récit. Les scènes d'action et de réflexion alternent dans cette oeuvre intense et équilibrée, construite sur des séquences,comme un film.

D'autres procédés cinématographiques sont sensibles dans l'écriture ; gros plans, notations précisesdes images, contrastes de l'ombre et de la lumière accompagnent la marche de Katow au sacrifice : «Comme naguère sur le mur blanc, le fanal projeta l'ombre maintenant très noire de Katow sur les grandes fenêtresnocturnes ; il marchait pesamment, d'une jambe sur l'autre, arrêté par ses blessures ; lorsque son balancement serapprochait du fanal, la silhouette de sa tête se perdait au plafond.

[...] Tous levèrent la tête : la porte serefermait.

Un bruit de respirations profondes, le même que celui du sommeil, commença à monter du sol : respirantpar le nez, les mâchoires collées par l'angoisse, immobiles maintenant, tous ceux qui n'étaient pas encore mortsattendaient le sifflet.» Mais la phrase peut aussi être vive, d'un rythme bref, accordée aux situations intenses d'où naissent les dialogues.Car le récit naît du point de vue des personnages, avec lesquels l'auteur s'identifie successivement.

Une forme demonologue intérieur est très fréquente et exprime l'intériorité des personnages.

Ainsi débute le roman : «Tchen tenterait-il de lever la moustiquaire ? Frapperait-il au travers ? L'angoisse lui tordait l'estomac ; ilconnaissait sa propre fermeté, mais n'était capable en cet instant que d'y songer avec hébétude.» Trois héros sont les symboles des formes d'action possibles : Tchen, le terroriste désespéré épris d'absolu ; Katow,le révolutionnaire généreux ; enfin Kyo, le héros et la conscience de l'insurrection.

Mais d'autres finalités à l'actionhumaine sont offertes dans ce roman, représentées par différents personnages : la sagesse et le scepticisme del'intellectuel Gisors, le père de Kyo ; la passion de l'art du peintre japonais Kama ; le dévouement professionnel deMay, médecin et femme de Kyo.

En revanche, d'autres attitudes sont sévèrement condamnées par Malraux:. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles