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MALEBRANCHE : Entretiens sur la métaphysique et la religion

Publié le 14/10/2013

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À ce stade de la recherche philosophique, il n'est toujours pas question du dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, encore moins du Christ, mais bien du dieu des philosophes, c'est-à-dire de la cause première. Comment expliquer les rapports de causalité de l'âme et du corps, voire des corps entre eux ? Je suis piqué, je ressens une douleur : comment saisir cette relation il ne suffit pas de le comprendre de manière carté­sienne (6e Méditation) comme un avertissement, des­tiné à incliner l'âme à conserver son corps, ce serait apporter la cause finale pour la cause efficiente, antérieurement, il y a une liaison efficiente. Ceci explique cela, et non l'inverse. S'il n'y a pas d'efficace de l'esprit sur le corps et inversement, et même du corps sur le corps, ce sont des créatures, comment expliquer les rapports synthétiques que nous consta­tons, aussi bien en physique que dans la vie courante ? La condition peut paraître aberrante : les corps se meuvent, mon âme est unie à mon corps et le mot d'union suffit à expliquer bien des choses.

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« 466 GRADUS PHILOSOPHIQUE au-dessus de lui que Dieu, ni rien au-dessous que des corps 1 », dit la première phrase de la Recherche.

Point d'équivoque, donc, le Dieu de Malebranche n'est pas celui des philosophes, mais celui, religieux, de saint Augustin, et la recherche de la vérité n'est pas celle d'une vérité indépendante de la religion chrétienne et indifférente à celle-ci, mais tout au contraire chrétienne.

Limitation, car restriction confessionnelle? Non, universalisation, car toutes les autres vérités ne sont que des ombres unilatérales, ou des mirages dangereux, par rapport à cette raison universelle unique du Verbe incarné, par laquelle il faut commencer si l'on veut aboutir, ou à laquelle il faut arriver, si l'on ne veut pas s'arrêter en chemin, et donc errer.

Voyez Descartes.

Il ne faut certes pas le mépriser en l'ignorant, comme le font encore certains, jusqu'en Sorbonne ! Il représente un progrès certain par rap­ port aux anciens, qui, en païens ignorants de Jésus­ Christ qu'ils étaient, n'ont pu s'empêcher d'huma­ niser la nature, et donc de l'idolâtrer.

Mais « M.

Descartes était homme comme les autres, sujet à l'erreur et à l'illusion, comme les autres ».

La raison? Il n'a pas su, ni voulu poursuivre l'effort : « Que s'il se fût encore davantage détaché de ses sens, s'il eût été encore moins engagé dans le monde, et s'il se fût encore plus soigneusement attaché à la recherche de la vérité, il est certain qu'il aurait poussé plus loin les sciences qu'il a traitées ...

2 » Descartes a en ce sens négligé l'essentiel, car « Jésus-Christ n'est pas venu nous apprendre les mathématiques, la philosophie, et les autres vérités qui par elles-mêmes sont assez inu­ tiles pour le salut 3 • » Descartes non pas inutile et incertain en général, mais négligent sur ce qui importe : la morale, plutôt la vraie morale, celle de l'Évangile, sans laquelle la philosophie ne vaut pas une !.

La Recherche de la vérité, éd.

de 1ï12.

2.

Co11versatio11s chrétie1111es, l 68ï, VII, éd.Vrin, p.

164.

3.

Ibid., p.

166.. »

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