MALADE IMAGINAIRE (Le) de Molière (Résumé)

MALADE IMAGINAIRE (Le). C’est la dernière comédie de Molière (Jean-Baptiste Poquelin. 1622-1673), donnée par lui-même et la « Troupe du Roi «. sur son propre théâtre, au Palais Royal, le 10 février 1673. Molière destinait cette pièce aux fêtes de la cour, données à l’occasion du retour de Louis XIV victorieux après la guerre des Pays-Bas. Dans le « Prologue « qui la précède, il déclare que le projet de cette comédie avait été conçu pour « délasser l’auguste monarque de ses glorieux travaux «. Aussi le Malade imaginaire est-il introduit par une « Églogue en musique et en danse, où des bergers ét des bergères chantent les louanges du souverain et le retour de la paix. D’ailleurs, la comédie elle-même, comme beaucoup de pièces de Molière, est une « comédie meslée «, c’est-à-dire coupée de ballets qui servent d’intermèdes. Cependant le Malade imaginaire ne fut jamais représenté devant le roi qui ne le demanda pat. C’est que Molière, après avoir longtemps collaboré avec Lulli, s’était brouillé avec lui. Celui-ci venait d’obtenir d’assez exorbitants privilèges et un quasi-monopole sur la musique dans le royaume, qui lui donnait pratiquement droit de regard sur l’ensemble de la production dramatique. Dès lors Molière se détacha de Lulli, mais il ne fut pas le plus fort et il est certain que le Florentin nuisit gravement à son ancien ami dans l’esprit de Louis XIV. Toujours est-il qu’il fit quelque difficulté pour autoriser la musique du Malade imaginaire qui avait été écrite par le musicien Marc-Antoine Charpentier.

 

On ne connaît guère pour le Malade imaginaire que des emprunts de détail bien insignifiants, encore les critiques ne sont-ils pas tous d’accord sur ces emprunts ; c’est pourquoi on s’est demandé si, en l’absence de modèles, Molière ne s’était pas mis lui-même en scène. Cette Idée fut lancée dès les premières représentations par Le Boulanger de Chalussay, ennemi de Molière, qui l’avait mis en scène dans sa comédie Èlomire hypocondre ou Les médecins vengés (1670), à laquelle le Malade imaginaire semble bien répondre. Il est certain que la santé de Molière était à cette époque bien altérée et qu’il n’a eu que trop l’occasion d’approcher des médecins et d’en saisir les ridicules, dont son théâtre nous donne une si pittoresque collection ; de plus. Molière se savait incurable, d’où une rancune accrue contre ceux qui ne pouvaient le guérir. Ici, il ne se moque donc plus seulement du corps médical, mais de lui-même, comme s’il avait voulu se rassurer en pensant que ses maux n’étaient qu'imaginaires. Ils ne l’étaient malheureusement pas. Après la première représentation.

Molière Joua encore le rôle les 12 et 14 février. Le 17 février, peu avant la quatrième représentation, il aurait dit à sa femme : « Je sens bien que je finis. Il joua la pièce en entier, mais pendant la cérémonie burlesque qui la termine, il fut pris d’une convulsion qu’il dissimula. Transporté chez lui, il eut un crachement de sang et mourut peu après dans les bras d’Armande Béjart. On sait que celle-ci eut toutes les peines du monde à obtenir pour lui la sépulture en terre chrétienne et qu’il fallut l'intervention du roi pour autoriser un enterrement nocturne et presque clandestin. Le Malade imaginaire connut un très grand succès et eut de nombreuses éditions en 1674 et 1675 ; toutefois il fallut attendre l’édition collective des Œuvres par La Grange (1682) pour en avoir le texte définitif. Le Malade imaginaire est une comédie en trois actes.