Madame Bovary de Gustave Flaubert (Analyse)
Publié le 29/02/2020
Extrait du document
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brouillon.
Ratures, doutes, ajouts, réécritures : rivé à sa table de travail, Flaubert a vécu son roman comme unforçat une condamnation.
«J'ai exclusivement toute la semaine pioché ma Bovary ennuyé de ne pas avancer, écrit-ilà Louise Colet.
Je mène une vie âpre, déserte de toute joie extérieure, et où je n'ai rien pour me soutenir qu'uneespèce de rage permanente qui pleure quelquefois d'impuissance, mais qui est continuelle.
J'aime mon travail d'unamour frénétique et perverti comme un ascète».«Prends un sujet terre à terre, et astreins-toi à le traiter sur un ton naturel, presque familier, en rejetant lesdivagations...
» C'est ainsi, sur le conseil d'un ami voulant brider son lyrisme échevelé, que Flaubert écrivit MadameBovary.
Madame Bovary, c'est moi!Une phrase célèbre qui ressemble à une boutade, mais qui a soulevé de si nombreuses interprétations qu'on éprouvebien des difficultés à trancher la question.Pour certains exégètes, Flaubert avait ce don particulier «d'entrer» dans ses personnages.
Imagination oblige ! Il futtout autant Emma que le poète Jules ou Henri le sensuel dans sa première Education Sentimentale, ou mêmeBouvard et Pécuchet, ses derniers héros.
Flaubert fut littéralement possédé par son roman.
Et au terme de ses cinqannées de labeur, on ne s'étonne pas qu'il se soit identifié complètement à Bovary : «Quand j'écrivaisl'empoisonnement d'Emma Bovary, j'avais le goût de l'arsenic dans la bouche.
»Alors? Flaubert aurait-il vécu cette simple identification aux personnages imaginaires, comme tout écrivain qui serespecte? Ce serait négliger ce qu'on a appelé le «bovarysme de Flaubert»! Cette Emma qui ne renonce pas à sesrêves, qui refuse de se laisser engluer dans la médiocrité environnante, n'est-ce pas l'auteur lui-même? Depuislongtemps — il écrit dès l'âge de 9 ans — Flaubert s'est réfugié dans l'imaginaire L'art pour lui a remplacé la vie.
«Onme croit épris du réel, écrit-il, tandis que je l'exècre».
Et si Emma a cherché un ailleurs inaccessible, que fait-ild'autre, Haubert, avec ses voyages exotiques, ses Salammbô et ses voluptés orientales? Emma avait la foi desrêveurs, Flaubert la religion de l'art.
A chacun sa fuite...
L'auteurNé en 1821 d'une famille bourgeoise de Rouen — son père est médecin-chef à l'Hôtel-Dieu — Gustave Haubertéprouve dès ses 9 ans un besoin d'écriture.
A 16 ans, il est déjà l'auteur d'oeuvres originales, contes philosophiquesou fantastiques.
Il écrit son premier roman, Une Education sentimentale, en 1843 en s'inspirant d'une passionenfantine pour Mme Schlesinger et d'une brève rencontre d'hôtel avec une femme plus âgée, Eulalie Foucaud deLanglade.
Il se lie avec la poétesse, Louise Colet, avec qui il aura pendant des années une relation orageuse.En 1849, il termine La Tentation de saint Antoine puis voyage jusqu'en juin 51, visitant l'Egypte, la Syrie, laPalestine, Constantinople, la Grèce et l'Italie.
C'est au retour qu'il commence Madame Bovary.
Il s'évade ensuitedans un roman épique, Salammbô (1862), puis publie la deuxième version de L'Education sentimentale (1869) et deLa tentation de saint Antoine (1874).
Il succombe à une hémorragie cérébrale le 8 mai 1880, laissant inachevée sacélèbre épopée de la bêtise, Bouvard et Pécuchet.Succès littéraire mitigé de Madame Bovary! Si Baudelaire rend hommage à l'auteur, si Sainte-Beuve comparel'ouvrage aux comédies de Dumas fils...
d'autres en revanche ont la dent dure: Cassagnac compare Bovary à « untas de fumier» et le critique Aubineau dans le journal l'Univers le trouve «envahi par l'ordure»....
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