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Mademoiselle de Maupin. Roman de Théophile Gautier (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)

Publié le 25/10/2018

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Mademoiselle de Maupin. Roman de Théophile Gautier (18111872), publié à Paris chez Renduel en 1835.
Œuvre à part entière, la « Préface » de Mademoiselle de Maupin, comme celle de Cromwell (1827), fait date dans l'histoire littéraire. Le ton enlevé, perfide ou caustique, s'il révèle un brillant polémiste - Gautier sera un redoutable chroniqueur -, ne doit pas dissimuler l'importance du propos théorique. Certes, le texte est né d'un désir de riposter aux attaques du Constitutionnel accusant l'auteur d'immoralité pour son article de janvier 1834 réhabilitant Villon; certes, il paraît au moment où Thiers réintroduit la censure contre les drames romantiques. Mais à travers les bien-pensants, premières cibles accusées d’emblée de tartufferie, il s'agit d'atteindre tout ce qui peut entraver la liberté créatrice. Les arguments se retournent contre l'adversaire pudibond : le péché est dans le regard obscène, non dans un art a priori innocent. Pour les autres ennemis à pourfendre, les « critiques utilitaires », la réponse est aussi claire : « Un drame n'est pas un chemin de fer. » Ce qui conduit insensiblement vers une théorie de l'art pour l'art : « Rien de ce qui est beau n'est indispensable à la vie », voire : « Tout ce qui est utile est laid. » L'art, par définition non assujetti à la morale ou à l'utilité, échappe à la notion de progrès pour ne s'allier qu'à celle du plaisir, « car la jouissance me paraît le but de la vie ». Il ne reste plus à l'auteur qu'à égratigner les journalistes « progressifs » et « blasés », à montrer l'inutilité des journaux « utiles », avant enfin de donner forme à cet idéal de liberté, de beauté et de volupté, en offrant un roman dont l'élaboration fut difficile, et qui s'inspire d'un personnage réel, une belle cantatrice du xviie siècle, impeccable duelliste et aventurière à panache.
Au terme de cet apprentissage, un constat : l'irrémédiable séparation des sexes, voués chacun à l'imperfection. L'idéal s'incarne à l'inverse dans une androgynie assumée grâce au travestissement par Madelaine de Maupin, et rêvée par d'Albert qui décèle en celle-ci « ces deux beautés si égales et si différentes qui n'en forment plus qu'une supérieure à toutes deux » (9). Cette notion doit à la fois à l'équivoque sexuelle goûtée par la littérature érotique du xviiie siècle dont s'inspire parfois Gautier, et au mythe platonicien teinté ici d'esthétisme préparnassien ; elle révèle, selon la formule de Michel Crouzet, le « passage de l'érotique à l'esthétique ». La « religion de la beauté » (8), qui est au cœur de la réflexion de d'Albert, reste donc, à l'image de l'androgyne, ambiguë : si elle se définit par le culte de l'« extérieur », elle est aussi, et comme malgré elle, aspiration à l'infini. «Je me suis désespérément cramponné à la matière », dit le jeune homme qui affirme privilégier la « beauté de la forme » (5), et c'est pourquoi la sculpture antique a tant d'importance : «J'ai regardé l'amour à la lumière antique et comme un morceau de sculpture... » (9). Mais l'idéal ne saurait aussi facilement s'inscrire dans la matière, et d’Albert, qui prétend « comprendre parfaitement l'inintelligible » (11), affirme que la beauté, pour lui, « c'est la Divinité visible », « le ciel descendu sur la terre » (5). On voit que le culte de la beauté formelle n'exclut pas les élans d'une spiritualité dont les accents exaltés ou

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« Théodore de Séra n nes, écrit à son a mie Graciosa pou r lu i d ire comme nt elle est partie, dé gui sée.

de ch ez elle afi n de d écowrir le vra i visag e çles ho mmes , et comm ent elle a dorm i dans une auberge près d'un charma nt cavali er.

