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Madame Bovary de Gustave Flaubert (Analyse)

Publié le 29/02/2020

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bovary
Madame Bovary de Gustave Flaubert (Analyse)
L'oeuvre
Charles Bovary, jeune officier de santé, marié à une femme plus âgée que lui, rencontre au cours d'une visite
médicale la fille d'un riche fermier, Emma Rouault. Elevée au couvent, elle a, par sa belle éducation, par ses lectures,
cultivé de grands rêves romanesques. Charles Bovary — devenu veuf — épouse Emma, mais très vite la jeune
femme est déçue par la monotonie de la vie que lui offre son mari.
Un dîner et un bal au château du marquis de Vaubyessard rendent son humble existence plus insupportable encore.
Emma succombe à une maladie nerveuse. Charles Bovary comprend qu'il «faut la changer d'air» et décide d'aller
s'établir à Yonville. Emma y rencontre un jeune clerc de notaire, Léon, qui, en dépit de sa timidité, lui fait une cour
discrète. Emma est prête à succomber... Mais lassé par cet amour qui lui semble inaccessible, le jeune Léon quitte la
ville. Et l'ennui revient hanter les longues journées d'Emma...
Elle se laisse bientôt séduire par Rodolphe, un homme peu scrupuleux qui connaît bien les femmes «Pauvre petite
femme ! pense-t-il, ça bâille après l'amour comme une carpe après l'eau sur une table de cuisine. » Devenue sa
maîtresse, Emma Bovary semble renaître. «Elle allait donc posséder enfin ces joies de l'amour, cette fièvre du
bonheur dont elle avait désespéré. Elle entrait dans quelque chose de merveilleux où tout serait passion, extase,
délire.. ».
Effrayé par les projets d'Emma qui veut partir très loin avec lui, Rodolphe l'abandonne. Emma se réfugie dans le
mysticisme. Plus tard, à Rouen, elle revoit Léon et devient sa maîtresse. Mais Emma depuis longtemps a laissé libre
cours à ses goûts de luxe et s'est endettée auprès d'un vieil usurier. Celui-ci la met bientôt au pied du mur et la
menace d'une saisie. Désespérée par la lâcheté de Léon et de Rodolphe qui refusent de l'aider, Emma ne voit pas
d'autre issue que le suicide: elle s'empoisonne avec de l'arsenic.
Charles Bovary, le brave homme, n'aura rien compris : «c'est la faute de la fatalité !» dira-t-il avant de succomber
de chagrin.
Un chef-d'oeuvre
Drame d'une femme qui rêve une vie qui n'existe pas et qui refuse de se soumettre à la monotonie, Madame Bovary
est aussi un réquisitoire contre la bourgeoisie de province engoncée dans la médiocrité et les conventions. Le
roman, reconnu comme le chef-d'oeuvre du réalisme de la littérature française, a pourtant une étrange genèse. Rien
dans le tempérament fougueux de Flaubert ne le portait à écrire cette oeuvre classique, toute en rigueur et en
sobriété.
En septembre 1849, Gustave Flaubert a 28 ans, il n'a encore rien publié, mais il vient de terminer sa première version
de La Tentation de saint Antoine, un drame épique, d'une écriture baroque où il a laissé libre cours à son
romantisme. Flaubert est fier de son travail. Pendant trois jours, il fait lecture de son manuscrit à Louis Bouilhet et
Maxime Du Camp. Le verdict de ses amis est impitoyable : le roman est un fatras illisible, impubliable ! Flaubert est
consterné. Ses amis lui conseillent d'écrire quelque chose de plus sobre, un roman où il éviterait tout lyrisme, un
roman de province, par exemple, bien réaliste... Et ils vont même jusqu'à lui proposer le sujet, un fait divers : un
médecin d'un bourg voisin, le docteur Delamare qui vient
bovary

« brouillon.

Ratures, doutes, ajouts, réécritures : rivé à sa table de travail, Flaubert a vécu son roman comme unforçat une condamnation.

