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MADAME Bovary, de Gustave Flaubert

Publié le 23/01/2019

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MADAME Bovary, roman de Gustave Flaubert, publié dans la Revue de Paris en 1856, avant de sortir en librairie l'année suivante. La censure pointilleuse du second Empire s'alarma et fit poursuivre pour immoralité son auteur, qui fut d'ailleurs acquitté. La trame de l'action était cependant bien banale : une jeune fille de province, d'origine paysanne, mais élevée en « demoiselle » au couvent, croit échapper à sa condition en épousant un « officier de santé » médiocre, Charles Bovary. Très vite, elle déchante : son mari est un lourdaud, sans avenir ni imagination, et la platitude de sa vie écrase la romanesque Emma. Elle croit se consoler en trompant son mari, mais ses amants ne sont, eux aussi, que leurres. Couverte de dettes, désespérée, elle se suicide. Charles, qui a découvert par hasard son infortune, meurt de chagrin. L'histoire de ce fait divers n'est qu'apparence ; derrière cette non-existence, construite pas à pas, le « narrateur » se livre, dans ses contradictions mal assumées, ses amours et ses haines. Il détruit, par l'ironie, tout ce qui représente cette vie de petite province qui fut la sienne et à laquelle il tenait par toutes ses fibres, procédant, comme dans la plupart de ses romans et même, ce qui est cependant plus rare, de ses lettres, à une sorte d'autodestruction. Madame Bovary est l'« épopée » de la médiocrité et le suicide d'Emma pourrait bien n ôtre que celui de Flaubert, qui se reconnut un jour en elle. L'épilogue du roman, à travers le destin de deux personnages secondaires, est d'ailleurs emblématique : orpheline, la petite fille de Charles et d'Emma travaille pour gagner sa vie dans une filature de coton ; Homais l'apothicaire, incarnation de toute la bêtise et de la cupidité du siècle, reçoit « la croix d'honneur ».

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« 2.

les échanges complexes entre l'intérieur et l'extérieur, 3.

les techniques de la narration. I.

Le choix du cadre et la crise d'Emma 1.

Le cadre • La solitude — la mansarde est la pièce la moins fréquentée de la maison. — la fenêtre s'ouvre sur un paysage désert, avec la « pleine campagne » qui s'étale « à perte de vue » (l.

1-2) ;aucun passant sur la place vide.

Emma entend Binet sans le voir, grâce à sa situation élevée. • Le calme — le beau temps fige le paysage sous une lumière constante : ciel bleu (l.

20), pavés scintillants (l.

3). — l'absence de vent est notée par l'immobilité des girouettes (l.

3). • Un bruit habituel : le ronflement du tour, familier à l'héroïne, puisqu'il s'agit du loisir favori de son voisin. 2.

La crise Ce cadre permet de se concentrer sur un événement sentimental très important pour cette femme émotive.

Desmanifestations psychologiques et physiologiques intenses se déclarent. • Emma traverse une série de sentiments violents : colère (l.

7), passion amoureuse revécue par le souvenir (l.

8-9),désespoir qui pousse au suicide (l.

12-23), terreur devant son geste (l.

27-28). • Aux sentiments correspondent des réactions physiques spectaculaires : ricanements (l.

7), perte de consciencedu lieu et du temps (l.

7-8), battements de cœur précipités (l.

9-11), yeux hagards (l.

12), vertige (l.

17-23). Cependant le texte ne se borne pas à la description banale d'une tentative de suicide favorisée par la situationélevée.

Des liens complexes se nouent entre la femme et le paysage, permettant d'expliquer l'enchaînement desfaits. II.

Échanges complexes entre le monde extérieur et l'héroïne 1.

Le mouvement Au début de la crise, paysage et personnage sont immobiles et séparés l'un de l'autre par la fenêtre.

Mais bientôtl'émotion provoque une fusion entre les deux. • Emma entre peu à peu dans le tableau : d'abord simplement « appuyée contre l'embrasure » (l.

6), elle s'avance etregarde les pavés (l.

13-14), puis se tient « tout au bord, presque suspendue » (l.

19-20). • Mélange de l'inanimé et de l'animé : le vertige lui donne l'impression que tout bouge d'un mouvement ascendant etdescendant. — A l'extérieur la lumière monte « d'en bas directement » et la tire vers le sol (l.

16-17), la place même oscille ets'élève « le long des murs » (l.

18). — A l'intérieur le plancher tangue (l.

18-19).

Paradoxalement c'est la femme qui se retrouve immobile, « suspendue »(l.

20). • La fusion totale est opérée par l'intrusion du ciel, couleur et matière, dans le cerveau d'Emma vidé de toutepensée (« Le bleu du ciel l'envahissait, l'air circulait dans sa tête creuse », 1.

20-21) et de toute volonté (« ellen'avait qu'à céder, qu'à se laisser prendre », 1.

21-22).

L'initiative appartient désormais entièrement à la nature. 2.

le bruit Cet élément primordial accompagne la scène et cause sa fin. • Le ronflement encadre la crise : d'abord familier et fondu dans le cadre (l.

4-5), il commence avec l'arrivée d'Emma(« il partit...

» l.

4) puis devient un agent du vertige sous la forme d'une « voix furieuse » qui lance un appelpressant vers le bas (l.

23). • Il correspond au bruit intérieur : le rythme et l'intensité des battements du cœur, aux « intermittences inégales »(l.

11), ressemblent aux « modulations stridentes » du tour (l.

5).. »

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