D'A lb ert fait l 'é loge d 'o n théâ tre de f antais ie e t va joue r Comme il vou s plaira avec ses amis ; Théodore est si « belle » en R os ali nd e qu'i l lui écrit enfin u ne lettre d'amour ( 10-1 1 ).

Le prétendu cavalie r rac ont e à G ra ciosa co mment.

invit é chez Alc i­ biad e, son comp agno n d'a uberge, il a trop p lu à s a s œu r, Rosette , jeune e t ri che vewe qui l'a mis d a ns des situ ations f ort embarrass an t es ( 12).

Longu e lettre d'amou r de d'A lbert à Théodore­ Rosalinde ( 13).

Celle-c i d é cide de réco mp enser d'Albert qui lui pla ît, et se d onne à lui avant de le quitt e r en p assant par la cham bre de Rosette.

Une lettre de Madelaine apprend à d'Albert q u' elle a préféré le dépa rt à l'usure d e l'amour (14 - 17).

Il est peu de romans plus singuliers que celui-ci : s'il pèche parfois par invraisemblance (la jeune femme galante présentée à d'Albert dans les premiers chapitres ressemble peu à la Rosette éperdue d'amour de la suite), et si l'intrigue se noue bien tardivement, il possède au plus haut point la subti­ lité et la soupl esse de narration propres à Gautier.

À deux chapitres près (6 et 7) où le narrateur intervient directement, l'œuvre se présente comme un roman épistolaire, avec des missives qui trai­ tent de différents sujets et dont une seule, la lettre d'amour de d'Albert (13), est part ie prenante de la fiction.

Le reste, c'est-à-dire la plus grande par­ tie du roman, est plutôt commentaire de l'action, réflexions esthétiques et analyses psychologiques où se révèle un pessimisme teinté d'humour.

Madelaine de Maupin, support de l'action, très «paresseuse » selon elle, n'écrit que quatre fois.

Mais elle per­ met le surg iss e ment d'un petit roman d'éducation où l' on voit une jeune fille devenir une femme (et un homme!), traverser le déc or hypocrite du monde féminin pour affronter la crudité dissi- mulée d'un univers viril, dont la gros­ sièret é, la misogynie et la laideur vont l'emplir de mépris alors même qu'elle en acquiert triomphalement les valeurs guerrières.

Son itinéraire est celui d'une découverte parfois douloureuse , aboutissant à une connaissance sans illus i ons .

Au terme de cet apprentissage, un constat : l'irréméd iab le séparation des sexes, voués chacun à l'imperfection.

L'idéal s'incarne à l'inverse dans une androgynie assumée grâce au travestis­ sement par Madelaine de Maupin, et rêvée par d'Albert qui décèle en celle-ci « ces deux beautés si égales et si diffé­ rentes qui n'en forment plus qu'une supérieure à tout es d e ux» (9) .

Cette notion doit à la fois à l'équivoque s exuelle goûtée par la littérature éroti­ que du xvme siècle dont s'inspire par­ fois Gautier, et au mythe platonicien teinté ici d'esthétisme prépamassien; elle révèle, .

selon la formule de Michel Crouzet, le «passage de l'érqtique à l'esthétique» .

La «religion de la beauté » (8), qui est au cœur de la· réflexion de d'Albert , reste donc, à l 'image de l'androgyne, ambiguë : si elle se définit par le culte de l'" exté­ rieur>>, elle est aussi, et comme malgré elle, aspiration à l'infini.

«je me suis désespérément cramponné à la ma­ tière», dit le jeune homme qui affirme privilégi er la « beauté de la forme » (5), et c'est pourquoi la sculpture antique a tant d'importance : «j'ai regardé l'amour à la lumière antique et comme un morceau de.

sculpture ...

» (9).

Mais l'idéal ne saurait aussi facilement s'i nscrire dans la matière, et d'Albert, qui prétend « comprendre parfaite­ men t l'inintelligible » (11), affirme que la beauté, pour lui, «c'est la Divinité visible »,. »

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