«J'ai exclusivement toute la semaine pioché ma Bovary ennuyé de ne pas avancer, écrit-ilà Louise Colet.

Je mène une vie âpre, déserte de toute joie extérieure, et où je n'ai rien pour me soutenir qu'uneespèce de rage permanente qui pleure quelquefois d'impuissance, mais qui est continuelle.

J'aime mon travail d'unamour frénétique et perverti comme un ascète».«Prends un sujet terre à terre, et astreins-toi à le traiter sur un ton naturel, presque familier, en rejetant lesdivagations...

» C'est ainsi, sur le conseil d'un ami voulant brider son lyrisme échevelé, que Flaubert écrivit MadameBovary. Madame Bovary, c'est moi!Une phrase célèbre qui ressemble à une boutade, mais qui a soulevé de si nombreuses interprétations qu'on éprouvebien des difficultés à trancher la question.Pour certains exégètes, Flaubert avait ce don particulier «d'entrer» dans ses personnages.

Imagination oblige ! Il futtout autant Emma que le poète Jules ou Henri le sensuel dans sa première Education Sentimentale, ou mêmeBouvard et Pécuchet, ses derniers héros.

Flaubert fut littéralement possédé par son roman.

Et au terme de ses cinqannées de labeur, on ne s'étonne pas qu'il se soit identifié complètement à Bovary : «Quand j'écrivaisl'empoisonnement d'Emma Bovary, j'avais le goût de l'arsenic dans la bouche.

»Alors? Flaubert aurait-il vécu cette simple identification aux personnages imaginaires, comme tout écrivain qui serespecte? Ce serait négliger ce qu'on a appelé le «bovarysme de Flaubert»! Cette Emma qui ne renonce pas à sesrêves, qui refuse de se laisser engluer dans la médiocrité environnante, n'est-ce pas l'auteur lui-même? Depuislongtemps — il écrit dès l'âge de 9 ans — Flaubert s'est réfugié dans l'imaginaire L'art pour lui a remplacé la vie.

«Onme croit épris du réel, écrit-il, tandis que je l'exècre».

Et si Emma a cherché un ailleurs inaccessible, que fait-ild'autre, Haubert, avec ses voyages exotiques, ses Salammbô et ses voluptés orientales? Emma avait la foi desrêveurs, Flaubert la religion de l'art.

A chacun sa fuite...

L'auteurNé en 1821 d'une famille bourgeoise de Rouen — son père est médecin-chef à l'Hôtel-Dieu — Gustave Haubertéprouve dès ses 9 ans un besoin d'écriture.

A 16 ans, il est déjà l'auteur d'oeuvres originales, contes philosophiquesou fantastiques.

Il écrit son premier roman, Une Education sentimentale, en 1843 en s'inspirant d'une passionenfantine pour Mme Schlesinger et d'une brève rencontre d'hôtel avec une femme plus âgée, Eulalie Foucaud deLanglade.

Il se lie avec la poétesse, Louise Colet, avec qui il aura pendant des années une relation orageuse.En 1849, il termine La Tentation de saint Antoine puis voyage jusqu'en juin 51, visitant l'Egypte, la Syrie, laPalestine, Constantinople, la Grèce et l'Italie.

C'est au retour qu'il commence Madame Bovary.

Il s'évade ensuitedans un roman épique, Salammbô (1862), puis publie la deuxième version de L'Education sentimentale (1869) et deLa tentation de saint Antoine (1874).

Il succombe à une hémorragie cérébrale le 8 mai 1880, laissant inachevée sacélèbre épopée de la bêtise, Bouvard et Pécuchet.Succès littéraire mitigé de Madame Bovary! Si Baudelaire rend hommage à l'auteur, si Sainte-Beuve comparel'ouvrage aux comédies de Dumas fils...

d'autres en revanche ont la dent dure: Cassagnac compare Bovary à « untas de fumier» et le critique Aubineau dans le journal l'Univers le trouve «envahi par l'ordure».... »

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